Je ne sais plus trop comment cela s'est produit, mais je suis tombé sur une publication réseaux sociaux datant de 2019 annonçant l'i...

J'ai testé pour vous : les boîtes à livres (ô combien insolites) d'Eysines

Je ne sais plus trop comment cela s'est produit, mais je suis tombé sur une publication réseaux sociaux datant de 2019 annonçant l'installation de nouvelles boîtes à livres très originales à divers endroits de l'agréable commune d'Eysines, toutes répertoriées par ailleurs sur une carte disponible sur le site web de la municipalité. La plupart des boîtes à livres d'Eysines ont ceci de particulier qu'au lieu d'être de simples structures rectilignes en bois, chacune d'entre elles reflète son environnement et a été fabriquée de manière artisanale par les agents techniques de la ville. Inutile de dire que cela nécessitait bien un périple dominical ! 


Bien sûr, le principe de base de ces micro-bibliothèques publiques est simple : venez, feuilletez un peu, déposez idéalement un livre et, en retour, emportez-en un chez vous. Pour les besoins de ce projet, j'ai adapté cette règle au format de mon roadtrip, en apportant d'abord un livre au vivier, puis en sélectionnant à chaque bibliothèque un livre que je laisserais à mon prochain arrêt, formant ainsi une sorte de chaîne continue reliant les différentes boîtes à livre. Pour commencer, le livre que j'ai déposé dans la première boîte à livres était le très Invisible Bordeaux-friendly « Grandir à Bordeaux dans les années 1940 et 1950 » de Véronique Cardinal. Quelle œuvre allais-je rapporter chez moi dix arrêts plus tard ?



Ma première boîte à livres avait la forme d'un tramway d'époque de la ligne "Eysines Bourg", installé ici un peu avant la mise en service de l'arrêt actuel "Eysines Centre" de la ligne D du tramway. La bibliothèque était en bon état et proposait un bon choix de livres. C'était aussi ma première expérience du travail accompli par les équipes techniques d'Eysines : je me suis rendu compte que les charnières des portes contiennent un solide mécanisme à ressort, de sorte qu'une fois relâchées, les portes se referment automatiquement sur elles-mêmes. C'est très astucieux. J'ai échangé mon livre de Véronique Cardinal contre un classique de la littérature qui me ramènerait à mes années d'université : « Le Père Goriot » de Balzac. 



La deuxième étape s'est déroulée dans le verdoyant Bois du Derby, dont le nom pourrait éventuellement faire référence à l'hippodrome voisin. En forme d'arbre coloré, la bibliothèque se compose de deux petites maisons pour ranger les livres, l'une à hauteur d'adulte et l'autre à hauteur d'enfant.



Cette dernière était sinistrement vide... et les portes à ressorts étaient absentes. Pour une raison ou une autre, cela a réveillé le politique qui sommeille en moi et « Le Père Goriot » a ainsi été remplacé par « Un fantasme nommé Juppé » d'Anna Cabana.

La troisième boîte à livres était un peu plus difficile à trouver, située dans un ensemble résidentiel (les Cottages), à côté d'une aire de jeux pour enfants et d'un petit terrain de football. 


En dépit d'un avis manuscrit appelant à la bienveillance collective, cette bibliothèque avait manifestement connu des jours meilleurs... et était complètement vide, à l'exception d'un livre d'images pour enfants abîmé par les intempéries. J'ai préféré laisser les choses en l'état. 

Ensuite, direction la place Florale qui, un dimanche matin, est très animée car... c'est jour de marché ! Hourra ! J'ai donc été accueilli par une foule de personnes faisant le plein de denrées alimentaires à ce marché de Migron, le tout accompagné par une odeur de poulet rôti dans l'air et rythmé par un chanteur-guitariste interprétant de vieux airs de Bob Dylan dans un anglais approximatif. La boîte à livres de la place Florale est assez fabuleuse (bien qu'elle n'ait pas non plus sa porte de protection), en forme de vieille fourgonnette Citroën. S'agit-il d'une référence à une fourgonnette Citroën en particulier ou simplement d'une allusion aux camelots qui s'installent ici tous les week-ends ? 



En tout cas, le jour où j'y étais, il y avait des parallèles évidents avec le camping-car garé à côté qui vendait des plants de tomates ! Cette halte m'a également permis de voir pour la première fois une nouvelle œuvre d'art public remarquable, une sculpture en bronze signée Ibai Hernandorena représentant trois jeunes locaux qui sont en situation de handicap. L'œuvre intitulée « Jéremy, Germain et Olivier », que vous pouvez découvrir en cliquant ici, mériterait peut-être un article à part entière dans Invisible Bordeaux ! Je suis parti, désormais avec « Mars et Vénus sous la couette » de John Gray bien rangé dans mon sac. 



Je me dirigeais à présent vers le Bois Gramond, un agréable espace de verdure niché au milieu de rues résidentielles et bordé au nord-ouest par la Rocade. D'après ce que j'ai pu constater pendant mon court séjour, le parc est un peu le paradis des joggeurs et des promeneurs de chiens. Il abrite également la plus spectaculaire des boîtes à livres d'Eysines : une cabane avec des étagères bien garnies sur tous les côtés et une invitation à profiter du cadre à tout moment de l'année, chaque côté de la cabane évoquant l'une des quatre saisons.


Des hublots donnant sur le monde extérieur complètent le tableau. C'est vraiment très sympathique. J'ai échangé mon livre de thérapie sexuelle contre « Le théorème du perroquet » de Denis Guedj, simplement parce que j'aimais le titre et la couverture.

J'ai ensuite découvert une boîte à livres sur le thème du zèbre qui, comme son homologue des Cottages, était un peu plus difficile à trouver, cachée au milieu des parkings bondés du complexe résidentiel du Grand Louis. Une fois de plus, j'ai choisi de remonter le temps jusqu'à mes années d'étudiant en optant pour le « Huis Clos » de Sartre.   


Il y avait à peine 400 ou 500 mètres à parcourir avant d'atteindre la prochaine boîte à livres, simplement décrite sur le plan comme étant "à côté des écoles". Elle était en fait assez facile à localiser. Sa conception n'était peut-être pas des plus originales, mais elle offrait un avantage inattendu : une vue imprenable sur l'équipe de baseball locale, les Raiders, en plein match  


Après m'être momentanément laissé emporter par le jeu de balle, je me suis concentré sur ma prochaine lecture : « Sept années perdues » de George Bellairs.

Je me dirigeais à présent vers la "Maison Guy Queyroi", qui semble être une sorte de bâtiment polyvalent comprenant salles de réunion pour les associations locales et autres. Sa boîte à livres, qui se trouve à l'extérieur mais à l'abri des intempéries, est d'une conception très conventionnelle, mais ce qui manque d'originalité est plus que compensé en termes d'offre. Il s'agit manifestement d'un point névralgique pour le prêt et l'emprunt, et elle débordait littéralement de livres ce dimanche matin. J'ai opté pour un récit d'espionnage à la couverture un tantinet coquine : « À Bout de Patience » de Serge Laforest.



J'aurais très bien pu rater l'entrée de ma prochaine destination, le parc du Limancet. En passant devant la première fois, le portail métallique semblait non seulement fermé mais verrouillé. Ce n'est qu'en revenant sur mes pas que j'ai remarqué qu'il y avait heureusement un moyen tout à fait légitime de contourner le portail et d'entrer dans cet agréable espace boisé. Une fois à l'intérieur, je craignais d'avoir du mal à localiser la boîte à livres, mais je l'ai vite repérée, à côté d'une grande grange. Pas besoin d'être un personnage d'un roman d'espionnage de Serge Laforest pour remarquer la similitude entre les deux, la bibliothèque est en fait une version minuscule du bâtiment voisin !


Les livres exposés étant un peu décevants, j'ai finalement opté pour une histoire torride de la collection Harlequin "Série Tentation" : « Vos Désirs Sont des Ordres » de Lee Magner.       

Mon dernier arrêt était maintenant en vue, à l'aire de jeux pour enfants au cœur des grands espaces du domaine du Pinsan... qui a déjà fait son apparition sur le blog dans l'un de mes articles occasionnels sur les catastrophes aériennes. Le design coloré de cette dixième boîte à livres, avec ses grands yeux expressifs (bizarrement couronnés par des cils qui sont en fait placés au-dessus des sourcils du personnage) et ses deux rangées de dents pointues encadrant les deux étagères de livres, est tout à fait adapté aux enfants. La bibliothèque semble en colère, ou affamée, ou peut-être les deux.  


Une fois de plus, le choix de livres disponibles n'était pas extraordinaire, mais j'ai finalement opté pour « Un Taxi Mauve » de Michel Déon, un roman de 1973 qui se déroule en Irlande et qui a ensuite fait l'objet d'un film mis en scène par Yves Boisset. C'est donc le livre que j'allais ramener à la maison !

Ce voyage à la découverte des boîtes à livres d'Eysines était donc terminé mais, après ô combien de rebondissements en chemin (enfin, des rebondissements certes assez modestes), cette mission était bel et bien accomplie. Le bilan ? Certaines de ces boîtes à livres sont tout simplement exceptionnelles : les bibliothèques en forme de tramway et de camionnette sont des incontournables, et la cabane de lecture quatre saisons du bois Gramond est particulièrement splendide. D'autres, en revanche, mériteraient un petit coup de neuf (du côté de la résidence les Cottages, par exemple). Et, bien sûr, embarquer sur un tel itinéraire est aussi synonyme d'autres choses à voir sur le parcours : un joli marché du dimanche matin, la belle sculpture d'Ibai Hernandorena sur la place Florale, une partie haletante de baseball, puis la découverte du méconnu parc du Limancet... autant de découvertes en chemin tout simplement parce que j'étais à la recherche de quelques bibliothèques faites main !

Avis donc aux habitants d'Eysines (et d'ailleurs), sortez et profitez de ces curiosités, et chapeau aux équipes municipales qui ont conçu et fabriqué ces boîtes à livres on ne peut plus insolites. Bravo à eux ! 
 

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