Après avoir rencontré la guide touristique Marie Hallier lors de divers événements à Bordeaux, et ayant publié sur le blog son article ...

À la découverte de l’estuaire de la Gironde en compagnie de la guide Marie Hallier

Après avoir rencontré la guide touristique Marie Hallier lors de divers événements à Bordeaux, et ayant publié sur le blog son article au sujet de la couleur de la Garonne, elle m’a gentiment proposé de faire équipe avec Mike Foster du site Bordeaux Expats et de partir, le temps d’une journée, à la découverte de la rive droite de l'estuaire de la Gironde.

Ayant parcouru cette zone lors d’un récent périple à vélo, j’avais hâte de revenir et de visiter certains sites que j’avais peut-être manqués lors de mon premier passage. Avec Mike, nous étions également impatients de faire meilleure connaissance avec Marie, dont le terrain de jeu s’étend de la Charente-Maritime à Bordeaux, du Médoc au Bassin d’Arcachon, et qui est particulièrement reconnue comme une référence sur cette rive nord de l'estuaire de la Gironde et les alentours de Cognac. 

C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés près d’une sortie de l’autoroute A10, et avons pris place dans le monospace de Marie en direction de notre premier arrêt, Saint-Georges-de-Didonne, juste au sud de Royan. Ensemble, nous avons admiré le phare de Villières et le monument en pierre érigé en souvenir du raid commando de l’opération Frankton (thème récurrent sur le blog ces temps-ci). Nous nous sommes alors dirigés vers l’autre côté de la « Conche de Saint-Georges », à savoir la baie où la ville de Saint-Georges s'est développée, pour nous rendre à la pointe de Suzac, l'endroit même où se confondent l'estuaire de la Gironde et l'océan Atlantique. Cette fusion est quasiment palpable : Marie a indiqué la ligne dans les eaux où le marron caractéristique de la Gironde se transforme en bleu marin !

Voici donc la frontière entre l’estuaire et l’océan !
Mais l’intérêt de cette pointe de Suzac, si stratégiquement située, va bien au-delà de son panorama spectaculaire. Nous nous sommes d'abord aventurés dans les vestiges d'un poste de garde et d'un magasin à poudre casematé de l'époque napoléonienne avant d'explorer toute une batterie de blockhaus, qui faisaient partie du dispositif Atlantikwall de surveillance et de protection du littoral pendant l'occupation de la région par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. La zone était alors fortement protégée (entourée de champs de mines) et devint la « poche de Royan » de résistance allemande après la Libération, mais fut bombardée par les forces alliées en mer en 1945. Les Allemands postés à cet endroit se rendirent finalement le 15 avril 1945.

Le poste de garde et magasin à poudre casematé de l'époque napoléonienne. 
Dès lors, le lieu a été abandonné avant d’être transformé en terrain de jeu pour enfants puis en piste de motocross ! Ces dernières années, le conseil municipal en a progressivement fait un paradis des randonneurs, avec ses sentiers de randonnée et ses points de vue. Bien sûr, les bunkers de l’Atlantikwall ne sont pas prêts de bouger et nous avons jeté un coup d’œil à l’intérieur de plusieurs d’entre eux, essayant d’imaginer à quoi pouvait ressembler la vie de ces soldats allemands pendant cette sombre période de la seconde Guerre mondiale. 

 

La prochaine étape imaginée par Marie était le village pittoresque de Talmont-sur-Gironde, en passant par le petit port de plaisance de Meschers et en longeant une baie sauvage composée notamment du banc de Dau et du banc du Bœuf (selon Googlemaps). L'écosystème y évolue à mesure que la zone devient de plus en plus envasée au fil du temps.

Talmont avait été une étape de ma récente randonnée à vélo, je comptais donc découvrir des  informations méconnues au sujet du village. Marie a partagé ses connaissances sur le quotidien de l’unique pêcheur restant à Talmont, a révélé les plans abandonnés conçus tout d'abord par les Américains pour transformer le village en un port militaire gigantesque, puis par les Français pour le convertir en un terminal pétrolier. Elle nous a montré les traces d’un chemin qui séparait autrefois les cimetières catholiques et protestants, et expliqué l'histoire et le symbolisme derrière l’«ex-voto», la maquette de bateau suspendue au plafond de l'église Sainte-Radegonde. Elle a même dévoilé pourquoi Sainte Radegonde était une figure emblématique de la Charente-Maritime ! Mais ne nous arrêtons pas là… Marie a aussi tout expliqué sur les effets de l'érosion, le système d’irrigation du port, les boulets de canon recyclés, les cadrans solaires qui ont disparu, comment une cabane à carrelet a levé des fonds pour une bonne cause, ou encore les relations privilégiées entre Talmont et les girouettes artisanales. Mike et moi avons été impressionnés !

En haut : l’unique bateau de pêche de Talmont ; gare à l’érosion. En bas : Mike étudie le système d’écluses et l’ex-voto de l’église Sainte-Radegonde.
En route pour Mortagne-sur-Gironde, nous nous sommes arrêtés en route pour admirer l'un des points de vue préférés de Marie sur l'estuaire, à un endroit où nous avons pu également observer les effets de la « poldérisation » : après l’inondation de terres agricoles au bord de l’estuaire en 1999, il a été décidé de laisser la nature suivre son cours, et le terrain marécageux qui en résulte abrite à présent une grande variété de faune et de flore. 


En arrivant à Mortagne-sur-Gironde, nous nous sommes dirigés vers les hauteurs de cette petite ville portuaire pour admirer une autre vue imprenable sur l'estuaire et inspecter un curieux monument en forme de main célébrant les exploits du prince et soldat gallois Owain Lawgoch (dit Yvain de Galles en français). Il a combattu pour les Français contre les Anglais lors de la guerre de Cent Ans, notamment lors du siège du château de Mortagne. Cette histoire mérite sans doute sa propre enquête Invisible Bordeaux à l’avenir !


Mais le meilleur était encore à venir, car notre prochaine étape, en redescendant au niveau de l’estuaire, était la visite de l’ermitage monolithe Saint-Martial. Deux guides accompagnateurs bénévoles, Patricia et François, aussi enthousiastes l’un que l’autre, nous ont accueillis avec d’autres visiteurs, et nous voilà embarqués sur la découverte en mode quasi théâtral du site : ermitage à l’époque médiévale, devenu un monastère au 18ème siècle puis bergerie, avant d'ouvrir aux visiteurs de passage à partir des années 1900. Et, vous l’aurez compris, les différentes salles sont soit des grottes naturelles, soit taillées à la main dans la falaise.


La visite a débuté par une ascension raide de 25 mètres pour admirer le clocher circulaire perché au sommet de la falaise, auquel on accède par un étroit escalier en pierre. Nous nous sommes ensuite dirigés vers la salle de prière et la salle d’eau (alimentées jadis par des sources d’eau douce qui se sont asséchées depuis, mais une autre a récemment été découverte). Tout au long de cette partie du parcours, Patricia et François ont dégagé une certaine énergie déjà débordante, mais en se dirigeant vers la chapelle le tout allait monter d’un cran supplémentaire. 


En y pénétrant, on nous a annoncé un « spectacle son et lumière », dont le premier chapitre était l’interprétation de Hallelujah signée Jeff Buckley diffusé à travers une enceinte Bluetooth dissimulée derrière l’autel en pierre. Patricia a tenté de nous faire chanter sur les refrains, déclenchant un sentiment tangible de malaise parmi les membres de cette chorale improvisée. Puis, tel un animateur d’Escape Game, François a claqué bruyamment la porte et nous avons eu droit au spectacle de lumière en jouant avec l'ouverture et fermeture de lattes à poulie. Puis les guides nous ont parlé de l’acoustique, des statues et des pierres (souvent les deux amoureux s’exprimant à l’unisson), et bien qu’intéressante du début à la fin, l’expérience a parfois viré vers le surréel. Mike et moi étions légèrement secoués lorsque nous sommes remontés dans le monospace de Marie, mais nous étions également conscients d’avoir vu de l’intérieur un des endroits les plus insolites de la région.

Nous nous sentions donc particulièrement privilégiés en prenant le chemin du retour. Tout au long de cette journée bien réussie, même les trajets sur la route étaient remplis d’enseignements ; nous avons échangé avec Marie sur son quotidien en tant que guide touristique, ses missions au service des agences de voyage, des offices de tourisme, des bateaux de croisière ou des groupes privés. Elle nous a également expliqué le rôle croissant des réseaux sociaux et partagé son analyse du marché relativement peu réglementé des guides touristiques de Bordeaux, à laquelle s’ajoute l'arrivée de plus en plus de guides non qualifiés.

En repartant vers nos domiciles respectifs, Mike et moi avons souligné ensemble l’apport indéniable d’une véritable guide touristique sur une journée comme celle qu’on venait de vivre ensemble. La mission de Marie était bel et bien accomplie et elle peut maintenant fièrement ajouter le label officieux « Approuvée par Invisible Bordeaux et Bordeaux Expats » à ses qualifications d’État !

> Les visites proposées par Marie Hallier sont détaillées sur son site internet, www.bordeauxcognactourguide.com, et elle peut également être contactée via Facebook et Twitter.
> Marie Hallier est également co-auteure du guide Je découvre l’estuaire de la Gironde, disponible aux éditions La Geste Girondine.
> Les photos n’étaient pas autorisées à l’intérieur de la chapelle de l’ermitage Saint-Martial, mais quelques clichés sont disponibles en ligne ici.
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