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Direction la Base sous-marine à la découverte des Bassins de Lumières

La plus grande nouveauté de la scène culturelle bordelaise en cette année quelque peu irréelle a sans doute été la récente renaissance de l'espace d'exposition de la Base sous-marine de la ville. Bienvenue donc aux Bassins de Lumières, lieu entièrement dédié à l'art numérique, et notamment aux technologies de « mapping » vidéo par projection. Depuis début 2020 ce lieu fait parler de lui dans les médias de toute l'Europe et au-delà, et génère un grand nombre de publications Instagram postées par des influenceurs comme par des anonymes. Bref, je n'avais d'autre choix que de partir à la découverte de cette nouvelle initiative, qui plus est se trouve dans les murs de cette fameuse Base sous-marine, sujet du billet le plus lu sur le blog Invisible Bordeaux !
 

Au total, quatre des onze anciens bassins de la base sont consacrés à l'espace d'exposition des Bassins de Lumières, conçu et géré par le réseau national de musées et d'attractions Culturespaces. Les travaux de reconversion du lieu ont duré plus de deux ans, et si l'ouverture officielle des Bassins de Lumières a été retardée par la crise sanitaire, elle a finalement accueilli le grand public pour la première fois en juin 2020.

Quatre animations sont présentées en ouverture jusqu'à début janvier 2021. L'attraction phare très attendue présente le travail du légendaire peintre symboliste autrichien Gustav Klimt (1862-1918), dans le cadre d'une longue séquence audiovisuelle conçue par les artistes du numérique immersif Gianfranco Iannuzzi, Renato Gatto et Massimiliano Siccardi, en collaboration avec le musicien Luca Longobardi. La deuxième séquence principale est une compilation animée des œuvres du peintre germano-suisse Paul Klee (1879-1940) mis en musique. Deux autres animations multimédia modernes sont présentées dans un espace appelé Le Cube : « Ocean Data » des studios Ouchhh et « Anitya » du collectif Organ’Phantom.


L'expérience visiteur consiste à se déplacer dans la quasi-obscurité de bassin en bassin, et d'apprécier les différentes séquences de mapping vidéo (diffusées en boucle) depuis différents points de vue. Les animations sont reflétées dans les bassins et s'étendent parfois au sol. Les images diffusées par des centaines de projecteurs occupent chaque centimètre carré et les spectateurs sont ainsi entourés par des œuvres d'art à 360°, le tout accompagné en permanence d'une puissante bande musicale. Et bien qu'il y ait un flux constant de visiteurs, il n'y a jamais le sentiment que d'autres personnes gênent ou empiètent sur le spectacle visuel - ces silhouettes mobiles d'inconnus ajouteraient presque à l'ambiance mystique du lieu.


Dans deux espaces fermés, le Cube mentionné plus haut, mais aussi la très cylindrique « La Citerne », les visiteurs découvrent un cadre inhabituel où ils peuvent s'allonger de manière plus ou moins élégante sur de grands coussins posés par terre. Enfin, un ensemble de panneaux d'informations propose un rappel historique du lourd passif de la base sous-marine.

Bien installés au sein du Cube.

La zone historique.

Quel est donc le verdict ? Chose peu étonnante, Invisible Bordeaux a été réellement impressionné par la technologie ainsi que par tout le côté esthétique de cette première exposition de très haut vol, une vraie réussite même si l'obscurité et le défilé constant d'images en font un spectacle assez impersonnel. La qualité du son laisse à désirer dans certaines zones de l'espace, en sachant que l'acoustique du lieu ne facilite certainement pas ce genre de chose. Quant aux différentes séquences de ce programme inaugural, les animations Klimt et Klee séduiront forcément les connaisseurs bien qu'un fil conducteur soit difficile à repérer, alors qu'un passage dans le Cube donne parfois l'impression d'être enfermé dans un énorme économiseur d'écran Windows 98.
     

Quoi qu'il en soit, suivant les traces de la Cité du Vin et de la salle de spectacles Arkéa Arena, toutes deux inaugurées ces dernières années, ce nouveau-venu dans le paysage bordelais est un symbole fort de la volonté de la ville de s'assurer d'une place durable et incontestée dans la cour des grands des hauts lieux culturels européens. Cette mission semble être en bonne voie à en juger par la proportion importante de visiteurs internationaux présents lors de la chaude journée estivale où j'y étais (malgré le faible nombre de touristes étrangers à Bordeaux cette année).


Et si le meilleur restait encore à venir pour les Bassins de Lumières ? Ce lieu pourrait en effet servir de canevas à des innovations sans limite. Il reste à imaginer un spectacle qui soit non seulement un chef d’œuvre technique et qui surprenne, mais qui soit aussi accessible et pertinent pour toutes les générations, ainsi que toutes les populations. En cochant toutes ces cases, nous serons face à quelque chose de tout à fait sublime... et j'y retournerai avec grand plaisir ! 


> Localiser sur la carte Invisible Bordeaux : Bassins de Lumières, Base Sous-marine, impasse Brown de Colstoun, Bordeaux
> Informations complètes à retrouver sur le site officiel : www.bassins-lumieres.com
> This article is also available in English!

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