Le vendredi 22 septembre 2023 fut une journée inhabituelle à Bordeaux. D'emblée, l'ambiance était à la fête, et pour cause : Bordeau...

Le jour où le Roi Charles III était à Bordeaux et le festival 'Great' vu de l'intérieur


Le vendredi 22 septembre 2023 fut une journée inhabituelle à Bordeaux. D'emblée, l'ambiance était à la fête, et pour cause : Bordeaux accueillait le roi Charles III et la reine Camilla pour clôturer la visite d'État entamée deux jours plus tôt à Paris. L'un des points forts de la journée était la Grande fête organisée sur la place de la Bourse et, devinez quoi, j'étais là pour vivre cela de l'intérieur !


Dire que l'agenda royal à Bordeaux était dense serait un euphémisme. En un peu moins de six heures, Charles et Camilla ont pu rencontrer et saluer diverses figures locales à l'hôtel de ville (et planter un arbre aux côtés du maire de Bordeaux, Pierre Hurmic), saluer les Marines à bord du HMS Iron Duke, s'aventurer à Martillac pour découvrir les méthodes de travail biologiques du château Smith Haut Lafitte... et tandis que Charles visitait la forêt urbaine expérimentale de Floirac, Camilla est allée voir comment l'équipe de l'association du Pain de l’Amitié fournit de la nourriture aux sans-abris. 


Au milieu de tout cela, la Place de la Bourse avait été transformée en un festival éphémère pour promouvoir ce que le Royaume-Uni fait de mieux (dans le cadre du "Great Campaign") et présenter un certain nombre d'initiatives et d'entreprises bordelaises, le tout sur une bande son "live" d'artistes émergents locaux et britanniques. 

La place de la Bourse en mode festival. Le parapluie a pas mal servi.

Les critères de participation sont restés secrets (nous avions tous reçu des invitations personnelles de l'ambassade du Royaume-Uni en France), mais nous avons eu droit à un charmant et parfois surprenant échantillon de la population bordelaise et expatriée britannique. Devant moi, dans la file d'attente, se trouvaient d'imposants joueurs de rugby de l'Union Bordeaux-Bègles. Des footballeurs et footballeuses des Girondins étaient présents dans leur survêtement de club (aux côtés de l'entraîneur David Guion). Un peu plus loin, j'ai reconnu l'influent artiste local Jofo. Il y avait un certain nombre de personnes en uniforme, arborant parfois des rouflaquettes impressionnantes. Et, un peu plus loin, ne serait-ce pas l'équipe de rugby des Fidji, dont la base de la Coupe du monde se trouve justement à Lormont ? Des univers culturels très différents qui s'entrechoquent... 


Une fois "à l'intérieur" de la Place de la Bourse, qui est habituellement un lieu familier à accès tout à fait libre, il était incroyable de voir comment la place avait été momentanément transformée, encadrée par un certain nombre de chapiteaux abritant des marques britanniques et bordelaises telles que Paul Smith, Gilbert ou Baillardran, de belles initiatives telles que Le Café Joyeux, une entreprise qui a conçu des bouteilles de vin en papier, des fromages d'une épicerie locale, et des stands promouvant le tourisme britannique, ainsi que des actions culturelles et éducatives. (Ma découverte préférée était un Shaun le Mouton grandeur... nature ?... bien qu'apercevoir Paddington se promenant dans l'événement n'était pas mal non plus...) 


Une scène gigantesque constituait la pièce maîtresse de l'événement, même si la plupart des spectateurs ne prêtaient que peu d'attention aux artistes qui se produisaient (Tyrone Isaac Stuart et Rianne Downey), malgré les vaillantes tentatives bilingues du M. Loyal, Darren Tulett (le présentateur de télévision et commentateur de football). Et puis la musique s'est arrêtée… 


Tram-spotting.

Le moment était venu, un tramway arborant de petits drapeaux de l'Union s'est arrêté à l'arrêt de la Place de la Bourse et il y avait un sentiment collectif d'anticipation lorsque la délégation royale est descendue et s'est déplacée sur le tapis rouge qui avait été étendu sur les pavés de la place (une décision judicieuse étant donné que les averses intermittentes occasionnelles avaient rendu la surface glissante). Le ministre britannique des Affaires étrangères, James Cleverly, est passé devant moi quasiment incognito, tant tout le monde était concentré sur Charles et Camilla... ou surtout, pour être honnête, sur Charles, qui a pris le temps de se frayer un chemin à travers la foule, s'arrêtant pour discuter avec un ou deux chanceux, dont une personne qui se tenait juste à côté de moi, ce qui m'a donné tout le temps de prendre quelques photos en gros plan ! Entre-temps, la sono avait repris, ce qui a donné lieu à l'étrange combinaison d'un bain de foule royal au son de Running Up That Hill de Kate Bush. 

Alors que la délégation se frayait un chemin dans une partie du marché pop-up, l'artiste local I Am Stramgram a entamé un court concert, luttant contre des problèmes techniques et l'indifférence générale, mais offrant un set mémorable qui s'est achevé par une belle réinterprétation du morceau Yesterday des Beatles. J'ai réussi à discuter avec lui plus tard et nous sommes tombés d'accord sur le fait que l'expérience avait été assez surréaliste pour lui, mais qu'elle resterait comme une ligne inhabituelle et à part sur son CV musical ! 


I Am Stramgram, la bande son de la déambulation royale.

La délégation royale s'est alors rendue sur la scène principale et l'ambassadrice du Royaume-Uni en France, Menna Rawlings, a prononcé un discours bien accueilli (citant le nom de la famille locale chez laquelle elle avait séjourné lorsqu'elle suivait des cours à l'Alliance française de la ville) avant de céder la parole à Pierre Hurmic, qui a salué avec bonne humeur le roi et la reine, soulignant que les préoccupations environnementales de Charles étaient une constante de longue date. La foule attendait alors avec impatience quelques mots du roi lui-même. Il s'est approché du micro, ses lèvres ont quelque peu bougé (je ne suis pas doué pour lire sur les lèvres, mais je pense que c'était "Je confirme, j'ai bien aimé le set d'I Am Stramgram.") et a fait un signe de la main, un "royal wave". C'était un petit moment de déception, mais vite pardonné, il avait un avion à prendre, après tout. 


C'est alors qu'est arrivé ce qui était sans doute le véritable moment fort de la journée (un moment inattendu, voire imprévu). Alors que le groupe royal atteignait descendait de la scène, toute l'équipe de rugby des Fidji s'est rassemblée à proximité, Darren Tulett a reçu la consigne d'éteindre la musique de la sono et les joueurs ont entamé une chanson traditionnelle fidjienne. En parfaite harmonie. C'était magnifique et inspiré. Frissons et chair de poule.


Alors que Charles et Camilla partaient vers leurs prochains rendez-vous, une autre surprise nous attendait, en plein set de la chanteuse Caity Baser. De l'autre côté de la place, la Royal Marines band se mettait en place. En un rien de temps, ils ont défilé sur la place, offrant 15 minutes de musique de fanfare de classe mondiale. De mon point de vue, il était possible d'apprécier l'ensemble tout en se concentrant sur les instruments et parties individuels au fur et à mesure des allers et retours. Puis-je encore évoquer la chair de poule ? 


Ladies and gentlemen, the Royal Marines band. À Bordeaux, s'il vous plaît !

Les festivités n'étaient pas encore terminées mais la plupart des participants étaient déjà partis, ce qui donnait une atmosphère un peu de fin de soirée (il était 16 heures...) lorsque Bilbao King Fu est monté sur scène. Ils avaient une poignée de personnes devant la scène, et quelques spectateurs enthousiastes postés du mauvais côté des barrières de l'autre côté de la place. L'expérience a dû être étrange pour le groupe, mais le trio a été à la hauteur. 


La foule s'étant réduite, j'ai pu facilement retrouver ma connaissance du consulat que j'ai remercié chaleureusement pour l'invitation à assister à cet événement unique et mémorable. En dehors de tout ce qui a déjà été évoqué, cet après-midi m'a également permis de discuter de manière très détendue avec des footballeurs des Girondins au sujet des résultats récents et des perspectives pour la saison ; de remercier personnellement le magnat local de la musique Eric Roux pour le festival Ouvre La Voix et les fantastiques concerts qu'il organise à la Rock School Barbey ; de discuter avec Jane Anson, experte et auteure renommée de livres sur le vin, au sujet des algorithmes de Twitter (X), avant d'être interrompus par le bruit de deux avions de chasse Rafale volant au-dessus de nos têtes ; d'observer les joueurs de rugby des îles Fidji en train de déguster avec enthousiasme des chips offertes par le stand Tyrrells... et j'ai même eu droit à mon propre selfie avec Darren Tulett ! Ah, et j'ai aussi vu de près le roi et la reine de mon pays d'origine. C'était vraiment un bel après-midi... Merci à tous ceux qui y ont contribué à cet événement exceptionnel !


Des Girondins, des chips et Darren Tulett, quelle combinaison !


P.S. Cette journée à part a commencé par une interview en direct sur France Bleu Gironde, en début de matinée, à propos de la visite royale et de son contexte politique. Vous pouvez la visionner ici



 

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Il y a peu, dans le toujours aussi surprenant village Emmaüs de Parempuyre, j'ai acheté deux livres de l'historien Pierre Décamps (1...

Fusion en images de Bordeaux sous l’occupation et la ville en 2023


Il y a peu, dans le toujours aussi surprenant village Emmaüs de Parempuyre, j'ai acheté deux livres de l'historien Pierre Décamps (1912-2004) : 1940-1944, la Gironde en Images (édité par la maison SODIM en 1977) et Bordeaux sous l'occupation (Ouest France, 1983). Ces deux ouvrages présentent des photos étonnantes de Bordeaux pendant la Seconde Guerre mondiale. Je suis parti à la recherche de ces mêmes lieux afin de fusionner les années 1940 et 2020 en prises de vue uniques. Les légendes qui accompagnent les photos sont des adaptations des informations fournies par Pierre Décamps dans les livres originaux. Toutes ces photos sont issues de la collection Centre Jean Moulin de Bordeaux.

Le drapeau de la swastika flotte devant la préfecture de la Gironde, cours du Chapeau-Rouge. Le lieu était alors le siège de l’Armeeoberkommando (le Haut commandement de l'armée). Le contraste avec l’institut de massages qui se situe aujourd’hui dans le bâtiment voisin est saisissant.
Ces dames sont ravies d’être en balade et ne semblent par trop perturbées par les abris fortifiés et blockhaus construits par les Allemands au pied de la tour Pey-Berland.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le théâtre Français (aujourd’hui le CGR Bordeaux Le Français) était un cinéma réservé aux soldats de l’armée allemande, d'où la mention « Soldaten Kino » (cinéma des soldats).
« Français… écoutez tous les jours la voix du Reich ». Panneau du service d’information allemand placé devant la terrasse du Jardin public.
Place de la Bourse : effet du bombardement anglais de la nuit du 8 au 9 décembre 1940. 
La légende signée par Pierre Décamps précise que « Ce panneau d’affichage allemand installé place de la Victoire - de 1918 - à Bordeaux indique la marche victorieuse des armées allemandes en Russie et l’emplacement des champs de bataille où auraient été anéanties les armées soviétique en 1941. »

Opération récupération de bronze : enlèvement, le 6 décembre 1941, de la statue en bronze de l’ancien président Sadi Carnot, érigée sur la place Jean-Jaurès. 

À côté du socle, désormais vide, on peut lire sur le panneau « En travaillant en Allemagne, tu seras l’ambassadeur de la qualité française ».

Des travailleurs français pour l’Allemagne se présentent au Bureau de placement, 103, rue Sainte-Catherine.
Le 28 août 1944, un groupe de Maquisards du Blayais, rue Esprit-des-Lois (à côté du Grand Théâtre), au moment de la libération de la ville. 
Le 28 août 1944, les étudiants bordelais célèbrent la libération de Bordeaux. En tête de cortège, le panneau proclame « À poil les Fritzous, vive les étudiants ». 
Des FFI (Forces françaises de l’intérieur) devant une « haie de curieux » selon Décamps, place Gambetta. 
« Soldat allemand pendu en effigie devant le siège de l’Association générale des étudiants, cours Pasteur. » La joie est bien visible dans cette image, que ce soit sur la photo d’archives ou sous la forme du sex shop visible à droite ! 


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Nous sommes dans le quartier Saint-Genès de Bordeaux, non loin des boulevards, pour visiter cet ensemble insolite qu'est la Maison Saint...

La Maison Saint Louis Beaulieu vue de l’intérieur


Nous sommes dans le quartier Saint-Genès de Bordeaux, non loin des boulevards, pour visiter cet ensemble insolite qu'est la Maison Saint Louis Beaulieu, maison diocésaine de l'Église catholique en Gironde. Et le lieu, ouvert au public, propose de nombreuses surprises... notamment sa chapelle, sa bibliothèque et son agréable jardin.

 

L'histoire de la Maison Saint Louis Beaulieu remonte au milieu du XIXe siècle, lorsque l'ordre religieux des Carmélites y installa un couvent et une chapelle, avec des ermitages disséminés sur le terrain. Au début du XXe siècle, le diocèse catholique loue les lieux pour y installer un séminaire, puis achète le terrain et les bâtiments en 1910. Au cours des décennies suivantes, l'état de la propriété s'est progressivement dégradé jusqu'à ce qu'une reconstruction complète soit entreprise en 1937 selon les plans des architectes renommés Louis et Marcel Garros. C'est ainsi que sont nés le bâtiment principal, qui se dresse toujours fièrement aujourd'hui, et l'intrigante chapelle art déco, consacrée en 1946 par le nonce apostolique en France, Monseigneur Angelo Roncalli, qui deviendra plus tard le pape Jean XXIII.
 


Curieusement, la configuration de la chapelle a pivoté de 180° au fil des ans, l'entrée principale étant située à l'origine côté rue Saint-Genès. Aujourd'hui, l'accès n'est possible que par le cloître. Les artistes parisiens Jean Gaudin et Louis Mazetier ont apporté les touches décoratives des mosaïques et des carrelages de la chapelle. Les vitraux semblent tous chargés de références énigmatiques. L'un d'entre eux, par exemple, comporte les armoiries des villes de Bordeaux, Agen, Angoulême et Bazas, ces autres diocèses ayant envoyé leurs étudiants à Saint-Louis Beaulieu à partir de 1955. L'orgue a été fabriqué par la maison allemande Merklin en 1892 (sa dernière révision a eu lieu en 2017) et se trouvait déjà dans la chapelle d'origine.

 

Vue depuis la rue Saint-Genès et de ce qui était l'entrée principale de la chapelle (située derrière ce qui est aujourd'hui l'autel).

Au-delà du joli cloître/cour et du café-restaurant, une porte mène à la bibliothèque du diocèse de Bordeaux, qui abrite quelque 90 000 ouvrages sur les sciences religieuses, répartis sur plus de quatre kilomètres de rayonnages. Habituellement, seule la salle de lecture est ouverte au public, mais notre visite s'inscrivait dans le cadre des Journées européennes du patrimoine, ce qui nous a permis de découvrir les coulisses de la bibliothèque et quelques-uns de ses ouvrages les plus précieux et les plus anciens.

 


De là, on pénètre dans le parc paisible, caché derrière le bâtiment principal. La première chose à voir est une œuvre d'art moderne toute en métal, « le Chêne de Mambré », signée par l'artiste bordelais Christophe Conan. Au-delà de son esthétique et de son rôle de « point de rencontre », l'arbre porte sur ses feuilles les noms des donateurs qui ont participé au financement des travaux de rénovation du lieu réalisés ces dernières années.

'Le Chêne de Mambré' de Christophe Conan.

En se promenant dans le parc, outre les potagers, jardins d'herbes et tas de compost, on aperçoit ici une vieille chapelle, là un poulailler, et inévitablement une statue de la vierge Marie, particulièrement malmenée ces dernières années. Elle a été réduite en miettes par des intrus nocturnes non-identifiés et a dû être minutieusement reconstruite par un expert du musée du Louvre à Paris. L'ultime puzzle en 3D !


Au cœur du Jardin de Beaulieu.
Aussi grincheux qu'ils puissent paraître, la Vierge et l'Enfant sont en réalité ravis d'être comme neufs après leur récente mésaventure.

Ma visite m'a également permis de trouver le point de vue exact pour pouvoir reproduire la vue d'une vieille carte postale procurée il y a de nombreuses années avant même de savoir où la photo avait été prise. La carte postale, légendée " Grand Séminaire de Bordeaux - Grand Bâtiment ", comporte un cercle dessiné à la main indiquant la chambre de l'auteur de la carte - qui était donc le mystérieux résident de l'époque ? Vous trouverez quelques maigres renseignements supplémentaires en lisant le texte figurant au dos de la carte et reproduit en fin d'article !

 


Bien que la vie y soit manifestement très douce, la Maison Saint Louis Beaulieu reste un lieu très actif et est sans doute plus dynamique que jamais. Outre les aspects susmentionnés, son site Internet indique qu'elle abrite l'institut de formation Pey Berland, un certain nombre de salles de réunion disponibles à la location pour séminaires ou autres événements, une librairie (La Procure Beaulieu) ou encore les studios de la station de radio catholique RCF Bordeaux. De plus, le café est un endroit agréable pour prendre une tasse de thé ou autre boisson de son choix dans l'après-midi !
 

Oh, et une dernière chose : qui était Saint Louis Beaulieu ? Louis est né en 1840 à Langon, non loin de Bordeaux, et a été ordonné prêtre au Séminaire des missions à l'étranger à Paris en 1864. Il se retrouve en poste dans les montagnes près de Séoul, en Corée, où la présence d'étrangers est à l'époque interdite. Dénoncé et arrêté, il est exécuté six mois avant son 26e anniversaire. Plus d'un siècle plus tard, lui et d'autres personnes ayant connu le même sort en Corée ont été canonisés par le pape Jean-Paul II.


> Localiser sur la carte Invisible Bordeaux : Maison Saint Louis Beaulieu, rue Saint-Genès, Bordeaux.
> Site internet : espacebeaulieu.fr
> Merci aux étudiants membres de l'association Archimuse qui ont encadré cette visite dans le cadre de l'édition 2022 des Journées européennes du Patrimoine.
> Voici le texte qui figure sur la carte postale non datée (hypothèse purement personnelle : Miou était sans doute un chat) : 

 Mon cher Jean-Pierre. Cette vilaine carte t'apporte mon bon souvenir pour ton anniversaire. J'espère que tout va bien à Lyon. Ici ça va. On termine l'année. Je te fais donc un méga bise, ainsi qu'à Miou et je prie bien pour vous. Fafa.

> This article is also available in English!

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Quelle ne fut pas ma surprise, lors d'une balade à vélo entre Lacanau et Carcans-Maubuisson, sur un tronçon de piste cyclable parmi les...

À la découverte de la réserve naturelle de l'étang de Cousseau

Quelle ne fut pas ma surprise, lors d'une balade à vélo entre Lacanau et Carcans-Maubuisson, sur un tronçon de piste cyclable parmi les plus beaux de Gironde, de voir des panneaux indiquant "la Réserve naturelle nationale de l'étang de Cousseau". J'ai décidé d'aller enquêter !

 

Je me suis écarté de la piste cyclable principale et j'ai emprunté un chemin qui s'étendait sur environ un kilomètre, jusqu'à ce que j'aperçoive une rangée de porte-vélos en bois devant un portail. J'ai attaché mon vélo et j'ai continué à pied, tout en descente, en suivant un sentier étroit et sinueux. D'abord la sensation d'être en pleine nature, puis, sur la gauche, s'ouvrait la vision idyllique d'une grande étendue d'eau filtrant à travers les arbres, bientôt suivie d'une plate-forme d'observation en bois. J'étais arrivé et le spectacle qui s'offrait à moi était aussi splendide que spectaculaire.
 

Cette réserve naturelle, constituée d'un étang et d'une vaste zone de marais, couvre une superficie de 882 hectares (l'étang représente à lui seul 50 hectares) et est ouverte à la visite depuis 1976. D'une certaine manière, la réserve propose un voyage dans le temps à la découverte du paysage tel qu'il était avant le 19ème siècle, lorsque l'homme a remodelé le paysage landais et le littoral océanique.
 

Panneaux d'information accueillant les visiteurs.

D'après ce que j'ai pu comprendre (et il se peut que ce paragraphe doive être réécrit si quelqu'un me dit le contraire), le long de la côte atlantique, des dunes de sable se développaient, s'élevaient et s'abaissaient, empêchant les eaux intérieures de rejoindre la mer, formant les grands lacs d'eau douce de Lacanau et d'Hourtin. Ailleurs, les terres côtières ont été stabilisées par la plantation de pins maritimes et les terres environnantes ont été irriguées pour les rendre plus habitables. Cependant, dans cette partie plus accidentée de la région, il était plus difficile de planter des pins maritimes, et les marais sauvages ont donc prévalu, abritant un écosystème riche et en constante évolution de plantes, d'arbres, d'oiseaux, de mammifères et d'insectes.   
 

Parmi la faune présente sur le site, le site internet des réserves naturelles nationales signale diverses espèces de crapauds, grenouilles, tritons, chevreuils, sangliers, blaireaux, loutres ; plus de 200 espèces d'oiseaux dont le balbuzard pêcheur, l'oie cendrée, la spatule blanche, la mouette rieuse, la grue et le canard ; tandis qu'environ 70 espèces d'oiseaux viennent s'y reproduire, dont le circaète jean-le-blanc, le faucon hobereau, le busard des roseaux, le bondrée apivore et le milan noir. Sans oublier les divers reptiles, amphibiens, libellules (39 espèces) et papillons (50 espèces) présents sur les lieux. Je suppose que nous pourrions continuer, mais si nous le faisons, nous risquons d'en avoir pour un certain temps…
 

Heureusement, tous ces faits et chiffres en constante évolution sont surveillés en permanence par une organisation appelée SEPANSO (Société pour l'Étude et l'Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest), qui gère la réserve. Elle gère également le Banc d'Arguin, à l'embouchure du Bassin d'Arcachon, et la Réserve naturelle nationale des Marais de Bruges, qui attend depuis longtemps son propre dossier Bordeaux Invisible ! 


Dans la réserve, à ma grande surprise, un représentant de la SEPANSO était présent sur la plate-forme d'observation principale pour répondre aux questions, donner des conseils et prêter deux télescopes pour permettre une observation plus poussée des oiseaux. Il a cependant fait remarquer qu'un milieu d'après-midi chaud en juin n'était pas optimal pour observer quoi que ce soit de plus intéressant que le groupe de hérons se blottissant dans un arbre au loin. Je planifierai les choses correctement la prochaine fois !

 

De là, j'ai grimpé les marches de l'une des deux grandes tours d'observation de la réserve, la Tour de Lesperon. Par endroits, des notes poétiques écrites sur du tissu ajoutent un peu de mysticisme à l'ensemble.

La Tour de Lesperon. Un poème est écrit sur le rectangle de tissu blanc qui bouge avec le vent.

Du haut de ce sommet, je me sentais un peu comme le roi de Cousseau, et pour couronner le tout, j'apercevais au loin une magnifique vache marine. Bref, le safari pouvait commencer !
 


Mais de ce point de vue, outre l'impressionnante beauté de la nature, le plus frappant était la tranquillité de l'endroit, dont le silence n'était troublé que par le bourdonnement des insectes. Lors de mon passage, il n'y avait que trois autres visiteurs, j'en ai croisé deux autres en sortant - difficile de croire que la réserve attire, paraît-il, entre 25 000 et 30 000 visiteurs par an... En tout cas, il n'y avait pas foule en ce dimanche après-midi de juin.
 

Quoi qu'il en soit, en ce qui me concerne, je reviendrai sans aucun doute dans un avenir proche afin de pouvoir profiter pleinement de la réserve. Il y a une autre tour d'observation à escalader et un circuit pédestre complet à découvrir. D'une certaine manière, cette première visite spontanée aura simplement servi de bande-annonce précipitée avant le déroulement du film dans son intégralité !
 

Alors, chère Réserve naturelle nationale de l'étang de Cousseau, le Bordeaux Invisible sera bien de retour... et de préférence un jour où il y a plus d'oiseaux à observer !!  

Mise à jour : le Bordeaux Invisible y est bien retourné et a grimpé les marches de la Tour Galip. Quelle vue !

> Localiser sur la carte Invisible Bordeaux : Réserve naturelle nationale de l’étang de Cousseau, Lacanau. Le vélo est le moyen recommandé pour atteindre la réserve, mais il y a aussi un parking situé plus ou moins à proximité (nom de code "Marmande" sur la départementale D6E1 au nord de Lacanau), mais notez que cela fait quand même une petite trotte de là jusqu'à la réserve proprement dite !

> Site internet Réserves Naturelles de France

> Site internet SEPANSO

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  Le petit village de Puynormand - et son statut curieux d'être la commune qui se situe au plein centre de l'hémisphère nord - a fai...

Destination le centre de l'hémisphère nord (Puynormand, pour les intimes) en compagnie de Slowrush

 

Le petit village de Puynormand - et son statut curieux d'être la commune qui se situe au plein centre de l'hémisphère nord - a fait l'objet de deux articles sur le blog d'Invisible Bordeaux. Ce n'était qu'une question de temps avant que le sujet ne fasse l'objet d'une chanson produite par mon groupe Slowrush... et la voici, accompagnée d'une vidéo on ne peut plus spectaculaire : nous vous présentons X Marks The Spot !! 


X Marks The Spot, titre phare du nouvel E.P. de Slowrush, Navigation & Time, est un peu le récit de deux de mes voyages à l'endroit où convergent le méridien de Greenwich et le 45ème parallèle nord, à savoir le lieu précis où l'est rencontre l'ouest au milieu de l'hémisphère nord.


S'il y a quelque chose de très deuxième degré dans ce morceau et dans la façon dont le groupe s'enthousiasme tant pour quelque chose qui n'existe pas physiquement, c'est aussi un clin d'œil affectueux à l'ami du blog André Stanghellini et au travail qu'il a accompli pour faire connaître le statut unique de Puynormand, ce qui a donné lieu à l'installation d'un panneau d'information sur place Ces dernières années. 


Rejoignez donc Slowrush sur sa mission à destination du centre de notre hémisphère et découvrez ce que cela donne de jouer un solo de saxo et de boire un verre là où convergent ces importantes lignes invisibles ! 



Cliquez ici si la vidéo ne s'affiche pas correctement sur votre appareil.



> Retrouvez l'EP Navigation & Time sur la page Bandcamp de Slowrush en cliquant ici, ou sur la plateforme de streaming de votre choix en cliquant ici. 

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L'effervescence du centre de Bordeaux peut parfois devenir un peu pesante, n'est-ce pas ? Dans ce cas, il n'y a rien de plus res...

Verdure very verticale : les murs végétaux de Bordeaux


L'effervescence du centre de Bordeaux peut parfois devenir un peu pesante, n'est-ce pas ? Dans ce cas, il n'y a rien de plus ressourçant que de se détendre près du plus grand mur végétal de la ville. Nous voici donc dans le square Vinet... à deux pas à peine des rue Sainte-Catherine et place Camille-Jullian toujours si animées!


Entre la rue du Cancéra et la rue Vinet, cette petite place tranquille bordée de platanes date des années 1970 et sa création suite à la démolition d'une rangée d'immeubles vétustes. Le tournant qui nous intéresse s'est produit en 2005 avec l’ajout de son curieux (et très joli) mur végétal de 100 mètres de long (ou d’une surface de 400 mètres carrés, selon !), dans le cadre d'un réaménagement important qui a coûté 540 000 euros. Les travaux ont été controversés à l'époque, mais (si l'on en croit les archives) principalement parce que les balançoires à l'ancienne ont été remplacées par des jeux plus modernes pour les enfants. « Beau mais trop intello », titrait alors le quotidien Sud Ouest !


Le Square Vinet dans toute sa splendeur.

Bref, revenons à notre mur végétal, c’est-à-dire ?... Du côté de Wikipédia, il est précisé que « les concepts de mur vivant, mur-manteaux végétalisé et mur végétal décrivent des jardins ou écosystèmes verticaux, plus ou moins artificiels. Ces parois verticales végétales ou végétalisées sont conçues tantôt comme éléments esthétiques et de décor intérieur ou extérieur (dans le cadre du jardinage urbain), tantôt comme œuvres d'art utilisant le végétal, ou encore comme éléments d'écologie urbaine. »


Le mur végétal du Square Vinet a vu le jour dans le cadre d'une charte paysagère menée par le paysagiste Michel Desvignes. La conception du mur est, selon le site de la municipalité, « le fruit de la recherche scientifique et du talent artistique du botaniste Patrick Blanc » (à qui l'on doit également le mur végétal du Musée des Arts Premiers Quai Branly à Paris), le tout ayant été « mis en œuvre avec le service des Espaces verts de la Ville ».


Il faut en effet aimer le vert. 

Le mur est composé de « multiples espèces végétales aux textures et aux couleurs adaptées à l’univers ludique des enfants ». Car oui, la place comprend toujours ces équipements (un toboggan et divers objets mystérieux sur ressorts) destinés à occuper les plus jeunes du quartier ! Que demander de plus ?


Mais même pour les visiteurs sans enfants, la petite place constitue une découverte intéressante, et le contraste entre le mur végétal du square Vinet (Elie Vinet, soit dit en passant, était un éminent professeur, historien et écrivain bordelais du XVIe siècle) et la pierre blonde des bâtiments environnants est frappant.


Deux murs, deux ambiances.

À noter que le mur végétal Vinet n'est pas le seul dans la ville, un autre se trouve dans le quartier Mériadeck, le long de la salle du conseil de Bordeaux Métropole. Avec, en prime, le bassin qui l'entoure et la sculpture abstraite en bronze de François Cante-Pacos (et oui, il y a même de jolis poissons rouges !). 


Les murs végétaux de la salle du conseil de Bordeaux Métropole. Et un poisson rouge. 

Il y a également eu des projets de murs végétaux moins réussis, notamment sur le cours de la Martinique, où un immeuble résidentiel arborait des rangées de verdure qui traversaient les balcons de chaque appartement, une fois encore selon les plans de Patrick Blanc. L'entretien et la maintenance se sont avérés difficiles et le système d'évacuation des eaux était inefficace, ce qui entraînait, lors des périodes de froid, des dégâts liés au gel de la structure des balcons et des trottoirs dangereusement verglacés au niveau de la rue. En 2012, cinq ans seulement après leur installation, ces jardins suspendus du cours de la Martinique faisaient donc déjà parler d'eux pour de mauvaises raisons dans le Sud Ouest. Quelques années plus tard, les balcons de l'immeuble sont désormais bien lisses !   


> Localiser sur la carte Invisible Bordeaux : Square Vinet et Bordeaux Métropole building and green wall, Bordeaux.
> This article is also available in English! 
> Un grand merci à Mathias Cisnal (auteur du guide Mériadeck - Parcours en ville) pour ses précieux conseils ! 

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Je ne sais plus trop comment cela s'est produit, mais je suis tombé sur une publication réseaux sociaux datant de 2019 annonçant l'i...

J'ai testé pour vous : les boîtes à livres (ô combien insolites) d'Eysines

Je ne sais plus trop comment cela s'est produit, mais je suis tombé sur une publication réseaux sociaux datant de 2019 annonçant l'installation de nouvelles boîtes à livres très originales à divers endroits de l'agréable commune d'Eysines, toutes répertoriées par ailleurs sur une carte disponible sur le site web de la municipalité. La plupart des boîtes à livres d'Eysines ont ceci de particulier qu'au lieu d'être de simples structures rectilignes en bois, chacune d'entre elles reflète son environnement et a été fabriquée de manière artisanale par les agents techniques de la ville. Inutile de dire que cela nécessitait bien un périple dominical ! 


Bien sûr, le principe de base de ces micro-bibliothèques publiques est simple : venez, feuilletez un peu, déposez idéalement un livre et, en retour, emportez-en un chez vous. Pour les besoins de ce projet, j'ai adapté cette règle au format de mon roadtrip, en apportant d'abord un livre au vivier, puis en sélectionnant à chaque bibliothèque un livre que je laisserais à mon prochain arrêt, formant ainsi une sorte de chaîne continue reliant les différentes boîtes à livre. Pour commencer, le livre que j'ai déposé dans la première boîte à livres était le très Invisible Bordeaux-friendly « Grandir à Bordeaux dans les années 1940 et 1950 » de Véronique Cardinal. Quelle œuvre allais-je rapporter chez moi dix arrêts plus tard ?



Ma première boîte à livres avait la forme d'un tramway d'époque de la ligne "Eysines Bourg", installé ici un peu avant la mise en service de l'arrêt actuel "Eysines Centre" de la ligne D du tramway. La bibliothèque était en bon état et proposait un bon choix de livres. C'était aussi ma première expérience du travail accompli par les équipes techniques d'Eysines : je me suis rendu compte que les charnières des portes contiennent un solide mécanisme à ressort, de sorte qu'une fois relâchées, les portes se referment automatiquement sur elles-mêmes. C'est très astucieux. J'ai échangé mon livre de Véronique Cardinal contre un classique de la littérature qui me ramènerait à mes années d'université : « Le Père Goriot » de Balzac. 



La deuxième étape s'est déroulée dans le verdoyant Bois du Derby, dont le nom pourrait éventuellement faire référence à l'hippodrome voisin. En forme d'arbre coloré, la bibliothèque se compose de deux petites maisons pour ranger les livres, l'une à hauteur d'adulte et l'autre à hauteur d'enfant.



Cette dernière était sinistrement vide... et les portes à ressorts étaient absentes. Pour une raison ou une autre, cela a réveillé le politique qui sommeille en moi et « Le Père Goriot » a ainsi été remplacé par « Un fantasme nommé Juppé » d'Anna Cabana.

La troisième boîte à livres était un peu plus difficile à trouver, située dans un ensemble résidentiel (les Cottages), à côté d'une aire de jeux pour enfants et d'un petit terrain de football. 


En dépit d'un avis manuscrit appelant à la bienveillance collective, cette bibliothèque avait manifestement connu des jours meilleurs... et était complètement vide, à l'exception d'un livre d'images pour enfants abîmé par les intempéries. J'ai préféré laisser les choses en l'état. 

Ensuite, direction la place Florale qui, un dimanche matin, est très animée car... c'est jour de marché ! Hourra ! J'ai donc été accueilli par une foule de personnes faisant le plein de denrées alimentaires à ce marché de Migron, le tout accompagné par une odeur de poulet rôti dans l'air et rythmé par un chanteur-guitariste interprétant de vieux airs de Bob Dylan dans un anglais approximatif. La boîte à livres de la place Florale est assez fabuleuse (bien qu'elle n'ait pas non plus sa porte de protection), en forme de vieille fourgonnette Citroën. S'agit-il d'une référence à une fourgonnette Citroën en particulier ou simplement d'une allusion aux camelots qui s'installent ici tous les week-ends ? 



En tout cas, le jour où j'y étais, il y avait des parallèles évidents avec le camping-car garé à côté qui vendait des plants de tomates ! Cette halte m'a également permis de voir pour la première fois une nouvelle œuvre d'art public remarquable, une sculpture en bronze signée Ibai Hernandorena représentant trois jeunes locaux qui sont en situation de handicap. L'œuvre intitulée « Jéremy, Germain et Olivier », que vous pouvez découvrir en cliquant ici, mériterait peut-être un article à part entière dans Invisible Bordeaux ! Je suis parti, désormais avec « Mars et Vénus sous la couette » de John Gray bien rangé dans mon sac. 



Je me dirigeais à présent vers le Bois Gramond, un agréable espace de verdure niché au milieu de rues résidentielles et bordé au nord-ouest par la Rocade. D'après ce que j'ai pu constater pendant mon court séjour, le parc est un peu le paradis des joggeurs et des promeneurs de chiens. Il abrite également la plus spectaculaire des boîtes à livres d'Eysines : une cabane avec des étagères bien garnies sur tous les côtés et une invitation à profiter du cadre à tout moment de l'année, chaque côté de la cabane évoquant l'une des quatre saisons.


Des hublots donnant sur le monde extérieur complètent le tableau. C'est vraiment très sympathique. J'ai échangé mon livre de thérapie sexuelle contre « Le théorème du perroquet » de Denis Guedj, simplement parce que j'aimais le titre et la couverture.

J'ai ensuite découvert une boîte à livres sur le thème du zèbre qui, comme son homologue des Cottages, était un peu plus difficile à trouver, cachée au milieu des parkings bondés du complexe résidentiel du Grand Louis. Une fois de plus, j'ai choisi de remonter le temps jusqu'à mes années d'étudiant en optant pour le « Huis Clos » de Sartre.   


Il y avait à peine 400 ou 500 mètres à parcourir avant d'atteindre la prochaine boîte à livres, simplement décrite sur le plan comme étant "à côté des écoles". Elle était en fait assez facile à localiser. Sa conception n'était peut-être pas des plus originales, mais elle offrait un avantage inattendu : une vue imprenable sur l'équipe de baseball locale, les Raiders, en plein match  


Après m'être momentanément laissé emporter par le jeu de balle, je me suis concentré sur ma prochaine lecture : « Sept années perdues » de George Bellairs.

Je me dirigeais à présent vers la "Maison Guy Queyroi", qui semble être une sorte de bâtiment polyvalent comprenant salles de réunion pour les associations locales et autres. Sa boîte à livres, qui se trouve à l'extérieur mais à l'abri des intempéries, est d'une conception très conventionnelle, mais ce qui manque d'originalité est plus que compensé en termes d'offre. Il s'agit manifestement d'un point névralgique pour le prêt et l'emprunt, et elle débordait littéralement de livres ce dimanche matin. J'ai opté pour un récit d'espionnage à la couverture un tantinet coquine : « À Bout de Patience » de Serge Laforest.



J'aurais très bien pu rater l'entrée de ma prochaine destination, le parc du Limancet. En passant devant la première fois, le portail métallique semblait non seulement fermé mais verrouillé. Ce n'est qu'en revenant sur mes pas que j'ai remarqué qu'il y avait heureusement un moyen tout à fait légitime de contourner le portail et d'entrer dans cet agréable espace boisé. Une fois à l'intérieur, je craignais d'avoir du mal à localiser la boîte à livres, mais je l'ai vite repérée, à côté d'une grande grange. Pas besoin d'être un personnage d'un roman d'espionnage de Serge Laforest pour remarquer la similitude entre les deux, la bibliothèque est en fait une version minuscule du bâtiment voisin !


Les livres exposés étant un peu décevants, j'ai finalement opté pour une histoire torride de la collection Harlequin "Série Tentation" : « Vos Désirs Sont des Ordres » de Lee Magner.       

Mon dernier arrêt était maintenant en vue, à l'aire de jeux pour enfants au cœur des grands espaces du domaine du Pinsan... qui a déjà fait son apparition sur le blog dans l'un de mes articles occasionnels sur les catastrophes aériennes. Le design coloré de cette dixième boîte à livres, avec ses grands yeux expressifs (bizarrement couronnés par des cils qui sont en fait placés au-dessus des sourcils du personnage) et ses deux rangées de dents pointues encadrant les deux étagères de livres, est tout à fait adapté aux enfants. La bibliothèque semble en colère, ou affamée, ou peut-être les deux.  


Une fois de plus, le choix de livres disponibles n'était pas extraordinaire, mais j'ai finalement opté pour « Un Taxi Mauve » de Michel Déon, un roman de 1973 qui se déroule en Irlande et qui a ensuite fait l'objet d'un film mis en scène par Yves Boisset. C'est donc le livre que j'allais ramener à la maison !

Ce voyage à la découverte des boîtes à livres d'Eysines était donc terminé mais, après ô combien de rebondissements en chemin (enfin, des rebondissements certes assez modestes), cette mission était bel et bien accomplie. Le bilan ? Certaines de ces boîtes à livres sont tout simplement exceptionnelles : les bibliothèques en forme de tramway et de camionnette sont des incontournables, et la cabane de lecture quatre saisons du bois Gramond est particulièrement splendide. D'autres, en revanche, mériteraient un petit coup de neuf (du côté de la résidence les Cottages, par exemple). Et, bien sûr, embarquer sur un tel itinéraire est aussi synonyme d'autres choses à voir sur le parcours : un joli marché du dimanche matin, la belle sculpture d'Ibai Hernandorena sur la place Florale, une partie haletante de baseball, puis la découverte du méconnu parc du Limancet... autant de découvertes en chemin tout simplement parce que j'étais à la recherche de quelques bibliothèques faites main !

Avis donc aux habitants d'Eysines (et d'ailleurs), sortez et profitez de ces curiosités, et chapeau aux équipes municipales qui ont conçu et fabriqué ces boîtes à livres on ne peut plus insolites. Bravo à eux ! 
 

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