Nous sommes sur la rue Notre-Dame, une des rues les plus longues et les plus anciennes du quartier des Chartrons à Bordeaux. Entre les immeubles élégants du 18e, les antiquaires hors du temps et les galeries d’art tendance se trouve une étrange façade, celle d’un ancien hammam. Son nom ? « Les Grands Bains des Chartrons ».
Cet établissement, dont le propriétaire d’origine était un négociant en vins, un M. Jaubert, a été inauguré en 1895 sur un site où se situait autrefois le « couvent des Carmes déchaussés », également connu sous le nom de « couvent des Petits-Carmes ». Le bâtiment des Grands Bains a été dessiné par l’architecte bordelais Eugène Gervais, qui a également signé le Théâtre des Arts sur la rue Saint-Sernin et quelques villas impressionnantes à Royan.
L’architecte a conçu une structure composée de deux parties distinctes. Côté rue, un bâtiment en pierre et brique rouge qui intègre de nombreux éléments décoratifs pour donner à la façade un aspect attractif et exotique : des carreaux en céramique pleins de couleurs et de dessins de style mauresque (réalisés par la maison bordelaise Jules Vieillard ou par l’entreprise Boulenger-Hautin et Cie. de Choisy-le-Roi) ainsi que la forme de l’étoile de David, dont l’utilisation n’avait aucune signification religieuse, aux fenêtres des appartements au premier étage. Puis, côté cour, une impressionnante structure de type Eiffel en fer, bois et verre, où se situaient les bains.
Les clients y accédaient par la porte principale du côté gauche de la façade. Ils passaient donc par le bâtiment en dur où était installé tout le dispositif mécanique des Grands Bains : générateur et machine à vapeur, pompes et systèmes électriques (l’éclairage électrique était présent dans tout l’établissement). Ils accédaient alors à deux vastes halls, l’un pour les hommes, l’autre pour les dames (en sachant qu’il y avait aussi deux halls moins importants pour les bains médicinaux). Ils ouvraient alors un portillon en fer ajouré pour parvenir aux bains disposés sur plusieurs rangées de cabines. En tout il y avait 63 cabines et 70 baignoires… donc certaines cabines comprenaient plusieurs baignoires.
L’écrivain Ernest Laroche parle de l’établissement dans son livre « À travers le vieux Bordeaux : récit et carnet de voyages », paru en 1900. Selon lui, le hammam était « le plus vaste et le plus confortable des établissements de ce genre installés à Bordeaux et un des plus luxueux de France, sans conteste ». Laroche évoque notamment l’ambiance du lieu : « ...une chaleur douce sans vicier l’air, l’empressement gracieux du personnel ; le confortable que l'on rencontre partout, font des Bains des Chartrons le rendez-vous du Tout-Bordeaux élégant et distingué - qui aime ses aises. » Le tout semble bien agréable ma foi.
L’écrivain Ernest Laroche parle de l’établissement dans son livre « À travers le vieux Bordeaux : récit et carnet de voyages », paru en 1900. Selon lui, le hammam était « le plus vaste et le plus confortable des établissements de ce genre installés à Bordeaux et un des plus luxueux de France, sans conteste ». Laroche évoque notamment l’ambiance du lieu : « ...une chaleur douce sans vicier l’air, l’empressement gracieux du personnel ; le confortable que l'on rencontre partout, font des Bains des Chartrons le rendez-vous du Tout-Bordeaux élégant et distingué - qui aime ses aises. » Le tout semble bien agréable ma foi.
Le portail vers le parking qui se trouve à l'endroit où se situaient les bains. À noter, le magnifique fer travaillé de la structure. |
On ne connaît pas la date exacte à laquelle le hammam a fermé ses portes, mais l'immeuble a changé de mains en 1920 (le nouveau propriétaire était un M. Tesseron) et les annuaires datant des années 1930 indiquent la présence à cette adresse du Garage du Pavé des Chartrons. Les Grands Bains auraient donc disparu au début du 20e siècle. Le garage fut repris en 1951 par Marc Bertaud ; aujourd'hui c'est son fils Denis qui est le propriétaire des lieux.
Ces dernières années, aux dires d’une source sûre,
les locaux commerciaux au rez-de-chaussée ont accueilli divers commerces plus ou moins durables dans le temps: une galerie d’art, un magasin de porcelaine ainsi qu'un nouveau garage, dont l’enseigne était encore visible lors de mon passage dans le quartier. Le jour où j’y étais, des ouvriers travaillaient sans relâche sur le réaménagement du rez-de-chaussée pour en faire un « coffee shop ».
Ces dernières années, aux dires d’une source sûre,
Le Garage du Pavé des Chartrons, carte postale datant des années 1920 ? Crédit Conchi Lolita. |
L’impressionnante structure où se trouvaient les bains héberge désormais un parking privé utilisé par les riverains et commerçants du quartier. Entre menuiseries, verre et fer, il s’agit très certainement d’un des plus beaux parkings de Bordeaux. Mais la « chaleur douce » des bains d’antan semble bien loin !
- Localiser sur la carte Invisible Bordeaux :
- Grands Bains des Chartrons, 29 rue Notre-Dame, Bordeaux
- Merci à Frances Sprout d'avoir suggéré ce sujet et à Conchi Lolita pour diverses informations complémentaires ! Un grand merci également à Denis Bertaud pour ses précisions et pour le visite des lieux en compagnie de Lesley Graham.
- Lire cet article en anglais.
C'est vrai qu'il est super beau ce parking , je m'y gare très souvent ! J'adore cette rue on trouve toujours de très jolies choses, et niveau culture cette rue est très marquée par son histoire, ça lui donne un certain charme ! Pouvez vous me dire en revanche quel est le menuisier bordeaux qui a réalisé ces travaux ?? Merci d'avance !! Gabi
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