L'année 2017 touche à sa fin et l'heure est venue de faire un bilan. Pour cet exercice, la coutume est de s'appuyer sur les ...

Qui sont les lauréats des prix Invisible Bordeaux 2017 ?


L'année 2017 touche à sa fin et l'heure est venue de faire un bilan. Pour cet exercice, la coutume est de s'appuyer sur les taux de lecture afin d'établir un hit parade des articles, ou alors de faire un choix subjectif de quelques sujets que l'on souhaite revaloriser. Cette année, Invisible Bordeaux a pris le parti d'organiser sa propre cérémonie de remise de prix. Félicitations aux lauréats dans les diverses catégories, qui sont tous des dossiers méritants à découvrir ou redécouvrir !

Prix du secret le mieux gardé : le jardin des Remparts
Ni très grand, ni particulièrement spectaculaire, le jardin des Remparts est un véritable havre de paix à deux pas du marché des Capucins. Et, entre ses vestiges des remparts du 14e siècle, sa porte de chemin de ronde et son oratoire, on voyagerait presque dans le temps en franchissant les portails de ce lieu à part.


Prix du sujet le plus opaque : les fenêtres condamnées de Bordeaux
Quoi de plus opaque qu'une fenêtre condamnée ? Bordeaux en compte des centaines, peut-être même des milliers ! Mais pourquoi donc et quelles sont les caractéristiques récurrentes de ces ex-fenêtres ? Invisible Bordeaux a enquêté !


Prix du trajet le plus long : le canal de Garonne à vélo
Ce récit n'était pas celui d'un road-trip mais bien celui d'un chemin de halage-trip, entre Castets-en-Dorthe et Agen. À découvrir au fil des kilomètres : des barrages, des péniches, des arbres, des ponts, des aqueducs, différents types de fruits et légumes et, étrangement, d'énormes maquettes de monuments historiques fabriqués en allumettes. Ce dossier revient également sur un acte manqué : on n'y verra pas, mais alors pas du tout, un tableau de l'illustre maître néerlandais Rembrandt. En selle !


Prix de l’œuvre d’art le plus farfelu : la Maison aux Personnages
Une des œuvres artistiques les plus insolites du métropole bordelais est une maison comprenant différentes pièces dont chacune a été décorée et mise en scène comme si elle était habitée par un personnage imaginaire. L’œuvre est née de l'imagination des artistes russes Ilya et Emilia Kabakov et le produit fini est non seulement surprenant mais quelque peu controversé...


Prix du sujet le plus délicat : l'exposition le Juif et la France
Peu de sujets sont aussi sensibles que celui du rôle de la ville de Bordeaux pendant la Seconde Guerre Mondiale. L'un des chapitres les plus surprenants de cette triste période est la tenue d'une exposition de propagande antisémite. En découvrant le récit, nous avons l’impression d’être les témoins d’événements à peine croyables, se déroulant dans un univers parallèle non reconnaissable. De plus, le cadre est si familier et si récent que cette vérité ne peut que déranger...


Prix événementiel : retour au Domaine Catros pour les journées du Patrimoine
Au long de l'année, l'univers d'Invisible Bordeaux a principalement rencontré son public dans le cadre de nouvelles représentations du Shuman Show, le spectacle musical basé sur la vie et l’œuvre de Mort Shuman, avec de nombreux rendez-vous à Bordeaux, Mérignac, Talence, Saint-Aubin-de-Médoc et même Paris ! Mais le lauréat 2017 est un événement mis en place en collaboration avec mon employeur Thales : nous avons ainsi pu accueillir le grand public dans l'enceinte de notre ancien site du Haillan pendant les journées européennes du Patrimoine. Un grand moment de partage !


Merci de votre fidélité sur les pages d’Invisible Bordeaux, et rendez-vous en 2018 pour de nouvelles aventures !

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Je me suis récemment procuré un dépliant réalisé aux alentours de 1960 et qui détaille le projet ambitieux de construction d'un pont...

Lorsque le Pont d'Aquitaine était encore le 'Nouveau Pont de Bordeaux'


Je me suis récemment procuré un dépliant réalisé aux alentours de 1960 et qui détaille le projet ambitieux de construction d'un pont suspendu au-dessus de la Garonne entre le quartier Bacalan de Bordeaux et la commune de Lormont. Le pont, connu alors sous le nom de Nouveau Pont de Bordeaux, a finalement été inauguré en 1967 et est vite devenu un site emblématique : le Pont d'Aquitaine. 

Certes, Invisible Bordeaux a déjà consacré un dossier complet au pont il y a quelques années, ainsi qu'un clip vidéo où je partage la vue panoramique depuis les pistes cyclables ! Mais qu'allais-je apprendre de plus en parcourant ce curieux dépliant attribué aux Ponts et Chaussées de la Gironde et comprenant une quantité impressionnante d'informations, de données, de cartes et de schémas, le tout reproduit à partir d'un document manuscrit ? Et, 50 ans après son inauguration, le pont était-il encore la réplique exacte de tous ces dessins techniques ?

Pour commencer, on y découvre le montage financier du projet. Le pont et le viaduc rive gauche devaient coûter 97 millions de nouveaux francs (la France venait à peine de changer de système monétaire), l'équivalent aujourd'hui de 154 millions d'euros (en se basant sur le mode de calcul prenant compte de l'inflation conçu par l'Insee). L’État allait contribuer à hauteur de deux-tiers du montant, le restant étant partagé entre le département de la Gironde et la ville de Bordeaux. En y rajoutant la bretelle d'accès rive droite, le projet franchissait la barre symbolique des 100 millions de francs.

Le dépliant recense également les quantités principales des différents matériels servant à la construction du pont. Pour n'en citer que quelques-uns de ces chiffres, retenons les 132 000 mètres cube de béton armé et ordinaire, 8 500 tonnes de béton armé, 1 900 tonnes de câbles porteurs et suspentes, ou encore 4 350 tonnes d'acier laminé pour les charpentes. Dans sa configuration initiale, la chaussée du viaduc et du pont représentait une surface totale de 25 000 mètres carrés.


Ceci fait partie des éléments qui ont sans doute évolué avec le temps : le dépliant rappelle qu'à l'origine, le pont comprenait une chaussée pour quatre files de circulation (sur une largeur totale de 14 mètres), puis deux pistes cyclables de 1,50m chacune, avec une revanche latérale de 0,40m entre ces pistes et la chaussée. À cela s'ajoutaient deux trottoirs d'1,10m. Lors du remplacement de l'intégralité de la structure de suspension du pont entre 2000 et 2005, le dispositif a été revu pour intégrer 2x3 files de circulation, occupant ainsi tout l'espace entre les pylônes. Le tablier a été élargi de chaque côté et la piste cyclable a été alignée avec les pylônes ; au niveau de ceux-ci, la piste a été déviée via des plates-formes permettant de les contourner par l'extérieur. Les trottoirs pour piétons avaient déjà été supprimés en 1980 pour permettre la création d'une cinquième voie centrale de circulation, et l'accès demeure définitivement interdit aux piétons de nos jours sur le Pont d'Aquitaine.

Cette coupe montre clairement la localisation des pistes cyclables et des trottoirs.
Cette même configuration visible sur le pont peu après son inauguration ; à noter les piétons du côté droit ! Photo reproduite ici avec l'aimable autorisation de son auteur, Jean-Claude Déranlot. Merci Jean-Claude !
Aujourd'hui les pistes cyclables (derrière le grillage rouge) contournent les pylônes par l'extérieur.
En parcourant les croquis techniques, on se rend compte que les sommets des pylônes ont dû été revus entre la conception d'origine et la construction, en voyant notamment la forme des parties horizontales qui forment le trait d'union entre les extrémités des piliers.


Chose rassurante, les calculs des ingénieurs quant à la pente du viaduc et la courbe du système de suspension semblent encore proche de la réalité !




Le tablier déborde au niveau de la piste cyclable, alors que le tout était d'abord aligné. 
Certains schémas, tels que cette coupe du massif d'ancrage rive gauche, proposent un aperçu insolite de l'installation bien que, en regardant le haut du massif, il est probable que le système ait été quelque peu renforcé au début des années 2000, voire lors des nombreuses interventions de maintenance et de réparation pendant les années 1980.


Le dépliant propose également un gros plan sur les câbles porteurs d'origine, composé chacun de 37 câbles élémentaires d'un diamètre de 78,5mm. Pour aller plus loin, chaque câble élémentaire était constitué de 208 fils d'acier de 4,7mm ! En tout, chaque câble porteur (de 48cm de hauteur et 55cm de largeur) pesait 1,15 tonne au mètre. Lors de la refonte du 21e siècle, les principaux changements ont été le diamètre des câbles individuels (72,6mm) et des fils d'acier associés (désormais 127 fils de 4,1mm), ainsi que les dimensions totales des câbles porteurs (aujourd'hui 45cm x 51cm).


À gauche : un câble porteur passant par un collier de suspente. À droite, ce même câble rejoint le massif d'ancrage, le même massif qu'on a aperçu depuis un angle différent plus haut dans l'article.
Enfin, bien que le pont lui-même n'ait pas trop changé d'aspect depuis les années 1960 (encore heureux !), l'infrastructure routière tout autour est méconnaissable. Prenons, par exemple, le modeste carrefour giratoire permettant de relier le pont à l'axe d'accès depuis Bordeaux-centre, ainsi qu'aux "futurs boulevards extérieurs" (ou "la Rocade" pour les intimes !). Au fil des années, le carrefour s'est transformé pour devenir un véritable spaghetti urbain, notamment alimenté par le trafic routier drainé par la zone commerciale, hôtelière et d'expositions du quartier du Lac.

Le plan des années 1960 et la réalité de 2017 (vue depuis Googlemaps) : le carrefour giratoire très minimaliste est un souvenir lointain.
Mais revenons à ce Pont d'Aquitaine, qui ne se porte pas si mal pour un néo-quinquagénaire ! Malgré l'arrivée d'homologues nettement plus tendances, et malgré le fait qu'il ne jouira jamais du même sentiment d'appartenance de la part des Bordelais que le Pont de Pierre, le Pont d'Aquitaine continue à dominer l'horizon au nord de la ville. Et nul ne pourra lui enlever son statut à part de portail entre la ville et les débuts de l'estuaire de la Gironde (quelques kilomètres à peine en aval), et d'ultime moyen en dur pour traverser la Garonne avant l'océan Atlantique.

 
> Localiser sur la carte Invisible Bordeaux : Pont d'Aquitaine, Bordeaux/Lormont
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> Merci à Frédéric Llorens pour la précision sur la suppression des trottoirs pour piétons !
> Et n'oubliez pas de découvrir le panorama depuis le haut du Pont d'Aquitaine grâce à ce clip !

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Un drôle de monument accueille les visiteurs qui arrivent à Eysines depuis le Taillan : une pomme de terre géante qui semble être tombé...

Eysines, ses pommes de terre et sa zone maraîchère


Un drôle de monument accueille les visiteurs qui arrivent à Eysines depuis le Taillan : une pomme de terre géante qui semble être tombée tout droit d’un dessin d’enfant. Et, à peu de chose près, c’est précisément ce qui s’est produit puisque cette pomme de terre géante et son rond-point ont été imaginés par les membres du conseil municipal des jeunes, le tout pour matérialiser les liens particuliers entre la ville d’Eysines et ses pommes de terre.
 
Cette spécialité à part doit tout à la « vallée des Jalles » qui traverse la ville ; les jalles forment tout un réseau de ruisseaux et rivières qui s’échappent vers l’est pour rejoindre la Garonne ou l’estuaire de la Gironde. Pendant de longues années, des moulins à eau exploitèrent les courants de la jalle d’Eysines pour produire des farines vendues à des clients bordelais. Aujourd’hui, le vestige le plus important est le magnifique Moulin Blanc, devenu un restaurant et lieu de réception, le Bistrot de la Jalle.


Tout autour, les riches terres marécageuses servirent à cultiver des légumes à une telle échelle que la zone fut surnommée le « potager de Bordeaux » et le fer de lance de la production était cette pomme de terre d’Eysines dont l’âge d’or se situe à la fin du 19e siècle… période à laquelle de nombreux terrains dédiés à la culture des vignes devinrent littéralement des champs de patates suite au passage du phylloxéra (des insectes homoptères). Parmi les autres légumes cultivés localement à cette époque (et encore aujourd’hui), il y a également le « giraumon brodé galeux d’Eysines », un cousin du potiron à la peau épaisse et rugueuse, à déguster de préférence sous forme de potage. Environ 600 personnes cultivaient alors les terres et actuellement une quinzaine d’enseignes opèrent encore et toujours.


À quoi ressemble donc cette fameuse pomme de terre ? Je me suis présenté à un étalage situé au bord d’une route et me suis procuré quelques échantillons avant de suivre la recette en deux temps qui est préconisée par les experts en la matière : d’abord cuire les pommes de terre (à la vapeur ou dans une casserole d’eau bouillante) puis les faire frire dans un mélange de beurre et d’huile. Je fus d’abord surpris par la maigre épaisseur de la peau des pommes de terre, par leur fermeté et par leur couleur extrêmement pâle une fois pelées.

La première étape « cuisson » ne dura pas longtemps. Au bout d’à peine cinq minutes je sentis qu’elles n’étaient plus fermes et furent prêtes pour le transfert vers la poêle, assaisonnées au passage d’une ou deux pincées de sel et poivre. Quelques minutes plus tard, les pommes de terre étaient prêtes et, en toute honnêteté, elles étaient succulentes et fidèles à leur réputation : douces (merci au sol humide et aux eaux des jalles) et raffinées. Je comprenais mieux pourquoi la pomme de terre d’Eysines était autrefois servie à bord du paquebot de luxe Le France pour ravir ses voyageurs si exigeants. 

Moment de gloire pour les pommes de terre dans la cuisine Invisible Bordeaux : épluchez, coupez, faites bouillir puis revenir et consommez le tout avec beaucoup de plaisir !
Vous pouvez me faire confiance mais je ne suis pas le seul porte-parole de ces tubercules comestibles : la « Confrérie de la Pomme de Terre d’Eysines » fut créée il y a de nombreuses années pour prêcher la bonne parole lors d’événements culinaires à travers la France. Cette association est surtout le moteur des festivités annuelles organisées dans le cadre de la « Fête de la Patate », à savoir trois jours de concerts, de bals et d’assiettes géantes de pommes de terre sous diverses formes pour le plus grand plaisir de plusieurs centaines de participants.


La municipalité n’est pas en reste puisqu’elle cherche également à capitaliser sur ce patrimoine à part en organisant expositions et ateliers pour petits et grands, ou encore par le biais de la création d’un jardin pédagogique où les Eysinais peuvent se familiariser avec la culture des légumes.

Enfin, depuis 2005, la vallée des Jalles accueille chaque printemps une course pédestre, le « Raid des Maraîchers ». Mais nul besoin d’attendre la prochaine édition pour découvrir cette zone à part qui propose un cadre idyllique pour une balade à pied, à vélo ou un parcours de footing, le tout à moins de dix kilomètres du cœur de Bordeaux !

Découvertes au fil d'une balade dont, en bas à gauche, un type de barrage utilisé pour gérer et réguler le flux des eaux dans la zone.
> Localiser sur  la carte Invisible Bordeaux : Moulin Blanc et la zone maraîchère, Potato roundabout, Eysines.
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