Le vendredi 22 septembre 2023 fut une journée inhabituelle à Bordeaux. D'emblée, l'ambiance était à la fête, et pour cause : Bordeau...

Le jour où le Roi Charles III était à Bordeaux et le festival 'Great' vu de l'intérieur


Le vendredi 22 septembre 2023 fut une journée inhabituelle à Bordeaux. D'emblée, l'ambiance était à la fête, et pour cause : Bordeaux accueillait le roi Charles III et la reine Camilla pour clôturer la visite d'État entamée deux jours plus tôt à Paris. L'un des points forts de la journée était la Grande fête organisée sur la place de la Bourse et, devinez quoi, j'étais là pour vivre cela de l'intérieur !


Dire que l'agenda royal à Bordeaux était dense serait un euphémisme. En un peu moins de six heures, Charles et Camilla ont pu rencontrer et saluer diverses figures locales à l'hôtel de ville (et planter un arbre aux côtés du maire de Bordeaux, Pierre Hurmic), saluer les Marines à bord du HMS Iron Duke, s'aventurer à Martillac pour découvrir les méthodes de travail biologiques du château Smith Haut Lafitte... et tandis que Charles visitait la forêt urbaine expérimentale de Floirac, Camilla est allée voir comment l'équipe de l'association du Pain de l’Amitié fournit de la nourriture aux sans-abris. 


Au milieu de tout cela, la Place de la Bourse avait été transformée en un festival éphémère pour promouvoir ce que le Royaume-Uni fait de mieux (dans le cadre du "Great Campaign") et présenter un certain nombre d'initiatives et d'entreprises bordelaises, le tout sur une bande son "live" d'artistes émergents locaux et britanniques. 

La place de la Bourse en mode festival. Le parapluie a pas mal servi.

Les critères de participation sont restés secrets (nous avions tous reçu des invitations personnelles de l'ambassade du Royaume-Uni en France), mais nous avons eu droit à un charmant et parfois surprenant échantillon de la population bordelaise et expatriée britannique. Devant moi, dans la file d'attente, se trouvaient d'imposants joueurs de rugby de l'Union Bordeaux-Bègles. Des footballeurs et footballeuses des Girondins étaient présents dans leur survêtement de club (aux côtés de l'entraîneur David Guion). Un peu plus loin, j'ai reconnu l'influent artiste local Jofo. Il y avait un certain nombre de personnes en uniforme, arborant parfois des rouflaquettes impressionnantes. Et, un peu plus loin, ne serait-ce pas l'équipe de rugby des Fidji, dont la base de la Coupe du monde se trouve justement à Lormont ? Des univers culturels très différents qui s'entrechoquent... 


Une fois "à l'intérieur" de la Place de la Bourse, qui est habituellement un lieu familier à accès tout à fait libre, il était incroyable de voir comment la place avait été momentanément transformée, encadrée par un certain nombre de chapiteaux abritant des marques britanniques et bordelaises telles que Paul Smith, Gilbert ou Baillardran, de belles initiatives telles que Le Café Joyeux, une entreprise qui a conçu des bouteilles de vin en papier, des fromages d'une épicerie locale, et des stands promouvant le tourisme britannique, ainsi que des actions culturelles et éducatives. (Ma découverte préférée était un Shaun le Mouton grandeur... nature ?... bien qu'apercevoir Paddington se promenant dans l'événement n'était pas mal non plus...) 


Une scène gigantesque constituait la pièce maîtresse de l'événement, même si la plupart des spectateurs ne prêtaient que peu d'attention aux artistes qui se produisaient (Tyrone Isaac Stuart et Rianne Downey), malgré les vaillantes tentatives bilingues du M. Loyal, Darren Tulett (le présentateur de télévision et commentateur de football). Et puis la musique s'est arrêtée… 


Tram-spotting.

Le moment était venu, un tramway arborant de petits drapeaux de l'Union s'est arrêté à l'arrêt de la Place de la Bourse et il y avait un sentiment collectif d'anticipation lorsque la délégation royale est descendue et s'est déplacée sur le tapis rouge qui avait été étendu sur les pavés de la place (une décision judicieuse étant donné que les averses intermittentes occasionnelles avaient rendu la surface glissante). Le ministre britannique des Affaires étrangères, James Cleverly, est passé devant moi quasiment incognito, tant tout le monde était concentré sur Charles et Camilla... ou surtout, pour être honnête, sur Charles, qui a pris le temps de se frayer un chemin à travers la foule, s'arrêtant pour discuter avec un ou deux chanceux, dont une personne qui se tenait juste à côté de moi, ce qui m'a donné tout le temps de prendre quelques photos en gros plan ! Entre-temps, la sono avait repris, ce qui a donné lieu à l'étrange combinaison d'un bain de foule royal au son de Running Up That Hill de Kate Bush. 

Alors que la délégation se frayait un chemin dans une partie du marché pop-up, l'artiste local I Am Stramgram a entamé un court concert, luttant contre des problèmes techniques et l'indifférence générale, mais offrant un set mémorable qui s'est achevé par une belle réinterprétation du morceau Yesterday des Beatles. J'ai réussi à discuter avec lui plus tard et nous sommes tombés d'accord sur le fait que l'expérience avait été assez surréaliste pour lui, mais qu'elle resterait comme une ligne inhabituelle et à part sur son CV musical ! 


I Am Stramgram, la bande son de la déambulation royale.

La délégation royale s'est alors rendue sur la scène principale et l'ambassadrice du Royaume-Uni en France, Menna Rawlings, a prononcé un discours bien accueilli (citant le nom de la famille locale chez laquelle elle avait séjourné lorsqu'elle suivait des cours à l'Alliance française de la ville) avant de céder la parole à Pierre Hurmic, qui a salué avec bonne humeur le roi et la reine, soulignant que les préoccupations environnementales de Charles étaient une constante de longue date. La foule attendait alors avec impatience quelques mots du roi lui-même. Il s'est approché du micro, ses lèvres ont quelque peu bougé (je ne suis pas doué pour lire sur les lèvres, mais je pense que c'était "Je confirme, j'ai bien aimé le set d'I Am Stramgram.") et a fait un signe de la main, un "royal wave". C'était un petit moment de déception, mais vite pardonné, il avait un avion à prendre, après tout. 


C'est alors qu'est arrivé ce qui était sans doute le véritable moment fort de la journée (un moment inattendu, voire imprévu). Alors que le groupe royal atteignait descendait de la scène, toute l'équipe de rugby des Fidji s'est rassemblée à proximité, Darren Tulett a reçu la consigne d'éteindre la musique de la sono et les joueurs ont entamé une chanson traditionnelle fidjienne. En parfaite harmonie. C'était magnifique et inspiré. Frissons et chair de poule.


Alors que Charles et Camilla partaient vers leurs prochains rendez-vous, une autre surprise nous attendait, en plein set de la chanteuse Caity Baser. De l'autre côté de la place, la Royal Marines band se mettait en place. En un rien de temps, ils ont défilé sur la place, offrant 15 minutes de musique de fanfare de classe mondiale. De mon point de vue, il était possible d'apprécier l'ensemble tout en se concentrant sur les instruments et parties individuels au fur et à mesure des allers et retours. Puis-je encore évoquer la chair de poule ? 


Ladies and gentlemen, the Royal Marines band. À Bordeaux, s'il vous plaît !

Les festivités n'étaient pas encore terminées mais la plupart des participants étaient déjà partis, ce qui donnait une atmosphère un peu de fin de soirée (il était 16 heures...) lorsque Bilbao King Fu est monté sur scène. Ils avaient une poignée de personnes devant la scène, et quelques spectateurs enthousiastes postés du mauvais côté des barrières de l'autre côté de la place. L'expérience a dû être étrange pour le groupe, mais le trio a été à la hauteur. 


La foule s'étant réduite, j'ai pu facilement retrouver ma connaissance du consulat que j'ai remercié chaleureusement pour l'invitation à assister à cet événement unique et mémorable. En dehors de tout ce qui a déjà été évoqué, cet après-midi m'a également permis de discuter de manière très détendue avec des footballeurs des Girondins au sujet des résultats récents et des perspectives pour la saison ; de remercier personnellement le magnat local de la musique Eric Roux pour le festival Ouvre La Voix et les fantastiques concerts qu'il organise à la Rock School Barbey ; de discuter avec Jane Anson, experte et auteure renommée de livres sur le vin, au sujet des algorithmes de Twitter (X), avant d'être interrompus par le bruit de deux avions de chasse Rafale volant au-dessus de nos têtes ; d'observer les joueurs de rugby des îles Fidji en train de déguster avec enthousiasme des chips offertes par le stand Tyrrells... et j'ai même eu droit à mon propre selfie avec Darren Tulett ! Ah, et j'ai aussi vu de près le roi et la reine de mon pays d'origine. C'était vraiment un bel après-midi... Merci à tous ceux qui y ont contribué à cet événement exceptionnel !


Des Girondins, des chips et Darren Tulett, quelle combinaison !


P.S. Cette journée à part a commencé par une interview en direct sur France Bleu Gironde, en début de matinée, à propos de la visite royale et de son contexte politique. Vous pouvez la visionner ici



 

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Il y a peu, dans le toujours aussi surprenant village Emmaüs de Parempuyre, j'ai acheté deux livres de l'historien Pierre Décamps (1...

Fusion en images de Bordeaux sous l’occupation et la ville en 2023


Il y a peu, dans le toujours aussi surprenant village Emmaüs de Parempuyre, j'ai acheté deux livres de l'historien Pierre Décamps (1912-2004) : 1940-1944, la Gironde en Images (édité par la maison SODIM en 1977) et Bordeaux sous l'occupation (Ouest France, 1983). Ces deux ouvrages présentent des photos étonnantes de Bordeaux pendant la Seconde Guerre mondiale. Je suis parti à la recherche de ces mêmes lieux afin de fusionner les années 1940 et 2020 en prises de vue uniques. Les légendes qui accompagnent les photos sont des adaptations des informations fournies par Pierre Décamps dans les livres originaux. Toutes ces photos sont issues de la collection Centre Jean Moulin de Bordeaux.

Le drapeau de la swastika flotte devant la préfecture de la Gironde, cours du Chapeau-Rouge. Le lieu était alors le siège de l’Armeeoberkommando (le Haut commandement de l'armée). Le contraste avec l’institut de massages qui se situe aujourd’hui dans le bâtiment voisin est saisissant.
Ces dames sont ravies d’être en balade et ne semblent par trop perturbées par les abris fortifiés et blockhaus construits par les Allemands au pied de la tour Pey-Berland.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le théâtre Français (aujourd’hui le CGR Bordeaux Le Français) était un cinéma réservé aux soldats de l’armée allemande, d'où la mention « Soldaten Kino » (cinéma des soldats).
« Français… écoutez tous les jours la voix du Reich ». Panneau du service d’information allemand placé devant la terrasse du Jardin public.
Place de la Bourse : effet du bombardement anglais de la nuit du 8 au 9 décembre 1940. 
La légende signée par Pierre Décamps précise que « Ce panneau d’affichage allemand installé place de la Victoire - de 1918 - à Bordeaux indique la marche victorieuse des armées allemandes en Russie et l’emplacement des champs de bataille où auraient été anéanties les armées soviétique en 1941. »

Opération récupération de bronze : enlèvement, le 6 décembre 1941, de la statue en bronze de l’ancien président Sadi Carnot, érigée sur la place Jean-Jaurès. 

À côté du socle, désormais vide, on peut lire sur le panneau « En travaillant en Allemagne, tu seras l’ambassadeur de la qualité française ».

Des travailleurs français pour l’Allemagne se présentent au Bureau de placement, 103, rue Sainte-Catherine.
Le 28 août 1944, un groupe de Maquisards du Blayais, rue Esprit-des-Lois (à côté du Grand Théâtre), au moment de la libération de la ville. 
Le 28 août 1944, les étudiants bordelais célèbrent la libération de Bordeaux. En tête de cortège, le panneau proclame « À poil les Fritzous, vive les étudiants ». 
Des FFI (Forces françaises de l’intérieur) devant une « haie de curieux » selon Décamps, place Gambetta. 
« Soldat allemand pendu en effigie devant le siège de l’Association générale des étudiants, cours Pasteur. » La joie est bien visible dans cette image, que ce soit sur la photo d’archives ou sous la forme du sex shop visible à droite ! 


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Nous sommes dans le quartier Saint-Genès de Bordeaux, non loin des boulevards, pour visiter cet ensemble insolite qu'est la Maison Saint...

La Maison Saint Louis Beaulieu vue de l’intérieur


Nous sommes dans le quartier Saint-Genès de Bordeaux, non loin des boulevards, pour visiter cet ensemble insolite qu'est la Maison Saint Louis Beaulieu, maison diocésaine de l'Église catholique en Gironde. Et le lieu, ouvert au public, propose de nombreuses surprises... notamment sa chapelle, sa bibliothèque et son agréable jardin.

 

L'histoire de la Maison Saint Louis Beaulieu remonte au milieu du XIXe siècle, lorsque l'ordre religieux des Carmélites y installa un couvent et une chapelle, avec des ermitages disséminés sur le terrain. Au début du XXe siècle, le diocèse catholique loue les lieux pour y installer un séminaire, puis achète le terrain et les bâtiments en 1910. Au cours des décennies suivantes, l'état de la propriété s'est progressivement dégradé jusqu'à ce qu'une reconstruction complète soit entreprise en 1937 selon les plans des architectes renommés Louis et Marcel Garros. C'est ainsi que sont nés le bâtiment principal, qui se dresse toujours fièrement aujourd'hui, et l'intrigante chapelle art déco, consacrée en 1946 par le nonce apostolique en France, Monseigneur Angelo Roncalli, qui deviendra plus tard le pape Jean XXIII.
 


Curieusement, la configuration de la chapelle a pivoté de 180° au fil des ans, l'entrée principale étant située à l'origine côté rue Saint-Genès. Aujourd'hui, l'accès n'est possible que par le cloître. Les artistes parisiens Jean Gaudin et Louis Mazetier ont apporté les touches décoratives des mosaïques et des carrelages de la chapelle. Les vitraux semblent tous chargés de références énigmatiques. L'un d'entre eux, par exemple, comporte les armoiries des villes de Bordeaux, Agen, Angoulême et Bazas, ces autres diocèses ayant envoyé leurs étudiants à Saint-Louis Beaulieu à partir de 1955. L'orgue a été fabriqué par la maison allemande Merklin en 1892 (sa dernière révision a eu lieu en 2017) et se trouvait déjà dans la chapelle d'origine.

 

Vue depuis la rue Saint-Genès et de ce qui était l'entrée principale de la chapelle (située derrière ce qui est aujourd'hui l'autel).

Au-delà du joli cloître/cour et du café-restaurant, une porte mène à la bibliothèque du diocèse de Bordeaux, qui abrite quelque 90 000 ouvrages sur les sciences religieuses, répartis sur plus de quatre kilomètres de rayonnages. Habituellement, seule la salle de lecture est ouverte au public, mais notre visite s'inscrivait dans le cadre des Journées européennes du patrimoine, ce qui nous a permis de découvrir les coulisses de la bibliothèque et quelques-uns de ses ouvrages les plus précieux et les plus anciens.

 


De là, on pénètre dans le parc paisible, caché derrière le bâtiment principal. La première chose à voir est une œuvre d'art moderne toute en métal, « le Chêne de Mambré », signée par l'artiste bordelais Christophe Conan. Au-delà de son esthétique et de son rôle de « point de rencontre », l'arbre porte sur ses feuilles les noms des donateurs qui ont participé au financement des travaux de rénovation du lieu réalisés ces dernières années.

'Le Chêne de Mambré' de Christophe Conan.

En se promenant dans le parc, outre les potagers, jardins d'herbes et tas de compost, on aperçoit ici une vieille chapelle, là un poulailler, et inévitablement une statue de la vierge Marie, particulièrement malmenée ces dernières années. Elle a été réduite en miettes par des intrus nocturnes non-identifiés et a dû être minutieusement reconstruite par un expert du musée du Louvre à Paris. L'ultime puzzle en 3D !


Au cœur du Jardin de Beaulieu.
Aussi grincheux qu'ils puissent paraître, la Vierge et l'Enfant sont en réalité ravis d'être comme neufs après leur récente mésaventure.

Ma visite m'a également permis de trouver le point de vue exact pour pouvoir reproduire la vue d'une vieille carte postale procurée il y a de nombreuses années avant même de savoir où la photo avait été prise. La carte postale, légendée " Grand Séminaire de Bordeaux - Grand Bâtiment ", comporte un cercle dessiné à la main indiquant la chambre de l'auteur de la carte - qui était donc le mystérieux résident de l'époque ? Vous trouverez quelques maigres renseignements supplémentaires en lisant le texte figurant au dos de la carte et reproduit en fin d'article !

 


Bien que la vie y soit manifestement très douce, la Maison Saint Louis Beaulieu reste un lieu très actif et est sans doute plus dynamique que jamais. Outre les aspects susmentionnés, son site Internet indique qu'elle abrite l'institut de formation Pey Berland, un certain nombre de salles de réunion disponibles à la location pour séminaires ou autres événements, une librairie (La Procure Beaulieu) ou encore les studios de la station de radio catholique RCF Bordeaux. De plus, le café est un endroit agréable pour prendre une tasse de thé ou autre boisson de son choix dans l'après-midi !
 

Oh, et une dernière chose : qui était Saint Louis Beaulieu ? Louis est né en 1840 à Langon, non loin de Bordeaux, et a été ordonné prêtre au Séminaire des missions à l'étranger à Paris en 1864. Il se retrouve en poste dans les montagnes près de Séoul, en Corée, où la présence d'étrangers est à l'époque interdite. Dénoncé et arrêté, il est exécuté six mois avant son 26e anniversaire. Plus d'un siècle plus tard, lui et d'autres personnes ayant connu le même sort en Corée ont été canonisés par le pape Jean-Paul II.


> Localiser sur la carte Invisible Bordeaux : Maison Saint Louis Beaulieu, rue Saint-Genès, Bordeaux.
> Site internet : espacebeaulieu.fr
> Merci aux étudiants membres de l'association Archimuse qui ont encadré cette visite dans le cadre de l'édition 2022 des Journées européennes du Patrimoine.
> Voici le texte qui figure sur la carte postale non datée (hypothèse purement personnelle : Miou était sans doute un chat) : 

 Mon cher Jean-Pierre. Cette vilaine carte t'apporte mon bon souvenir pour ton anniversaire. J'espère que tout va bien à Lyon. Ici ça va. On termine l'année. Je te fais donc un méga bise, ainsi qu'à Miou et je prie bien pour vous. Fafa.

> This article is also available in English!

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Quelle ne fut pas ma surprise, lors d'une balade à vélo entre Lacanau et Carcans-Maubuisson, sur un tronçon de piste cyclable parmi les...

À la découverte de la réserve naturelle de l'étang de Cousseau

Quelle ne fut pas ma surprise, lors d'une balade à vélo entre Lacanau et Carcans-Maubuisson, sur un tronçon de piste cyclable parmi les plus beaux de Gironde, de voir des panneaux indiquant "la Réserve naturelle nationale de l'étang de Cousseau". J'ai décidé d'aller enquêter !

 

Je me suis écarté de la piste cyclable principale et j'ai emprunté un chemin qui s'étendait sur environ un kilomètre, jusqu'à ce que j'aperçoive une rangée de porte-vélos en bois devant un portail. J'ai attaché mon vélo et j'ai continué à pied, tout en descente, en suivant un sentier étroit et sinueux. D'abord la sensation d'être en pleine nature, puis, sur la gauche, s'ouvrait la vision idyllique d'une grande étendue d'eau filtrant à travers les arbres, bientôt suivie d'une plate-forme d'observation en bois. J'étais arrivé et le spectacle qui s'offrait à moi était aussi splendide que spectaculaire.
 

Cette réserve naturelle, constituée d'un étang et d'une vaste zone de marais, couvre une superficie de 882 hectares (l'étang représente à lui seul 50 hectares) et est ouverte à la visite depuis 1976. D'une certaine manière, la réserve propose un voyage dans le temps à la découverte du paysage tel qu'il était avant le 19ème siècle, lorsque l'homme a remodelé le paysage landais et le littoral océanique.
 

Panneaux d'information accueillant les visiteurs.

D'après ce que j'ai pu comprendre (et il se peut que ce paragraphe doive être réécrit si quelqu'un me dit le contraire), le long de la côte atlantique, des dunes de sable se développaient, s'élevaient et s'abaissaient, empêchant les eaux intérieures de rejoindre la mer, formant les grands lacs d'eau douce de Lacanau et d'Hourtin. Ailleurs, les terres côtières ont été stabilisées par la plantation de pins maritimes et les terres environnantes ont été irriguées pour les rendre plus habitables. Cependant, dans cette partie plus accidentée de la région, il était plus difficile de planter des pins maritimes, et les marais sauvages ont donc prévalu, abritant un écosystème riche et en constante évolution de plantes, d'arbres, d'oiseaux, de mammifères et d'insectes.   
 

Parmi la faune présente sur le site, le site internet des réserves naturelles nationales signale diverses espèces de crapauds, grenouilles, tritons, chevreuils, sangliers, blaireaux, loutres ; plus de 200 espèces d'oiseaux dont le balbuzard pêcheur, l'oie cendrée, la spatule blanche, la mouette rieuse, la grue et le canard ; tandis qu'environ 70 espèces d'oiseaux viennent s'y reproduire, dont le circaète jean-le-blanc, le faucon hobereau, le busard des roseaux, le bondrée apivore et le milan noir. Sans oublier les divers reptiles, amphibiens, libellules (39 espèces) et papillons (50 espèces) présents sur les lieux. Je suppose que nous pourrions continuer, mais si nous le faisons, nous risquons d'en avoir pour un certain temps…
 

Heureusement, tous ces faits et chiffres en constante évolution sont surveillés en permanence par une organisation appelée SEPANSO (Société pour l'Étude et l'Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest), qui gère la réserve. Elle gère également le Banc d'Arguin, à l'embouchure du Bassin d'Arcachon, et la Réserve naturelle nationale des Marais de Bruges, qui attend depuis longtemps son propre dossier Bordeaux Invisible ! 


Dans la réserve, à ma grande surprise, un représentant de la SEPANSO était présent sur la plate-forme d'observation principale pour répondre aux questions, donner des conseils et prêter deux télescopes pour permettre une observation plus poussée des oiseaux. Il a cependant fait remarquer qu'un milieu d'après-midi chaud en juin n'était pas optimal pour observer quoi que ce soit de plus intéressant que le groupe de hérons se blottissant dans un arbre au loin. Je planifierai les choses correctement la prochaine fois !

 

De là, j'ai grimpé les marches de l'une des deux grandes tours d'observation de la réserve, la Tour de Lesperon. Par endroits, des notes poétiques écrites sur du tissu ajoutent un peu de mysticisme à l'ensemble.

La Tour de Lesperon. Un poème est écrit sur le rectangle de tissu blanc qui bouge avec le vent.

Du haut de ce sommet, je me sentais un peu comme le roi de Cousseau, et pour couronner le tout, j'apercevais au loin une magnifique vache marine. Bref, le safari pouvait commencer !
 


Mais de ce point de vue, outre l'impressionnante beauté de la nature, le plus frappant était la tranquillité de l'endroit, dont le silence n'était troublé que par le bourdonnement des insectes. Lors de mon passage, il n'y avait que trois autres visiteurs, j'en ai croisé deux autres en sortant - difficile de croire que la réserve attire, paraît-il, entre 25 000 et 30 000 visiteurs par an... En tout cas, il n'y avait pas foule en ce dimanche après-midi de juin.
 

Quoi qu'il en soit, en ce qui me concerne, je reviendrai sans aucun doute dans un avenir proche afin de pouvoir profiter pleinement de la réserve. Il y a une autre tour d'observation à escalader et un circuit pédestre complet à découvrir. D'une certaine manière, cette première visite spontanée aura simplement servi de bande-annonce précipitée avant le déroulement du film dans son intégralité !
 

Alors, chère Réserve naturelle nationale de l'étang de Cousseau, le Bordeaux Invisible sera bien de retour... et de préférence un jour où il y a plus d'oiseaux à observer !!  

Mise à jour : le Bordeaux Invisible y est bien retourné et a grimpé les marches de la Tour Galip. Quelle vue !

> Localiser sur la carte Invisible Bordeaux : Réserve naturelle nationale de l’étang de Cousseau, Lacanau. Le vélo est le moyen recommandé pour atteindre la réserve, mais il y a aussi un parking situé plus ou moins à proximité (nom de code "Marmande" sur la départementale D6E1 au nord de Lacanau), mais notez que cela fait quand même une petite trotte de là jusqu'à la réserve proprement dite !

> Site internet Réserves Naturelles de France

> Site internet SEPANSO

> This article is also available in English!

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  Le petit village de Puynormand - et son statut curieux d'être la commune qui se situe au plein centre de l'hémisphère nord - a fai...

Destination le centre de l'hémisphère nord (Puynormand, pour les intimes) en compagnie de Slowrush

 

Le petit village de Puynormand - et son statut curieux d'être la commune qui se situe au plein centre de l'hémisphère nord - a fait l'objet de deux articles sur le blog d'Invisible Bordeaux. Ce n'était qu'une question de temps avant que le sujet ne fasse l'objet d'une chanson produite par mon groupe Slowrush... et la voici, accompagnée d'une vidéo on ne peut plus spectaculaire : nous vous présentons X Marks The Spot !! 


X Marks The Spot, titre phare du nouvel E.P. de Slowrush, Navigation & Time, est un peu le récit de deux de mes voyages à l'endroit où convergent le méridien de Greenwich et le 45ème parallèle nord, à savoir le lieu précis où l'est rencontre l'ouest au milieu de l'hémisphère nord.


S'il y a quelque chose de très deuxième degré dans ce morceau et dans la façon dont le groupe s'enthousiasme tant pour quelque chose qui n'existe pas physiquement, c'est aussi un clin d'œil affectueux à l'ami du blog André Stanghellini et au travail qu'il a accompli pour faire connaître le statut unique de Puynormand, ce qui a donné lieu à l'installation d'un panneau d'information sur place Ces dernières années. 


Rejoignez donc Slowrush sur sa mission à destination du centre de notre hémisphère et découvrez ce que cela donne de jouer un solo de saxo et de boire un verre là où convergent ces importantes lignes invisibles ! 



Cliquez ici si la vidéo ne s'affiche pas correctement sur votre appareil.



> Retrouvez l'EP Navigation & Time sur la page Bandcamp de Slowrush en cliquant ici, ou sur la plateforme de streaming de votre choix en cliquant ici. 

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Bon, c’est une grande tendance en ce moment donc le Bordeaux Invisible s’y met aussi ! Comme je suis un peu à court de temps ces jours-ci (m...

Dix lieux insolites à voir à Bordeaux... du moins, selon ChatGPT !


Bon, c’est une grande tendance en ce moment donc le Bordeaux Invisible s’y met aussi ! Comme je suis un peu à court de temps ces jours-ci (mais le blog sera bientôt de retour avec de nouveaux articles), je me suis demandé si le déjà célèbre chatbot ChatGPT pouvait puiser dans son intelligence artificielle pour fournir quelques conseils instantanés sur l’insolite à Bordeaux. J'ai booté le bot et ai soumis cette requête (en langue anglaise) : « Provide ten very unusual secret sights to see in Bordeaux, France ». Voici donc les dix suggestions de ChatGPT. Entre chaque proposition, je partage mon point de vue à 100 % humain. Qu'en pensez-vous ?

 

ChatGPT - Suggestion #1. « Le Passage Souterrain des Moulins : un système de tunnels souterrains construit au 17ème siècle pour transporter la farine entre les moulins, c'est maintenant un passage secret sous les rues de Bordeaux.

Avis Invisible Bordeaux -
Je n’ai mais alors aucune idée de ce que c'est ou de l'endroit où pourrait se trouver ce mystérieux passage souterrain. S'il existe, il s’agit d’une découverte remarquable et représente sûrement le secret le mieux gardé de la ville. Mais j'ai l'impression qu'il n'existe pas, cela vous dit quelque chose ?


> ChatGPT - Suggestion
#2. « La Tour Pey-Berland : un clocher du XVe siècle rattaché à la cathédrale Saint-André, offrant une vue panoramique sur la ville. »

Avis Invisible Bordeaux - Bon, pas très insolite, loin d’être un lieu méconnu, et la version anglaise d’origine sous-entend que la tour est physiquement reliée à la cathédrale, mais faisons avec !


> ChatGPT -
Suggestion #3. « La Grosse Cloche : un clocher médiéval qui servait de porte à la ville, avec un petit musée à l'intérieur. »

Avis Invisible Bordeaux - Hmmm, je ne suis pas sûr par rapport au musée à l'intérieur, et ce sujet "insolite" se trouve quand même sur les armoiries de la ville…


> ChatGPT - Suggestion #4. « Le Jardin Botanique : un jardin botanique luxuriant et paisible situé au cœur de la ville. »

Avis Invisible Bordeaux - Nous sommes d’accord, il s’agit là d’un endroit idéal pour se détendre et un lieu fascinant à visiter.


> ChatGPT - Suggestion #5. « La Rue Saint-James : une rue étroite bordée de bâtiments historiques, dont la plus vieille maison de Bordeaux. »

Avis Invisible Bordeaux - La plupart des sources s'accordent à dire que la plus vieille maison de Bordeaux se trouve sur l'impasse de la rue-Neuve, mais il est vrai que c'est assez proche. Mais sinon, oui, la rue Saint-James est une rue pittoresque et vaut bien une visite.

Deux propositions légitimes : la rue Saint-James et le Jardin Botanique.

> ChatGPT - Suggestion #6. « Le Pont de Pierre : un étonnant pont de pierre sur la Garonne, construit au début du 19ème siècle. »

Avis Invisible Bordeaux - Je pense que vous trouverez que la plupart des Bordelais ne sont plus si étonnés de voir le Pont de Pierre au quotidien… c'est sans doute l'un des points de repère les plus emblématiques et les plus reconnaissables de la ville.


> ChatGPT - Suggestion #7. « Les Catacombes de Bordeaux : Un réseau souterrain de tunnels et d’espaces remplis d'ossements humains, datant du 18ème siècle. »

Avis Invisible Bordeaux - Est-ce que ChatGPT ne confondrait pas Bordeaux et Paris, ou alors fait-il référence au cimetière de l'époque romaine situé sous l'église Saint-Seurin ? Il existe de véritables catacombes à Saint-Emilion, non loin du port de la Lune, est-ce à celles-là que ChatGPT pense ?


> ChatGPT - Suggestion #8. « Le Musée des Arts Décoratifs et du Design : un musée dédié aux arts décoratifs et au design, installé dans un bel hôtel particulier du XVIIIe siècle. »

Avis Invisible Bordeaux - Oui, Invisible Bordeaux approuve une fois de plus, c’est un musée étonnant dans un bâtiment spectaculaire, bien que si vous voulez le visiter, vous devrez attendre que les travaux de rénovation en cours soient terminés. La réouverture du musée est prévue en 2025.


> ChatGPT - Suggestion #9. « La Place de la Bourse : une grande place avec un étonnant miroir d'eau reflétant le majestueux Palais de la Bourse. »

Avis Invisible Bordeaux - Bien trouvé. Ce spectacle insolite et secret peut parfois même être aperçu sur Instagram !


> ChatGPT - Suggestion #10. « Le Jardin Public : un vaste parc public avec un lac, un jardin botanique, un zoo, et beaucoup d'endroits paisibles pour se détendre et se relaxer. »

Avis Invisible Bordeaux - Hmmm, le Jardin Public est en effet un endroit formidable, et possède bien son propre lac et un jardin botanique. Je ne suis pas sûr qu'il y ait un zoo à proprement parler, mais le Musée d'histoire naturelle et sa collection d'animaux (plus forcément très vivants) est un incontournable. ChatGPT se confondrait-il avec le Parc Bordelais et les chèvres, oies et moutons de sa ménagerie ?


Donc, dans l'ensemble, le résultat des courses est très mitigé. Il y a quelques suggestions générées par l'IA qui sont tout à fait valables, d'autres lieux qui sont bien trop évidents pour être classés comme « insolites » ou « secrets », et quelques propositions qui sont tout simplement farfelues.


Quoi qu'il en soit, il ne fait aucun doute que nous avons franchi un cap important ces derniers temps en ce qui concerne les capacités de l'Intelligence Artificielle. Cependant, pour l'instant, si vous êtes à la recherche d'endroits insolites et méconnus à visiter à Bordeaux, il est peut-être préférable de vous référer aux véritables expertes du patrimoine local évoluant dans le monde réel, telles que Marie Hallier, Fleur Borde, Caroline Calvet ou Hela Mansour... ou bien de vous adresser à l'office du tourisme de Bordeaux et de consulter son excellent site aux forts accents « slow tourisme », Un Air de Bordeaux !
 

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