Aucun besoin de voyager dans le temps à la recherche des mystères de Bordeaux car de nombreuses énigmes parfois absurdes nous entourent enc...

Les absurdités du quotidien à Bordeaux

Aucun besoin de voyager dans le temps à la recherche des mystères de Bordeaux car de nombreuses énigmes parfois absurdes nous entourent encore et toujours dans la ville moderne. En voici un florilège.

 

Le mystère des lignes de tramway à la station Quinconces


Même pour les voyageurs les plus aguerris, le hub de transports en commun des Quinconces peut s’avérer être un animal difficile à dompter. Quatre quais sont alignés en parallèle avec des indications visuelles des plus minimalistes identifiant chaque ligne ou la direction de chaque tram. Pour ajouter une dimension supplémentaire au défi, les quais orientés sud sont desservis non seulement par la ligne C mais aussi par la ligne D. Tentez de repérer les passagers qui sautent depuis un tram ligne B direction Pessac et qui doivent traverser les rails afin de rejoindre un tram C ou D en direction de la gare Saint-Jean. Cela ne se termine pas toujours bien mais est en tout cas très divertissant lorsqu’on est simple spectateur. Pour être complet, un phénomène similaire peut être observé à plus petite échelle à la station Porte de Bourgogne. 

Le mystère des toilettes publiques


Bordeaux a beau être une destination très prisée, lorsque les touristes de passage (tout comme les locaux, d’ailleurs) ont besoin de gérer un petit besoin pressant, il y a étonnamment peu d'options. Certes, il y a bien sûr quelques « sanisettes » éparpillées dans le centre-ville, mais l’attente entre chaque passage peut être longue et pénible, et une fois à l’intérieur le cadre est tout sauf plaisant… et ce n’est pas la musique d’accompagnement très kitsch qui permettra de rendre l’expérience plus agréable. Pour vous messieurs, quelques urinoirs « vespasiennes » subsistent ici et là (rue Robert-Lateulade et rue Paul-Broca par exemple, photo ci-dessus), et des toilettes rustiques se trouvent dans le jardin de l'Hôtel de Ville et le Parc Bordelais, mais à part ça, la meilleure option est bien de se diriger vers un centre commercial ou un bar…

Le mystère des Bistro Régent


En tout, combien de Bistro Régent la métropole pourra-t-elle supporter ? Depuis sa création en 2010, le concept du Bistro Régent, avec son menu sans fioriture et sa « fameuse sauce Charmelcia » (si fameuse que j’ai dû chercher le nom sur Google), s'est rapidement développé à Bordeaux et dans les environs, et s’exporte désormais bien au-delà. Marc Vanhove, le fondateur de cette franchise, est désormais une célébrité à part entière et le logo de la chaîne s’affiche sur les maillots du FC Girondins de Bordeaux. Dans la métropole, nous sommes au stade où chaque bâtiment désaffecté se transforme en Bistro Régent, d’où cette statistique étonnante que je viens d’inventer : où que vous soyez dans l’agglomération, vous n'êtes jamais à plus de 10 minutes à pied d'un Bistro Régent. Rassurant ou effrayant, au choix.

 

Le mystère des sans issue du quartier Mériadeck

Le quartier de Mériadeck a souvent été couvert sur le blog. Son visage moderne a principalement pris forme au long des années 1970 et 1980, et reste généralement peu appréciée des Bordelais pour diverses raisons tout à fait compréhensibles. L'une des spécificités principales du quartier Mériadeck est l’omniprésence de passerelles et d’esplanades surélevées (le célèbre concept d’urbanisme sur dalle). Dans l’ensemble, il est relativement simple de regagner le niveau inférieur, mais par endroits cet exercice peut s’annoncer compliqué. Entre cages d’escalier qui ne sont pas indiquées, escalators hors service ou passages qui se terminent en impasse, le chemin des écoliers est parfois la seule issue possible.

 

Le mystère Saint-Christoly 

En balade dans le centre-ville un samedi après-midi et à la recherche de calme ? Dirigez-vous tout simplement vers le centre commercial Saint-Christoly. Ce complexe des années 80, situé à deux pas de la place Pey-Berland et de la rue Sainte-Catherine, semble être le grand oublié des amateurs de shopping bordelais. À une époque, la Fnac située au sous-sol drainait amateurs de musique et de littérature. Depuis le déménagement de la Fnac vers la rue Sainte-Catherine, le centre commercial peine à attirer des clients autres que ceux qui se dirigent vers le Monoprix qui l’a remplacé, ou le magasin de surgelés Picard. Même avant la crise sanitaire de 2020, de nombreux commerces de ce centre commercial peinaient à joindre les deux bouts. L’avenir s’annonce compliqué*.

*Mise à jour : il a été annoncé fin décembre 2020 dans un article Sud Ouest que le centre commercial avait changé de propriétaire et qu'il « fera l’objet d’une "lourde restructuration" et son concept sera "intégralement revisité". »

 

Le mystère du début de la piste cyclable du pont Saint-Jean 

Le pont Saint-Jean est le pont bordelais que l'on ne voit jamais sur Instagram. Cette structure très fonctionnelle des années 1960, si associée à l’âge d’or de l’automobile, propose pourtant un passage simple et sécurisé pour les piétons et les cyclistes. Mais le principal défi pour cyclistes et piétons est tout simplement de trouver comment accéder au pont, compte tenu de la densité du réseau routier tout autour. Spoiler : la piste commence depuis un tunnel vers l'arrière d'un parking situé en face du Château Descas, en sachant que le parking est depuis quelque temps la gare routière (provisoire ?) utilisée par les divers opérateurs de cars… ce qui rend l’accès encore moins évident. Pourtant, cela en vaut la peine si ce n’est que pour profiter de la vue sur la ville depuis le milieu du pont ! 

 

Le mystère des flux humains sur les quais 

Les quais longeant la Garonne sont l'un des symboles de la récente transformation de Bordeaux et sont devenus l'un des lieux incontournables pour une agréable balade… à pied, à vélo, à skate, à trottinette ou encore en rollers. Bref, il est assez incroyable qu’il n’y ait pas davantage de collisions entre les différentes populations ! Des marquages au sol ​​sont néanmoins apparus dernièrement pour canaliser au moins les flux de joggeurs et promeneurs aux abords du fleuve. Cependant, le point noir est plutôt le long de la chaussée, où cyclistes pressés et piétons cohabitent parfois difficilement. Là-aussi, on s’attendrait à plus d’incidents et pourtant, dans l’ensemble, tout se passe généralement bien et sans heurt. 

 

Le mystère des écrans de l’Utopia

L’Utopia est le cinéma d'art et essai très apprécié des Bordelais, dernière incarnation en date de ce qui était autrefois l'église Saint-Siméon sur la place Camille-Jullian. Certaines des plus petites salles ont été installées dans une annexe à l’arrière du bâtiment, et pour que tous les spectateurs puissent profiter d’une vue dégagée sur les films, les écrans ont été installés à une hauteur fort impressionnante. La position assise à la limite de la posture d’observation des étoiles peut surprendre au premier abord, et pourtant l’on s’y fait.

 

Le mystère des sorties de l’UGC 

Toujours au chapitre des cinémas, dirigeons-nous vers l’UGC Ciné-Cité, rue Georges-Bonnac, où on peut régulièrement observer le phénomène des spectateurs qui sortent du cinéma sans savoir où ils se trouvent. En effet, ce multiplexe, installé dans un bâtiment qui abritait autrefois un théâtre, comprend pas moins de 18 écrans dont certains au rez-de-chaussée, certains à l'étage et certains souterrains. Les sorties des différentes salles mènent à divers endroits autour du bâtiment et il faut inévitablement quelques instants pour s’orienter et situer la sortie par laquelle on a quitté le cinéma !

 

Le mystère des files d’attente de Mollat
 

Nous aurons du mal à identifier les quelques rares bienfaits de la crise sanitaire de 2020, mais parmi ceux-là retenons le marquage au sol qui a permis de formaliser le système de file d’attente aux caisses de la librairie Mollat. Auparavant, si la file s’étirait, un système prenait forme de manière organique. Mais avant d’arriver à ce stade, un dispositif hybride entre files et foule calqué sur un modèle de marché ambulant faisaient des malheureux au quotidien. Cette anarchie d'antan reviendra-t-elle à l’avenir ou ce système plus formel de file d'attente sera-t-il pérenne ? Voilà, chers lecteurs, un véritable mystère bordelais des temps modernes.


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6 commentaires:

  1. Si tu veux voir de véritables plats de nouilles de lignes de tramway, tu n'as qu'à aller voir ce qui se passe devant le parvis de la gare à Montpellier ou bien à la station Corum toujours à Montpellier. Ca ce sont de véritables plats de nouilles ! Les quinconces c'est de la rigolade, à côté !

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    1. Hé hé, bien noté, j'irai voir cela à l'occasion !

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