Le vendredi 22 septembre 2023 fut une journée inhabituelle à Bordeaux. D'emblée, l'ambiance était à la fête, et pour cause : Bordeau...

Le jour où le Roi Charles III était à Bordeaux et le festival 'Great' vu de l'intérieur


Le vendredi 22 septembre 2023 fut une journée inhabituelle à Bordeaux. D'emblée, l'ambiance était à la fête, et pour cause : Bordeaux accueillait le roi Charles III et la reine Camilla pour clôturer la visite d'État entamée deux jours plus tôt à Paris. L'un des points forts de la journée était la Grande fête organisée sur la place de la Bourse et, devinez quoi, j'étais là pour vivre cela de l'intérieur !


Dire que l'agenda royal à Bordeaux était dense serait un euphémisme. En un peu moins de six heures, Charles et Camilla ont pu rencontrer et saluer diverses figures locales à l'hôtel de ville (et planter un arbre aux côtés du maire de Bordeaux, Pierre Hurmic), saluer les Marines à bord du HMS Iron Duke, s'aventurer à Martillac pour découvrir les méthodes de travail biologiques du château Smith Haut Lafitte... et tandis que Charles visitait la forêt urbaine expérimentale de Floirac, Camilla est allée voir comment l'équipe de l'association du Pain de l’Amitié fournit de la nourriture aux sans-abris. 


Au milieu de tout cela, la Place de la Bourse avait été transformée en un festival éphémère pour promouvoir ce que le Royaume-Uni fait de mieux (dans le cadre du "Great Campaign") et présenter un certain nombre d'initiatives et d'entreprises bordelaises, le tout sur une bande son "live" d'artistes émergents locaux et britanniques. 

La place de la Bourse en mode festival. Le parapluie a pas mal servi.

Les critères de participation sont restés secrets (nous avions tous reçu des invitations personnelles de l'ambassade du Royaume-Uni en France), mais nous avons eu droit à un charmant et parfois surprenant échantillon de la population bordelaise et expatriée britannique. Devant moi, dans la file d'attente, se trouvaient d'imposants joueurs de rugby de l'Union Bordeaux-Bègles. Des footballeurs et footballeuses des Girondins étaient présents dans leur survêtement de club (aux côtés de l'entraîneur David Guion). Un peu plus loin, j'ai reconnu l'influent artiste local Jofo. Il y avait un certain nombre de personnes en uniforme, arborant parfois des rouflaquettes impressionnantes. Et, un peu plus loin, ne serait-ce pas l'équipe de rugby des Fidji, dont la base de la Coupe du monde se trouve justement à Lormont ? Des univers culturels très différents qui s'entrechoquent... 


Une fois "à l'intérieur" de la Place de la Bourse, qui est habituellement un lieu familier à accès tout à fait libre, il était incroyable de voir comment la place avait été momentanément transformée, encadrée par un certain nombre de chapiteaux abritant des marques britanniques et bordelaises telles que Paul Smith, Gilbert ou Baillardran, de belles initiatives telles que Le Café Joyeux, une entreprise qui a conçu des bouteilles de vin en papier, des fromages d'une épicerie locale, et des stands promouvant le tourisme britannique, ainsi que des actions culturelles et éducatives. (Ma découverte préférée était un Shaun le Mouton grandeur... nature ?... bien qu'apercevoir Paddington se promenant dans l'événement n'était pas mal non plus...) 


Une scène gigantesque constituait la pièce maîtresse de l'événement, même si la plupart des spectateurs ne prêtaient que peu d'attention aux artistes qui se produisaient (Tyrone Isaac Stuart et Rianne Downey), malgré les vaillantes tentatives bilingues du M. Loyal, Darren Tulett (le présentateur de télévision et commentateur de football). Et puis la musique s'est arrêtée… 


Tram-spotting.

Le moment était venu, un tramway arborant de petits drapeaux de l'Union s'est arrêté à l'arrêt de la Place de la Bourse et il y avait un sentiment collectif d'anticipation lorsque la délégation royale est descendue et s'est déplacée sur le tapis rouge qui avait été étendu sur les pavés de la place (une décision judicieuse étant donné que les averses intermittentes occasionnelles avaient rendu la surface glissante). Le ministre britannique des Affaires étrangères, James Cleverly, est passé devant moi quasiment incognito, tant tout le monde était concentré sur Charles et Camilla... ou surtout, pour être honnête, sur Charles, qui a pris le temps de se frayer un chemin à travers la foule, s'arrêtant pour discuter avec un ou deux chanceux, dont une personne qui se tenait juste à côté de moi, ce qui m'a donné tout le temps de prendre quelques photos en gros plan ! Entre-temps, la sono avait repris, ce qui a donné lieu à l'étrange combinaison d'un bain de foule royal au son de Running Up That Hill de Kate Bush. 

Alors que la délégation se frayait un chemin dans une partie du marché pop-up, l'artiste local I Am Stramgram a entamé un court concert, luttant contre des problèmes techniques et l'indifférence générale, mais offrant un set mémorable qui s'est achevé par une belle réinterprétation du morceau Yesterday des Beatles. J'ai réussi à discuter avec lui plus tard et nous sommes tombés d'accord sur le fait que l'expérience avait été assez surréaliste pour lui, mais qu'elle resterait comme une ligne inhabituelle et à part sur son CV musical ! 


I Am Stramgram, la bande son de la déambulation royale.

La délégation royale s'est alors rendue sur la scène principale et l'ambassadrice du Royaume-Uni en France, Menna Rawlings, a prononcé un discours bien accueilli (citant le nom de la famille locale chez laquelle elle avait séjourné lorsqu'elle suivait des cours à l'Alliance française de la ville) avant de céder la parole à Pierre Hurmic, qui a salué avec bonne humeur le roi et la reine, soulignant que les préoccupations environnementales de Charles étaient une constante de longue date. La foule attendait alors avec impatience quelques mots du roi lui-même. Il s'est approché du micro, ses lèvres ont quelque peu bougé (je ne suis pas doué pour lire sur les lèvres, mais je pense que c'était "Je confirme, j'ai bien aimé le set d'I Am Stramgram.") et a fait un signe de la main, un "royal wave". C'était un petit moment de déception, mais vite pardonné, il avait un avion à prendre, après tout. 


C'est alors qu'est arrivé ce qui était sans doute le véritable moment fort de la journée (un moment inattendu, voire imprévu). Alors que le groupe royal atteignait descendait de la scène, toute l'équipe de rugby des Fidji s'est rassemblée à proximité, Darren Tulett a reçu la consigne d'éteindre la musique de la sono et les joueurs ont entamé une chanson traditionnelle fidjienne. En parfaite harmonie. C'était magnifique et inspiré. Frissons et chair de poule.


Alors que Charles et Camilla partaient vers leurs prochains rendez-vous, une autre surprise nous attendait, en plein set de la chanteuse Caity Baser. De l'autre côté de la place, la Royal Marines band se mettait en place. En un rien de temps, ils ont défilé sur la place, offrant 15 minutes de musique de fanfare de classe mondiale. De mon point de vue, il était possible d'apprécier l'ensemble tout en se concentrant sur les instruments et parties individuels au fur et à mesure des allers et retours. Puis-je encore évoquer la chair de poule ? 


Ladies and gentlemen, the Royal Marines band. À Bordeaux, s'il vous plaît !

Les festivités n'étaient pas encore terminées mais la plupart des participants étaient déjà partis, ce qui donnait une atmosphère un peu de fin de soirée (il était 16 heures...) lorsque Bilbao King Fu est monté sur scène. Ils avaient une poignée de personnes devant la scène, et quelques spectateurs enthousiastes postés du mauvais côté des barrières de l'autre côté de la place. L'expérience a dû être étrange pour le groupe, mais le trio a été à la hauteur. 


La foule s'étant réduite, j'ai pu facilement retrouver ma connaissance du consulat que j'ai remercié chaleureusement pour l'invitation à assister à cet événement unique et mémorable. En dehors de tout ce qui a déjà été évoqué, cet après-midi m'a également permis de discuter de manière très détendue avec des footballeurs des Girondins au sujet des résultats récents et des perspectives pour la saison ; de remercier personnellement le magnat local de la musique Eric Roux pour le festival Ouvre La Voix et les fantastiques concerts qu'il organise à la Rock School Barbey ; de discuter avec Jane Anson, experte et auteure renommée de livres sur le vin, au sujet des algorithmes de Twitter (X), avant d'être interrompus par le bruit de deux avions de chasse Rafale volant au-dessus de nos têtes ; d'observer les joueurs de rugby des îles Fidji en train de déguster avec enthousiasme des chips offertes par le stand Tyrrells... et j'ai même eu droit à mon propre selfie avec Darren Tulett ! Ah, et j'ai aussi vu de près le roi et la reine de mon pays d'origine. C'était vraiment un bel après-midi... Merci à tous ceux qui y ont contribué à cet événement exceptionnel !


Des Girondins, des chips et Darren Tulett, quelle combinaison !


P.S. Cette journée à part a commencé par une interview en direct sur France Bleu Gironde, en début de matinée, à propos de la visite royale et de son contexte politique. Vous pouvez la visionner ici



 

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Il y a peu, dans le toujours aussi surprenant village Emmaüs de Parempuyre, j'ai acheté deux livres de l'historien Pierre Décamps (1...

Fusion en images de Bordeaux sous l’occupation et la ville en 2023


Il y a peu, dans le toujours aussi surprenant village Emmaüs de Parempuyre, j'ai acheté deux livres de l'historien Pierre Décamps (1912-2004) : 1940-1944, la Gironde en Images (édité par la maison SODIM en 1977) et Bordeaux sous l'occupation (Ouest France, 1983). Ces deux ouvrages présentent des photos étonnantes de Bordeaux pendant la Seconde Guerre mondiale. Je suis parti à la recherche de ces mêmes lieux afin de fusionner les années 1940 et 2020 en prises de vue uniques. Les légendes qui accompagnent les photos sont des adaptations des informations fournies par Pierre Décamps dans les livres originaux. Toutes ces photos sont issues de la collection Centre Jean Moulin de Bordeaux.

Le drapeau de la swastika flotte devant la préfecture de la Gironde, cours du Chapeau-Rouge. Le lieu était alors le siège de l’Armeeoberkommando (le Haut commandement de l'armée). Le contraste avec l’institut de massages qui se situe aujourd’hui dans le bâtiment voisin est saisissant.
Ces dames sont ravies d’être en balade et ne semblent par trop perturbées par les abris fortifiés et blockhaus construits par les Allemands au pied de la tour Pey-Berland.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le théâtre Français (aujourd’hui le CGR Bordeaux Le Français) était un cinéma réservé aux soldats de l’armée allemande, d'où la mention « Soldaten Kino » (cinéma des soldats).
« Français… écoutez tous les jours la voix du Reich ». Panneau du service d’information allemand placé devant la terrasse du Jardin public.
Place de la Bourse : effet du bombardement anglais de la nuit du 8 au 9 décembre 1940. 
La légende signée par Pierre Décamps précise que « Ce panneau d’affichage allemand installé place de la Victoire - de 1918 - à Bordeaux indique la marche victorieuse des armées allemandes en Russie et l’emplacement des champs de bataille où auraient été anéanties les armées soviétique en 1941. »

Opération récupération de bronze : enlèvement, le 6 décembre 1941, de la statue en bronze de l’ancien président Sadi Carnot, érigée sur la place Jean-Jaurès. 

À côté du socle, désormais vide, on peut lire sur le panneau « En travaillant en Allemagne, tu seras l’ambassadeur de la qualité française ».

Des travailleurs français pour l’Allemagne se présentent au Bureau de placement, 103, rue Sainte-Catherine.
Le 28 août 1944, un groupe de Maquisards du Blayais, rue Esprit-des-Lois (à côté du Grand Théâtre), au moment de la libération de la ville. 
Le 28 août 1944, les étudiants bordelais célèbrent la libération de Bordeaux. En tête de cortège, le panneau proclame « À poil les Fritzous, vive les étudiants ». 
Des FFI (Forces françaises de l’intérieur) devant une « haie de curieux » selon Décamps, place Gambetta. 
« Soldat allemand pendu en effigie devant le siège de l’Association générale des étudiants, cours Pasteur. » La joie est bien visible dans cette image, que ce soit sur la photo d’archives ou sous la forme du sex shop visible à droite ! 


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