Pour ce nouveau numéro du podcast Invisible Bordeaux Music, nous rencontrons Vincent Jouffroy, acteur incontournable de la scène culturelle ...


Pour ce nouveau numéro du podcast Invisible Bordeaux Music, nous rencontrons Vincent Jouffroy, acteur incontournable de la scène culturelle à Bordeaux et bien au-delà, artiste notamment à l’origine des excellents projets I Am Stramgram et Terland, dont le dernier single « Personne n’écoute » est disponible sur les plateformes depuis mi-novembre 2024.

Installés tous les deux confortablement dans le home studio de Vincent à Bègles, nous dressons les contours de ces deux créations distinctes mais complémentaires, nous explorons les autres projets artistiques de Vincent, nous découvrons quelques secrets de fabrication de « Personne n’écoute », nous parlons des exigences des réseaux sociaux, et nous nous attardons également sur Sufjan Stevens, sur la venue à Bordeaux du Roi Charles III et évoquons au passage une prestation dans le rayon saumon d’un supermarché. 

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Site internet de Vincent Jouffroy
> « Personne n'écoute » sur toutes les plateformes
> L'univers Terland
> Site internet I Am Stramgram

Vincent lors de l'enregistrement du podcast !

  L'esprit Invisible Bordeaux est à retrouver une fois de plus sur le nouvel E.P. de Slowrush, The Story Starts... ! En effet, comme le...

 


L'esprit Invisible Bordeaux est à retrouver une fois de plus sur le nouvel E.P. de Slowrush, The Story Starts... ! En effet, comme les lecteurs fidèles le savent, ces derniers temps, mon projet musical Slowrush a pris le pas sur le blog Invisible Bordeaux en termes de temps et d'énergie. Mais cela ne veut pas dire que les deux projets ne se nourrissent pas l'un de l'autre. En effet, trois chansons de la cinquième collection publiée par notre trio Britpop sont directement inspirées par des sujets traités sur le blog par le passé... c'est en quelque sorte du slow tourisme en musique !


Sur ce nouvel E.P., le périple musical commence par la découverte des très méconnus jardins des villes jumelles, qui subissent les affres du temps dans la réserve écologique des Barails au nord de Bordeaux. Avec son ambiance très folk-pop acoustique, c’est ainsi le titre « Twin City Gardens » qui invite à ce voyage qui permet d’être instantanément dépaysé sans aucunement avoir à se déplacer, comme le démontre le clip musical à découvrir sur Youtube.



« Degrees of Separation », aux accents Britpop, revient sur le parcours du musicien new-yorkais Mort Shuman, qui repose à Bordeaux-Caudéran, et évoque la fierté de Slowrush de partager l’histoire du chanteur de « Papa Tango Charly » dans le cadre de la conférence musicale que nous présentons occasionnellement, à savoir le projet parallèle Le Shuman Show !

« The Story Starts (With a Bass Guitar) » raconte en quelques couplets l’histoire étonnante de Gilles Bertin, bassiste dans les années 1980 du groupe de punk bordelais Camera Silens avant d’être impliqué dans un braquage et de fuir vers le Portugal puis en Espagne. Après sa cavale de 30 ans, Bertin a cherché à se racheter et à reconstruire de toutes pièces son identité, avant son décès des suites d’une maladie à l’âge de 58 ans. Ce morceau à la ligne basse hypnotique est parmi les plus rock et les plus ambitieux du répertoire de Slowrush.

L’EP se referme sur une chanson nettement plus calme qui n’aborde pas de thème girondin mais dont le titre reste néanmoins un clin d’œil à la France : « Amie Mon Amie ». En grande partie instrumentale, cette ritournelle mélancolique jouit d’une ambiance particulière, grâce notamment à la présence de la voix d’Elise Rols, épouse d’Olivier, qui apporte une dimension inattendue au morceau, dont les paroles sont signées par un ami de longue date, John Parker. Le clip qui accompagne la chanson puise dans un "home movie" américain des années 1940.



Les quatre chansons de The Story Starts... ont pu bénéficier de l’expertise en mixage et mastering de Sylvio Arrondo des studios Klarkson Mixing dans le Sud Gironde. La pochette, non sans rappeler les univers visuels de Belle and Sebastian ou des Smiths, est une curieuse photo datant des années 1950 prise sur la plage de Great Yarmouth dans le sud-est de l’Angleterre. Au micro et en costard-cravate, le pasteur évangélique Robert Fairnie prêche la bonne parole à ses auditeurs en culottes courtes !
L'E.P. est à retrouver sur la page Bandcamp du groupe ou sur la plateforme streaming de votre choix en cliquant ici... ou tout simplement via le lecteur ci-dessous. Enjoy et rendez-vous en 2025 pour écouter ces chansons en "live" !

L'effervescence du centre de Bordeaux peut parfois devenir un peu pesante, n'est-ce pas ? Dans ce cas, il n'y a rien de plus res...


L'effervescence du centre de Bordeaux peut parfois devenir un peu pesante, n'est-ce pas ? Dans ce cas, il n'y a rien de plus ressourçant que de se détendre près du plus grand mur végétal de la ville. Nous voici donc dans le square Vinet... à deux pas à peine des rue Sainte-Catherine et place Camille-Jullian toujours si animées!


Entre la rue du Cancéra et la rue Vinet, cette petite place tranquille bordée de platanes date des années 1970 et sa création suite à la démolition d'une rangée d'immeubles vétustes. Le tournant qui nous intéresse s'est produit en 2005 avec l’ajout de son curieux (et très joli) mur végétal de 100 mètres de long (ou d’une surface de 400 mètres carrés, selon !), dans le cadre d'un réaménagement important qui a coûté 540 000 euros. Les travaux ont été controversés à l'époque, mais (si l'on en croit les archives) principalement parce que les balançoires à l'ancienne ont été remplacées par des jeux plus modernes pour les enfants. « Beau mais trop intello », titrait alors le quotidien Sud Ouest !


Le Square Vinet dans toute sa splendeur.

Bref, revenons à notre mur végétal, c’est-à-dire ?... Du côté de Wikipédia, il est précisé que « les concepts de mur vivant, mur-manteaux végétalisé et mur végétal décrivent des jardins ou écosystèmes verticaux, plus ou moins artificiels. Ces parois verticales végétales ou végétalisées sont conçues tantôt comme éléments esthétiques et de décor intérieur ou extérieur (dans le cadre du jardinage urbain), tantôt comme œuvres d'art utilisant le végétal, ou encore comme éléments d'écologie urbaine. »


Le mur végétal du Square Vinet a vu le jour dans le cadre d'une charte paysagère menée par le paysagiste Michel Desvignes. La conception du mur est, selon le site de la municipalité, « le fruit de la recherche scientifique et du talent artistique du botaniste Patrick Blanc » (à qui l'on doit également le mur végétal du Musée des Arts Premiers Quai Branly à Paris), le tout ayant été « mis en œuvre avec le service des Espaces verts de la Ville ».


Il faut en effet aimer le vert. 

Le mur est composé de « multiples espèces végétales aux textures et aux couleurs adaptées à l’univers ludique des enfants ». Car oui, la place comprend toujours ces équipements (un toboggan et divers objets mystérieux sur ressorts) destinés à occuper les plus jeunes du quartier ! Que demander de plus ?


Mais même pour les visiteurs sans enfants, la petite place constitue une découverte intéressante, et le contraste entre le mur végétal du square Vinet (Elie Vinet, soit dit en passant, était un éminent professeur, historien et écrivain bordelais du XVIe siècle) et la pierre blonde des bâtiments environnants est frappant.


Deux murs, deux ambiances.

À noter que le mur végétal Vinet n'est pas le seul dans la ville, un autre se trouve dans le quartier Mériadeck, le long de la salle du conseil de Bordeaux Métropole. Avec, en prime, le bassin qui l'entoure et la sculpture abstraite en bronze de François Cante-Pacos (et oui, il y a même de jolis poissons rouges !). 


Les murs végétaux de la salle du conseil de Bordeaux Métropole. Et un poisson rouge. 

Il y a également eu des projets de murs végétaux moins réussis, notamment sur le cours de la Martinique, où un immeuble résidentiel arborait des rangées de verdure qui traversaient les balcons de chaque appartement, une fois encore selon les plans de Patrick Blanc. L'entretien et la maintenance se sont avérés difficiles et le système d'évacuation des eaux était inefficace, ce qui entraînait, lors des périodes de froid, des dégâts liés au gel de la structure des balcons et des trottoirs dangereusement verglacés au niveau de la rue. En 2012, cinq ans seulement après leur installation, ces jardins suspendus du cours de la Martinique faisaient donc déjà parler d'eux pour de mauvaises raisons dans le Sud Ouest. Quelques années plus tard, les balcons de l'immeuble sont désormais bien lisses !   


> Localiser sur la carte Invisible Bordeaux : Square Vinet et Bordeaux Métropole building and green wall, Bordeaux.
> This article is also available in English! 
> Un grand merci à Mathias Cisnal (auteur du guide Mériadeck - Parcours en ville) pour ses précieux conseils ! 

Je ne sais plus trop comment cela s'est produit, mais je suis tombé sur une publication réseaux sociaux datant de 2019 annonçant l'i...

Je ne sais plus trop comment cela s'est produit, mais je suis tombé sur une publication réseaux sociaux datant de 2019 annonçant l'installation de nouvelles boîtes à livres très originales à divers endroits de l'agréable commune d'Eysines, toutes répertoriées par ailleurs sur une carte disponible sur le site web de la municipalité. La plupart des boîtes à livres d'Eysines ont ceci de particulier qu'au lieu d'être de simples structures rectilignes en bois, chacune d'entre elles reflète son environnement et a été fabriquée de manière artisanale par les agents techniques de la ville. Inutile de dire que cela nécessitait bien un périple dominical ! 


Bien sûr, le principe de base de ces micro-bibliothèques publiques est simple : venez, feuilletez un peu, déposez idéalement un livre et, en retour, emportez-en un chez vous. Pour les besoins de ce projet, j'ai adapté cette règle au format de mon roadtrip, en apportant d'abord un livre au vivier, puis en sélectionnant à chaque bibliothèque un livre que je laisserais à mon prochain arrêt, formant ainsi une sorte de chaîne continue reliant les différentes boîtes à livre. Pour commencer, le livre que j'ai déposé dans la première boîte à livres était le très Invisible Bordeaux-friendly « Grandir à Bordeaux dans les années 1940 et 1950 » de Véronique Cardinal. Quelle œuvre allais-je rapporter chez moi dix arrêts plus tard ?



Ma première boîte à livres avait la forme d'un tramway d'époque de la ligne "Eysines Bourg", installé ici un peu avant la mise en service de l'arrêt actuel "Eysines Centre" de la ligne D du tramway. La bibliothèque était en bon état et proposait un bon choix de livres. C'était aussi ma première expérience du travail accompli par les équipes techniques d'Eysines : je me suis rendu compte que les charnières des portes contiennent un solide mécanisme à ressort, de sorte qu'une fois relâchées, les portes se referment automatiquement sur elles-mêmes. C'est très astucieux. J'ai échangé mon livre de Véronique Cardinal contre un classique de la littérature qui me ramènerait à mes années d'université : « Le Père Goriot » de Balzac. 



La deuxième étape s'est déroulée dans le verdoyant Bois du Derby, dont le nom pourrait éventuellement faire référence à l'hippodrome voisin. En forme d'arbre coloré, la bibliothèque se compose de deux petites maisons pour ranger les livres, l'une à hauteur d'adulte et l'autre à hauteur d'enfant.



Cette dernière était sinistrement vide... et les portes à ressorts étaient absentes. Pour une raison ou une autre, cela a réveillé le politique qui sommeille en moi et « Le Père Goriot » a ainsi été remplacé par « Un fantasme nommé Juppé » d'Anna Cabana.

La troisième boîte à livres était un peu plus difficile à trouver, située dans un ensemble résidentiel (les Cottages), à côté d'une aire de jeux pour enfants et d'un petit terrain de football. 


En dépit d'un avis manuscrit appelant à la bienveillance collective, cette bibliothèque avait manifestement connu des jours meilleurs... et était complètement vide, à l'exception d'un livre d'images pour enfants abîmé par les intempéries. J'ai préféré laisser les choses en l'état. 

Ensuite, direction la place Florale qui, un dimanche matin, est très animée car... c'est jour de marché ! Hourra ! J'ai donc été accueilli par une foule de personnes faisant le plein de denrées alimentaires à ce marché de Migron, le tout accompagné par une odeur de poulet rôti dans l'air et rythmé par un chanteur-guitariste interprétant de vieux airs de Bob Dylan dans un anglais approximatif. La boîte à livres de la place Florale est assez fabuleuse (bien qu'elle n'ait pas non plus sa porte de protection), en forme de vieille fourgonnette Citroën. S'agit-il d'une référence à une fourgonnette Citroën en particulier ou simplement d'une allusion aux camelots qui s'installent ici tous les week-ends ? 



En tout cas, le jour où j'y étais, il y avait des parallèles évidents avec le camping-car garé à côté qui vendait des plants de tomates ! Cette halte m'a également permis de voir pour la première fois une nouvelle œuvre d'art public remarquable, une sculpture en bronze signée Ibai Hernandorena représentant trois jeunes locaux qui sont en situation de handicap. L'œuvre intitulée « Jéremy, Germain et Olivier », que vous pouvez découvrir en cliquant ici, mériterait peut-être un article à part entière dans Invisible Bordeaux ! Je suis parti, désormais avec « Mars et Vénus sous la couette » de John Gray bien rangé dans mon sac. 



Je me dirigeais à présent vers le Bois Gramond, un agréable espace de verdure niché au milieu de rues résidentielles et bordé au nord-ouest par la Rocade. D'après ce que j'ai pu constater pendant mon court séjour, le parc est un peu le paradis des joggeurs et des promeneurs de chiens. Il abrite également la plus spectaculaire des boîtes à livres d'Eysines : une cabane avec des étagères bien garnies sur tous les côtés et une invitation à profiter du cadre à tout moment de l'année, chaque côté de la cabane évoquant l'une des quatre saisons.


Des hublots donnant sur le monde extérieur complètent le tableau. C'est vraiment très sympathique. J'ai échangé mon livre de thérapie sexuelle contre « Le théorème du perroquet » de Denis Guedj, simplement parce que j'aimais le titre et la couverture.

J'ai ensuite découvert une boîte à livres sur le thème du zèbre qui, comme son homologue des Cottages, était un peu plus difficile à trouver, cachée au milieu des parkings bondés du complexe résidentiel du Grand Louis. Une fois de plus, j'ai choisi de remonter le temps jusqu'à mes années d'étudiant en optant pour le « Huis Clos » de Sartre.   


Il y avait à peine 400 ou 500 mètres à parcourir avant d'atteindre la prochaine boîte à livres, simplement décrite sur le plan comme étant "à côté des écoles". Elle était en fait assez facile à localiser. Sa conception n'était peut-être pas des plus originales, mais elle offrait un avantage inattendu : une vue imprenable sur l'équipe de baseball locale, les Raiders, en plein match  


Après m'être momentanément laissé emporter par le jeu de balle, je me suis concentré sur ma prochaine lecture : « Sept années perdues » de George Bellairs.

Je me dirigeais à présent vers la "Maison Guy Queyroi", qui semble être une sorte de bâtiment polyvalent comprenant salles de réunion pour les associations locales et autres. Sa boîte à livres, qui se trouve à l'extérieur mais à l'abri des intempéries, est d'une conception très conventionnelle, mais ce qui manque d'originalité est plus que compensé en termes d'offre. Il s'agit manifestement d'un point névralgique pour le prêt et l'emprunt, et elle débordait littéralement de livres ce dimanche matin. J'ai opté pour un récit d'espionnage à la couverture un tantinet coquine : « À Bout de Patience » de Serge Laforest.



J'aurais très bien pu rater l'entrée de ma prochaine destination, le parc du Limancet. En passant devant la première fois, le portail métallique semblait non seulement fermé mais verrouillé. Ce n'est qu'en revenant sur mes pas que j'ai remarqué qu'il y avait heureusement un moyen tout à fait légitime de contourner le portail et d'entrer dans cet agréable espace boisé. Une fois à l'intérieur, je craignais d'avoir du mal à localiser la boîte à livres, mais je l'ai vite repérée, à côté d'une grande grange. Pas besoin d'être un personnage d'un roman d'espionnage de Serge Laforest pour remarquer la similitude entre les deux, la bibliothèque est en fait une version minuscule du bâtiment voisin !


Les livres exposés étant un peu décevants, j'ai finalement opté pour une histoire torride de la collection Harlequin "Série Tentation" : « Vos Désirs Sont des Ordres » de Lee Magner.       

Mon dernier arrêt était maintenant en vue, à l'aire de jeux pour enfants au cœur des grands espaces du domaine du Pinsan... qui a déjà fait son apparition sur le blog dans l'un de mes articles occasionnels sur les catastrophes aériennes. Le design coloré de cette dixième boîte à livres, avec ses grands yeux expressifs (bizarrement couronnés par des cils qui sont en fait placés au-dessus des sourcils du personnage) et ses deux rangées de dents pointues encadrant les deux étagères de livres, est tout à fait adapté aux enfants. La bibliothèque semble en colère, ou affamée, ou peut-être les deux.  


Une fois de plus, le choix de livres disponibles n'était pas extraordinaire, mais j'ai finalement opté pour « Un Taxi Mauve » de Michel Déon, un roman de 1973 qui se déroule en Irlande et qui a ensuite fait l'objet d'un film mis en scène par Yves Boisset. C'est donc le livre que j'allais ramener à la maison !

Ce voyage à la découverte des boîtes à livres d'Eysines était donc terminé mais, après ô combien de rebondissements en chemin (enfin, des rebondissements certes assez modestes), cette mission était bel et bien accomplie. Le bilan ? Certaines de ces boîtes à livres sont tout simplement exceptionnelles : les bibliothèques en forme de tramway et de camionnette sont des incontournables, et la cabane de lecture quatre saisons du bois Gramond est particulièrement splendide. D'autres, en revanche, mériteraient un petit coup de neuf (du côté de la résidence les Cottages, par exemple). Et, bien sûr, embarquer sur un tel itinéraire est aussi synonyme d'autres choses à voir sur le parcours : un joli marché du dimanche matin, la belle sculpture d'Ibai Hernandorena sur la place Florale, une partie haletante de baseball, puis la découverte du méconnu parc du Limancet... autant de découvertes en chemin tout simplement parce que j'étais à la recherche de quelques bibliothèques faites main !

Avis donc aux habitants d'Eysines (et d'ailleurs), sortez et profitez de ces curiosités, et chapeau aux équipes municipales qui ont conçu et fabriqué ces boîtes à livres on ne peut plus insolites. Bravo à eux ! 
 

Dans les quartiers nord de Bordeaux, près de l'endroit où la cité des Aubiers a été construite dans les années 1970, trois éléments du p...


Dans les quartiers nord de Bordeaux, près de l'endroit où la cité des Aubiers a été construite dans les années 1970, trois éléments du paysage montrent à quel point la ville a évolué et continue d'évoluer, mais démontrent également que certaines solutions temporaires s'avèrent bien plus durables que prévu. C'est l'histoire d'un pont, d'un terrain vague et d'un toboggan (ou autopont), correspondant aux trois zones identifiées dans la photo aérienne ci-dessus, datant de 1984.
 

Le pont

Le pont en question est le pont de Cracovie. Ce pont a été ouvert en 1967 pour faire face à un afflux de trafic entrant dans Bordeaux par le nord, suite à la mise en place du tout nouveau Pont d'Aquitaine permettant de traverser la Garonne depuis Lormont, connectant ainsi le trafic routier arrivant de l'autoroute A10 aux premiers tronçons de la Rocade.

S'il était fort logique de créer cette voie d'accès à Bordeaux, il y avait un obstacle à franchir : une ligne ferroviaire de fret qui permettait de relier le quartier portuaire des bassins à flot à la gare Saint-Jean, au sud de la ville. Pour passer d'un côté à l'autre, un pont routier sans prétention a donc été livré : voici donc venir le pont de Cracovie..

L'arrêt de tram Cracovie se trouve là où se situait jadis le pont.

Enfin, un pont, c'est bien, mais s'il était synonyme d'accessibilité pour les uns, il est devenu une barrière physique pour les autres. Pour les premiers habitants de la cité des Aubiers, le pont a ajouté au sentiment d'isolement avant que d'autres projets immobiliers ne prennent forme aux alentours. Ils étaient physiquement coupés du reste de la ville, desservis par une seule ligne de bus. Si on avait le malheur de rater le dernier bus pour rentrer chez soi, il n'y avait pas d'autre alternative que de passer sous le pont à pied, en traversant la voie ferrée, et de s'aventurer dans un environnement dangereux et inhospitalier. 

 

Le pont a finalement été démoli en 2006 pour faire place aux rails du nouveau réseau de tramway, qui a été installé au niveau du sol, l'utilisation de la ligne ferroviaire de fret ayant cessé dans l'intervalle. L'arrêt de tramway qui en résulte a été baptisé « Cracovie ». La chute du pont a été une révélation pour certains. Dans une vidéo qui retrace l'histoire du domaine des Aubiers, un témoin définit le pont comme « une frontière… Dès qu’on a cassé le pont, comme par hasard il y avait Bruges comme si c’était chez nous, à côté, ou le Grand Parc, alors que le pont, c’était bizarre, le pont posait des problèmes. « Laisse tomber, c’est loin Bruges », alors que c’est à côté ! Le pont nous a marqués. »


La démolition du pont en 2006. Cette photo ainsi que la première du pont tirée d'une vidéo Bordeaux Ma Ville sur Dailymotion.

Ces clichés aériens (à retrouver sur le site IGN Remonter Le Temps) datent de 1961, 1965, 1976 et 2012. Le pont de Cracovie est visible sur la photo de 1965, mais n'était pas encore en service. La cité des Aubiers est visible sur la photo des années 1970. Sur la photo de 2012, le pont a fait place au réseau de tramway. Voir aussi la compilation vidéo de ces photos et d'autres à la fin de l'article !

Le terrain vague


Les habitants des Aubiers étaient également enfermés par les vastes voies de garage qui s'étendaient le long de leurs bâtiments. Des photos aériennes montrent que ces rails ont été définitivement retirés vers 2010, mais rien n'a immédiatement pris leur place sur ce terrain qui comprend officiellement deux parcelles, l'une appartenant à Bordeaux Métropole, l'autre au Port de Bordeaux.
 

Ces dernières années, le terrain s'est progressivement transformé en un bidonville de migrants composé de logements de fortune construits par des Roms roumains et bulgares. Au début de l'année 2021, on estimait à jusqu'à 400 le nombre de personnes qui logeaient sur le site, et au fil du temps, la tension est montée entre les habitants du bidonville et leurs voisins des Aubiers. Selon divers récits cela serait principalement dû à la musique et aux nuisances sonores à toute heure, mais aussi à la fumée et aux odeurs causées par la combustion du revêtement plastique des fils électriques pour récupérer le cuivre..


À la fin de l'année 2021, le bidonville a été définitivement évacué suite à une série d'incendies résultant des tensions entre migrants et riverains. À l'heure où nous écrivons ces lignes, la quantité de débris qui subsiste sur le site demeure impressionnante : voitures et camions éventrées, caddies de supermarché, restes de caravanes, de meubles en plastique, etc. Mais il y a aussi un permis de construire annonçant ce qui va suivre, à savoir deux immeubles de bureaux et un parking. Ces nouveaux locaux devraient accueillir les bureaux de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie de la Gironde et une école du cirque. 


Le toboggan


À l'extrémité est de la future ancienne friche, l’on peut découvrir une structure qui ne figurera jamais sur une liste des incontournables touristiques à Bordeaux, et pourtant sa survie au fil des décennies mérite bien qu'on lui consacre quelques paragraphes sur le blog Invisible Bordeaux. Nous vous présentons l'autopont de Latule ! (Ou encore le VMD Latule, pour viaduc métallique démontable, pour les puristes !)
 

Il s'agit là encore d'un pur produit de l’expansion de Bordeaux vers le nord, et de la nécessité, au début des années 1970, de faciliter et fluidifier la circulation automobile depuis le centre de Bordeaux et ses boulevards vers la Rocade, ou encore les nouveaux complexes commerciaux, hôteliers et d'exposition du quartier Bordeaux-Lac. En ce point stratégique où  plusieurs grands axes se rejoignent, ce viaduc alors futuriste a ainsi été installé en 1973 (ouverture à la circulation le samedi 10 novembre 1973 selon Frederick Llorens dans son excellent ouvrage 'L'automobile à Bordeaux')... il aura donc bientôt 50 ans !
 

La structure métallique à voie unique mesure 254 mètres de long, 3,5 mètres de large et se compose de 13 travées dont les longueurs varient entre 12 et 30 mètres. Conçu à l'origine pour une utilisation de courte durée, il doit faire l'objet de travaux d'entretien réguliers, ce qui lui vaut une bonne visibilité dans les infos trafic, car les fermetures entraînent d'importants ralentissements (et affectent par ricochet les plans de voyage des passagers des 13 000 voitures qui l'empruntent chaque jour). L'autopont a en outre été entièrement restauré à deux reprises, en 1984 et 1996.

Mais le plus remarquable est sans doute que le viaduc soit toujours en place et reste fidèle au poste. Il a été question de transformer le carrefour en un gigantesque giratoire, ou encore de détourner entièrement le trafic automobile pour libérer l'espace, qui serait alors dévolu aux piétons et aux cyclistes. Mais il est toujours là, un ovni rouge bordeaux dans le paysage bordelais, comme s'il devait se trouver dans une grande métropole américaine, vestige d'une époque révolue mais pas si lointaine où les choix d'infrastructures urbaines étaient entièrement centrés sur la voiture. Compte tenu du climat actuel et de la montée en puissance de moyens de transport urbains alternatifs, parlera-t-on encore de l’autopont de Latule dans 50 ans ?  

Et maintenant, place à une vidéo "timelapse" qui démontre combien le secteur a évolué depuis 1924 !

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> Localiser sur la carte Invisible Bordeaux map : site of former Pont de Cracovie, Cracovie wasteland, Latule flyover.

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Le podcast Invisible Bordeaux change de cap en devenant... Invisible Bordeaux Music ! Le podcast se focalisera donc dès à présent sur la sc...


Le podcast Invisible Bordeaux change de cap en devenant... Invisible Bordeaux Music ! Le podcast se focalisera donc dès à présent sur la scène musicale bordelaise. Artistes confirmés, vedettes en devenir, groupes underground, labels, associations, salles de concert, magasins de disques, tous auront leur place au fil des mois ! 

Le premier épisode du podcast nouvelle génération met à l'honneur Richard Berthou, figure incontournable de l’association Bordeaux Rock et programmateur du festival de documentaires musicaux ⁠Musical Écran⁠, dont la 10e édition se tient du 5 au 15 novembre 2024 à Bordeaux au Théâtre Molière, au Cinéma Mégarama, aux Avants-Postes et à la Cour Mably, ainsi que du côté de Bègles, au cinéma La Lanterne.

Ensemble nous évoquons le format du festival ainsi que la programmation 2024, en s'attardant notamment sur la venue du réalisateur Mark Kidel, et ce à quoi s'attendre des documentaires sur ⁠Blur⁠, ⁠Tricky⁠, et ⁠Robert Wyatt⁠, sans oublier ⁠Googoosh⁠, ⁠les Hard-Ons⁠ ou ⁠Ravi Shankar⁠... et le bouquet final du mythique Stop Making Sense des ⁠⁠Talking Heads⁠.

Nous revenons également sur les temps forts des éditions précédentes avant d'évoquer la suite de l'aventure...

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> Programmation et billetterie sur ⁠bordeauxrock.com⁠

Bon, il est temps de l'avouer, j'adore les cartes. Alors, comme vous pouvez l'imaginer, j'ai été très enthousiaste lorsque j...


Bon, il est temps de l'avouer, j'adore les cartes. Alors, comme vous pouvez l'imaginer, j'ai été très enthousiaste lorsque j'ai appris qu'une nouvelle œuvre d'art public avait été installée sur la place Marie de Gournay, dans le quartier en devenir du Belvédère à Bordeaux, sur la rive droite de la Garonne, non loin de l'endroit où le pont Saint-Jean s'étend sur le fleuve. 

L'œuvre s'intitule « La Carte, à l'ombre de la ville » et est signée par l'artiste argentin Leandro Erlich. En bref, il s'agit d'une canopée en aluminium de 400 mètres carrés, soutenue par 14 piliers métalliques de cinq mètres de haut, chacun reproduisant la forme d’un tronc de pin maritime. Et, argument de poids, l'œuvre a la forme d'un plan de la ville de Bordeaux, qui s'étend agréablement au-dessus de la tête en levant les yeux, ou qui peut également observé au niveau du sol lorsque le soleil est de la partie !


Initialement installée ici en juin 2023 et accessible au grand public depuis la fin de cette même année, l'œuvre a été financée par le Fonds Cré'Atlantique, une fondation philanthropique créée par les promoteurs immobiliers publics Bordeaux Euratlantique et les distributeurs locaux d'eau de vie/brandy le Groupe Bernard. Les 20 tonnes d'aluminium ont adopté leur nouvelle forme à la fonderie d’art « Fusions », dans le Puy-de-Dôme, sur une période de 18 mois. Lorsque le journal Sud Ouest a rencontré Leandro Erlich, l'artiste a souligné l'un des messages clés du projet : « L’arbre soutenant la ville : c’est un symbole fort en ces temps cruciaux pour la planète. » 

Plus important encore, la canopée apportera physiquement un peu d'ombre aux habitants de ce nouveau quartier, d'autant plus que cette place, bien qu'entourée de grands immeubles sur trois de ses quatre côtés, sera particulièrement exposée au soleil estival de plus en plus chaud de la Gironde. Des arbres ont bien été plantés sur un côté de la place, mais la présence d'un parking souterrain a obligé à laisser une grande partie de la zone dépourvue de toute forme de végétation, lui donnant presque l'aspect d'une esplanade surélevée d'antan que beaucoup associent au grand quartier mal-aimé de Mériadeck.

Les troncs métalliques sont aussi réalistes que ceux des vrais arbres au loin.
 
Il faut lever les yeux !
Il se peut que je me trompe, mais l'apparition de cette nouvelle œuvre d'art semble être passée largement inaperçue pour la population locale, peut-être parce que ce quartier du « Belvédère » s'est développé progressivement et n'est pas apparu du jour au lendemain. Cependant, lorsque j'ai partagé des photos de l'œuvre sur les médias sociaux, au lieu du manque d'engagement auquel je suis habitué, cette publication a été accueillie, sur Facebook au moins, par de nombreux commentaires, partages et réactions, pour la plupart négatifs. 

La colère était principalement dirigée vers des aspects allant de l'absurdité générale de l'installation et du symbole mystifiant des troncs d'arbres métalliques, à l'utilisation de l'aluminium pour la canopée, qui, il est vrai, pourrait en fait amplifier la chaleur ambiante lorsqu'il fait chaud. Un internaute a suggéré qu'étant donné que l'aluminium est un bon conducteur de chaleur mais qu'il émet environ 95 % des rayons infrarouges qu'il reçoit, l'endroit pourrait devenir un lieu de barbecue idéal ! Très vite, les commentaires sont même passés de la critique constructive à la polémique... alors que l'intention initiale d'Invisible Bordeaux était simplement de partager la photo d'une ombre au sol en forme de plan de la ville.

Panneau d'information avec son QR code et sa mini-version de la grande carte de Bordeaux.
Quelle sera la suite ? Sommes-nous en présence d'un site qui, avec le temps, s'avérera impopulaire et controversé ? Ou est-ce que cela deviendra un endroit que les habitants adopteront, se rassemblant et socialisant sous la carte géante, tout en regardant vers le haut ou vers le bas pour voir s'ils peuvent repérer la silhouette distinctive des boulevards ou d’une autre rue emblématique du Port de la Lune ?

Ce que je peux dire, c'est qu'à chaque fois que je passe dans le quartier, j'ai l'impression que les bâtiments qui ont été construits manquent d’identité qui leur est propre. Par exemple, il n'y a rien de particulièrement bordelais dans une vue comme celle-ci, la photo pourrait honnêtement avoir été prise n'importe où dans le monde occidental. 

Londres ? Paris ? New York ? Munich ? Le quartier Belvédère.

Mais tel est la notion du progrès au 21e siècle. Ceci dit, si le progrès consiste aussi à produire des œuvres d'art en forme de carte géographique, alors ce n'est peut-être pas si mal. Car ai-je dit que j'aimais les cartes ? 

> Localisez sur la carte Invisible Bordeaux map : 'La Carte, à l'ombre de la ville', place Marie de Gournay / quai Deschamps, Bordeaux.
> Et partez à la découverte des coulisses de la création de l'œuvre grâce à cette excellente vidéo : 


Cliquez ici en cas de problème d'affichage.

Vous allez visiter Bordeaux dans les semaines à venir ? Ou bien vous y vivez déjà mais vous avez envie de sortir et de découvrir un peu plus...


Vous allez visiter Bordeaux dans les semaines à venir ? Ou bien vous y vivez déjà mais vous avez envie de sortir et de découvrir un peu plus votre ville ? Dans tous les cas, Invisible Bordeaux peut vous aider à tirer le meilleur parti de la ville grâce à ces cinq circuits pédestres autoguidés, disponibles sous forme de guides PDF entièrement gratuits et téléchargeables, avec des cartes détaillées, des explications et des photographies originales, ainsi qu'une carte Googlemap dédiée en option pour vous aider à trouver votre chemin.


Ce n'est un secret pour personne, l'une des meilleures façons de visiter Bordeaux, c'est tout simplement à pied. Enfilez donc vos chaussures de marche et rendez-vous sur le site web dédié bordeauxwalks.blogspot.com pour suivre l'une des cinq promenades autoguidées proposées en échange de très précisément zéro euro et de zéro donnée personnelle !

Les cinq livrets présentent les lieux incontournables de Bordeaux (circuit n°1), ses secrets insolites (n°2), ses quartiers élégants (n°3), ses quartiers plus terre-à-terre (n°4), et le surprenant quartier de la Bastide, sur la rive droite de la Garonne (n°5). Chaque circuit pédestre couvre une distance comprise entre 4 et 6 kilomètres (soit 2 à 3 heures), mais rien ne vous empêche de prendre un peu plus de temps pour visiter les musées, les églises, etc.  

And, you know what, the five guidebooks are also available in English! Hurrah!

Rendez-vous sur le site des Balades Invisible Bordeaux et partez à la découverte de la ville. Bonnes balades !

Informations complètes et fichiers PDF téléchargeables ici : 
https://bordeauxwalks.blogspot.com

Pour ce nouvel épisode du podcast Invisible Bordeaux nous rencontrons Tanguy Coureau, présentateur de l’émission HandiSport Go sur France 3 ...



Pour ce nouvel épisode du podcast Invisible Bordeaux nous rencontrons Tanguy Coureau, présentateur de l’émission HandiSport Go sur France 3 NoA, pour Nouvelle-Aquitaine, où il part à la découverte des sportifs et des clubs handisport de la région !

Apprêtez-vous à être bluffé par ce jeune homme plein d’enthousiasme et d’énergie, un personnage on ne peut plus inspirant qui démontre au quotidien que tout est possible, même en situation de handicap. 


Il dévoile comment son aventure dans les médias a commencé en descendant d’un tall ship en provenance de Dublin, il partage quelques temps forts et les coulisses de ses tournages en compagnie de l’équipe de Grenouilles Productions, il évoque son autre vie au sein de l’agence de communication NovaSancO, et se confie sur ses sentiments en ce début d’année paralympique… le tout avant de révéler son autre grand projet créatif pour 2024.


Lancez le lecteur ci-dessous pour écouter le podcast, qui est également à retrouver sur Spotify, Amazon MusicApple Podcasts, Google Podcasts, Overcast, Pocket Casts, Podbean et RadioPublic ! N'hésitez pas à vous abonner via la plateforme de votre choix afin de ne rien rater ! 


Cliquez ici si le lecteur ne s'affiche pas sur votre appareil.

Pour aller plus loin :


> Handisport Go sur France.tv

Photos : crédits Tanguy Coureau / Grenouilles Productions / France 3 NoA.

Vous vous souvenez peut-être qu'il y a quelques mois, je suis parti à la découverte d’un certain nombre de groupes rock bordelais des an...


Vous vous souvenez peut-être qu'il y a quelques mois, je suis parti à la découverte d’un certain nombre de groupes rock bordelais des années 1970 et 1980 grâce à une compilation en double CD publiée par l'association musicale Bordeaux Rock. Il se trouve que vers 2006, suite au succès de cette première collection Bordeaux Rock a récidivé en publiant deux autres doubles CD, l'un célébrant la scène telle qu'elle se présentait en 2006, l'autre revenant sur les artistes opérant cette fois-ci entre 1988 et 1998. Une fois de plus, j'ai pensé qu'il serait intéressant de m'asseoir, de mettre mon casque audio et d'évaluer comment la musique avait résisté à l'épreuve du temps, trois décennies plus tard.


Le packaging était prometteur, avec des dessins troublants de Caroline Sury, un édito tout en majuscules signé par José Ruiz, figure de proue de Bordeaux Rock, et des mini-biographies instructives de chaque groupe (40 en tout !). La capsule temporelle était prête à être explorée, le CD 1 était en place, il ne restait plus qu'à appuyer sur « play » !   


Le bon vieux lecteur de CD paré au décollage.
L'album s'ouvre sur les guitares jangly et les accents Velvet Underground de Soap, et les vastes étendues sonores de Mary's Child, tous deux suggérant qu'une bonne partie de la scène bordelaise était déjà passée de son obsession punk des années 1980 à une atmosphère indie pop un poil plus grunge. Il faut attendre quatre titres pour voir apparaître une première chanson en français, sous la forme du très funky Donald raccrocha sans répondre de Mr Kuriakin, projet mené par Paco Rodriguez, qui avait précédemment brillé avec le groupe à succès Gamine. 

Puis cela me fait quelque peu chaud au cœur d'entendre un morceau de Charming Boys, un groupe mélodieux fortement influencé par les Smiths. Dans une vie antérieure, j'ai peut-être même fait partie d'un groupe qui s'est produit à leurs côtés à quelques reprises. À l'époque, ils avaient le vent en poupe après avoir fait la première partie de Blur, alors en pleine ascension, et ils ont acquis, à juste titre, une solide réputation de groupe de scène. Le morceau qui figure ici, What a Way of Life, n'est d’ailleurs guère plus qu’un arrangement live immortalisé sur disque. Je ne sais pas ce qu'ils sont devenus, mais il aurait été intéressant d'entendre ce qu'ils auraient pu atteindre s'ils avaient pu se développer en tant que groupe de studio avec une ingénierie et une production plus poussées.  


Le livret est très complet.
Freezin' Manchester de Lemon Curd est doté d’accents rythmiques et mélodiques me rappellant beaucoup Lloyd Cole ou les Prefab Sprout. C'est bien évidemment un compliment ! Quelques titres plus loin, Pimple Shame remporte la palme du meilleur nom de groupe, Nuer s'affranchit de la barrière de la langue en livrant un instrumental (trois des quatre musiciens sont crédités comme jouant du séquenceur, ce qui est un peu effrayant), avant l'énergique Real Atletico qui – quel rebondissement – revendique lui aussi le meilleur nom de groupe de la compilation. Le groupe comptait dans ses un joueur de mandoline mystérieusement appelé Pierre "Suspense" Emery. Je parviens à repérer un peu de son jeu dans le mix et cela me rend étrangement heureux. 



La pop mélodique continue alors à s'installer avec le titre Je veux être sous le mer de Bonjour Chez Vous, qui fait le plein d'arpèges de guitare et de carillons aux synthés, le tout très tendance à l'époque. C'est soigné et propre, mais cette pop sucrée a une saveur particulière lorsqu'on sait que le chanteur Thierry Sabir - qui a collaboré par la suite avec Paco Rodriguez au sein du projet Sitarsonic avant de signer son propre album, Apollopop - est décédé fin 2023. Rest in peace, Thierry.


Noir Désir, le plus célèbre export bordelais de cette période, nous présente Un Jour en France, extrait de son quatrième album. Cela sonne très pro et quelques classes au-dessus du reste, mais encore aujourd'hui, il est difficile d'écouter le groupe sans penser aux événements bouleversants qui ont eu lieu en 2003. Le disque 1 se termine avec Tortilla Flat, dont je suis ravi de lire qu'ils rappellent XTC et Bowie. En écoutant leur titre Walking, extrait de leur unique sortie, une cassette 3 titres (les temps ont bien changé...), il y a en effet un soupçon de Bowie dans la voix du chanteur Jérémy Vacances... et même un peu des Silencers dans les lignes d'harmonica !    



Le second chapitre commence avec Sleeppers et un morceau hardcore qui donne un peu l'impression d'être coincé à proximité de grands travaux publics, sans casque antibruit à portée de main. Mais j'attends déjà avec impatience le « duo iconoclaste » (selon les termes du livret) de la piste 4. Il s'agit du duo drum'n'bass (au sens propre) Belly Button, composé de Fred Bourdil et Franck Stofer, que j'ai eu l'immense plaisir de connaître à l'époque où ils étaient étudiants. Ils se sont ensuite fait un nom en tant que valeur sûre de festivals dans le monde entier. Belly Button a signé un retour inattendu il y a quelques années mais, d'après ce que j'ai pu constater, Franck est maintenant responsable de la coordination et du développement au Grand Palais Immersif à Paris, tandis que Fred reste un musicien actif vivant localement, se produisant sous le nom de Fredovitch One-Man Band et collaborant avec des formations telles que King Khan & The Shrines et Ardi'town. Le morceau qui figure ici, Mister Hamster, est synonyme d’1'58'' d'énergie pure. Je soupçonne que lors de l'enregistrement de cette chanson, ils étaient torse nu et trempés de sueur, mais je peux me tromper.


Cette ambiance s’installe pour la majeure partie du disque 2, culminant d'abord avec le chanteur de Glu, Pierre Poirier, qui hurle dans le micro comme si c’était sa dernière nuit sur Terre, soutenu dans l’exercice par ses collègues Yvon Tutein et Bruno Lacaussague, ce dernier étant amusamment crédité de « guitare approximative ». La pochette évoque les "textes en français et assumés" de Glu, comme si les groupes de l'époque devaient presque s'excuser de chanter en français, ce qui explique en partie pourquoi si peu de titres de cette compilation sont dans la langue de Molière. Cette performance est égalée par Petit Vodo, un musicien solo qui jouait apparemment à la fois de la batterie, de la guitare, du chant et parfois de l'harmonica, et dont l’œuvre aurait été acclamé par la critique au Japon. 



Nous en sommes maintenant à la piste 16 et au morceau Channel 666 de TV Killers, dans lequel j'entends des échos de Beastie Boys, mais tout cela est devenu tellement implacable que je souhaiterais que l'album soit terminé pour pouvoir passer à autre chose de plus « middle of the road » (j'ai une soudaine envie de mettre du Carpenters). J'arrive enfin à écouter le dernier morceau des blues rockers Art 314, décrits dans les notes de pochette comme le « house band » de la salle mythique Le Jimmy. C'est presque un soulagement lorsque leur chanson enjouée, The Race, titre de leur unique album, s'achève. 


Le tracklisting au complet.

Quel est donc le bilan ? Pour commencer, je pense qu'il s'agit d'une compilation qu'il est préférable d'apprécier par petites touches plutôt que de l'écouter du début à la fin. Cette succession décoiffante de groupes qui se ressemblent un peu et crient aussi fort les uns que les autres sur le disque 2 est certainement quelque chose m’est resté dans les oreilles, mais heureusement il y a suffisamment de rayons de lumière mélodiques ailleurs pour que l'ensemble vaille le détour. Une autre chose qui frappe, outre le manque de paroles en français, c'est la prédominance masculine des groupes. D'après ce que j'ai pu constater, seule une poignée d'artistes comptait des femmes dans ses rangs (Charming Boys, Kim et Marie, Skullduggery, Basement, et Wunderlich Ausgang, je crois que c'est tout). Il est donc ironique que la pochette représente une chanteuse, mais il y a peut-être quelque chose qui m’échappe. 


Still, Mais, une fois de plus, c'est un véritable plaisir de pouvoir remonter le temps pour explorer la scène musicale locale telle qu'elle était dans les années 1990, et je remercie l'équipe de Bordeaux Rock d'avoir réalisé cette compilation, qui constitue un excellent témoignage de cette, qu’on pourrait qualifier de grinçante, énergique, bruyante par moments, et globalement assez sombre et sérieuse. Bref, pour me remettre de mes émotions, direction un best of des Carpenters. 


Si vous souhaitez acheter et écouter l'album vous-même, quelques exemplaires sont disponibles en ligne sur le site de Bordeaux Rock, au prix de 10 euros.
> Repartez à la découverte de la collection Bordeaux Rock 1977-87 !
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