Rembobinons plus de 100 ans jusqu’en 1914 pour nous retrouver sur la place Jean-Jaurès dans le centre-ville de Bordeaux (connue, à cet...

Qu’est devenue la statue de Sadi Carnot ?


Rembobinons plus de 100 ans jusqu’en 1914 pour nous retrouver sur la place Jean-Jaurès dans le centre-ville de Bordeaux (connue, à cette époque-là, sous le nom de place Richelieu) où l’objectif d’un photographe inconnu pointe sur la statue en bronze de l’ancien président de la République Sadi Carnot.

Cette statue avait été dévoilée en septembre 1896, deux années seulement après le décès du président Carnot, et était le produit d’un travail d’équipe entre le sculpteur Louis Ernest Barrias, l’architecte Jean-Louis Pascal et la fonderie Barbedienne. L’ensemble du projet avait été financé par des dons publics et par des subventions allouées par le conseil municipal et le ministère d’État de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts. En tout, la facture s’élevait à 42 567 francs d’alors.

Marie François Sadi Carnot était le quatrième président de la IIIe République de 1887 jusqu’à sa mort à l’âge de 57 ans en 1894. Neveu de l’illustre physicien Nicolas Léonard Sadi Carnot, au cours de sa carrière politique il a occupé le poste de préfet du département de la Seine-Inférieure puis a été élu député pour la Côte d’Or à l’Assemblée nationale. Après un passage au ministère des Finances il a été élu à la présidence de la République. Entre autres événements sous son mandat retenons la célébration en 1889 du centenaire de la Révolution, la tenue à Paris – également en 1889 – de l’Exposition Universelle, ou encore la gestion du scandale de Panama en 1892, suite à des révélations sur la corruption de personnages politiques. Carnot est décédé à Lyon au mois de juin 1894, victime d’un attentat perpétré par un anarchiste italien. La France, encore en état de choc, s’est rassemblée pour les funérailles de Carnot au Panthéon de Paris le 1er juillet 1894.

La place Richelieu hier, et la place Jean-Jaurès aujourd’hui.
Sur le blog, nous avons déjà croisé Sadi Carnot à Bordeaux à deux reprises : le 27 avril 1888 c’est bien lui qui a inauguré la (première) réplique de la Statue de la Liberté sur la place Picard, lors d’une cérémonie qui a duré à peine cinq minutes. C’est également en 1888 qu’il a inauguré le parc bordelais, espace verdoyant qu’on doit notamment à l’héritage du grand philanthrope Camille Godard.

Le monument en 1914 et le même panorama quelque cent ans plus tard. Quid de tous ces volets qui ont disparu ?
Lors d’un discours donné par Carnot lors d’un banquet qui s’est tenu à Bordeaux, toujours en 1888 (tous ces événements ont-ils eu lieu le même jour ?...), il a salué les valeurs républicaines de la Gironde en déclarant : « Je suis ici sur la terre classique de la Liberté et le cœur de la population girondine proteste contre tout ce qui pourrait servir les intérêts ou encourager les espérances des ennemis de la République. »

Cette phrase emblématique a marqué les esprits girondins et figurait ainsi sur le monument, gravée sur la tablette sur laquelle reposait la main gauche d'un personnage féminin, symbolisant l’histoire, positionné au pied du monument. Dans sa main droite ce même personnage levait vers Carnot une feuille de palmier dorée. À ses côtés il y avait un jeune enfant qui tenait un bouquet d’immortelles ; tout un symbole également.

Gros plans sur les personnages au pied du monument..
La statue est restée en place jusqu’en 1941, période où les métaux non-ferreux ont été mobilisés afin d’approvisionner les usines d’armement en cette période de guerre. L’architecte municipal de l’époque aurait déclaré que la statue de Carnot pouvait « disparaître sans regret » après ses 45 années de bons et loyaux services, d’où l’espace ouvert que l’on connaît encore aujourd’hui au niveau de la place Jean-Jaurès.

Avec mon ami Anthony Poulachon (et l'aide de Photoshop), nous nous sommes amusés à remettre la statue à sa place en ces temps modernes !
 > Localiser sur la carte Invisible Bordeaux : Former site of Sadi Carnot monument, place Jean-Jaurès, Bordeaux.
> De nombreux éléments figurant dans cet article ont été récupérés du côté de cette page e-monumen.net.  
> This article is also available in English! 

2 commentaires:

  1. Merci pour votre article. C'est toujours très intéressant.

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    1. Et merci pour ce retour ! À bientôt pour de nouveaux dossiers !

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