L’une des fontaines se trouve désormais à Soulac-sur-Mer un peu au nord de Bordeaux.
Lors de ma découverte de la ville il y a quelque temps, elle se trouvait dans un état très dégradé et n’était pas en marche. Sa jumelle québécoise, au contraire est en excellente santé et figure aujourd’hui parmi les attractions incontournables de la ville.
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La fontaine Tourny de Québec sous différents angles, ainsi qu’une partie du panneau explicatif. |
Ces fontaines, hautes de sept mètres et au diamètre de quatre mètres, furent conçues par
Mathurin Moreau en 1854, leur agencement étant assuré par
Michel Joseph Napoléon Liénard. Parmi les sculptures on observe quatre enfants se tenant par la main, et des personnages adultes qui représentent les figures mythologiques Neptune, Acis, Amphritite et Galatéa. C’est la fonderie Barbezat à Val d’Osne qui réalisa quinze exemplaires des fontaines (leur signature figure également sur la première génération des fontaines Wallace,
dont celles que l’on trouve à Bordeaux), qui remportèrent une médaille d’or lors de l’exposition universelle de 1855 à Paris. C’est dans le cadre de cet événement que le maire d’alors de Bordeaux, Alfred Daney, décida d’acquérir deux exemplaires (prix : 25 000 francs l’unité) pour la ville afin de marquer l’arrivée de l’eau courante.
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Les allées de Tourny à l’époque de la présence des deux fontaines. Sur chaque photo on aperçoit le monument Léon Gambetta au milieu de l’esplanade. |
Une fois retirées des allées, les fontaines furent stockées dans les ateliers municipaux. Celle destinée pour Soulac semblerait y avoir été installée peu de temps après. La fontaine québécoise fut d’abord démontée et vendue « au kilo » à un châtelain vigneron du côté de
Fronsac. Celui-ci installa la fontaine sur
sa propriété et, chose insolite, les statues du bas furent séparées de la structure principale (en témoignent des images qui figurent
sur le site 33-bordeaux.com). Puis, dans les années 1990, la fontaine (démontée et en très mauvais état) est tombée dans les mains de
l’antiquaire Marc Maison à Saint-Ouen dans la banlieue de Paris.
Et c’est à Saint-Ouen, en 2003, que la fontaine fut repérée par Peter Simons, directeur de
Simons, entreprise québécoise de vêtements et d'articles de décoration pour la maison. Simons finança non seulement l’achat de la fontaine mais également sa remise en état (pour un coût total de 4 millions dollars canadiens) puis, en octobre 2004, Peter Simons annonça le don de la fontaine à Québec pour marquer le 400e anniversaire de la ville et pour remercier ses habitants de leur contribution à la réussite de la maison Simons depuis sa création en 1840.
La fontaine québécoise fut inaugurée le 3 juillet 2007, exactement un an avant le 400e anniversaire de la ville. Les frais d’installation de la fontaine (d’environ 2 millions de dollars canadiens) furent couverts par la municipalité et par la
Commission de la capitale nationale du Québec. En observant la fontaine lors de mon séjour dans cette ville jumelle de Bordeaux, je ne peux que confirmer son statut comme l’un des passages obligés de tout visiteur, figurant sur les photos souvenir de couples, familles et groupes de voyageurs en tout genre.
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La Fontaine de Tourny québécoise by night. En arrière-plan à droite, l'édifice Price. |
Enfin, hormis les deux fontaines bordelaises visibles aujourd’hui à Soulac et à Québec, sachez que des modèles identiques se trouvent, entre autres, à
Angers (au Jardin du Mail), à
Genève en Suisse (dans le Jardin Anglais) ou encore à
Valence en Espagne (sur la Plaza Llano de Real). Une autre coule de jours heureux au large des côtes australiennes à
Launceston en Tasmanie (sur Prince’s Square). Selon une légende locale, cette fontaine aurait en fait été commandée par la commune de Launceston au Royaume-Uni mais aurait été livrée par mégarde à son homonyme de l’hémisphère sud en 1859. Les frais de réexpédition auraient été tellement élevées que la fontaine resta en Tasmanie !
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