Qui ne connaît pas le jeu de cartes 1000 Bornes, best-seller des rayons jouets depuis de nombreuses années en France, avec des ventes qui s’élèvent à plus de 10 millions ? L’histoire commença du côté d’Arcachon !
Présentons Arthur Dujardin, nom de plume Edmond Dujardin, né et élevé à Lille dans l’entre-deux-guerres. Musicien et inventeur, M. Dujardin devint imprimeur, puis auteur d’ouvrages sur le code de la route ainsi que de manuels pour écoles de conduite. Dans les années 1940, son asthme aigu l’amena à Arcachon pour respirer le bon air du Bassin. Dujardin décida d’y rester et aménagea en 1947 au numéro 63 boulevard de la Plage..
À cette époque il avait déjà conçu L’Autostop, jeu de société basé sur le code de la route, finalement distribué à partir de 1951. Parallèlement, il perfectionnait avec ses proches un autre jeu de cartes sur le thème de l’automobile, fusion du jeu américain Touring et du jeu de cartes Canasta. Résultat final : le 1000 Bornes, dont l’intitulé était une allusion à la longueur de la mythique Nationale 7 qui relie Paris à la pointe est de la Côte d’Azur.
La résidence arcachonnaise d'Edmond Dujardin et le sous-sol où le jeu est né. |
Un exemplaire de l'édition de 1954 (que m'a gentiment prêté mon collègue Guillaume !). |
L'ancienne conserverie de poissons à Arcachon. Suite au départ de Dujardin, place aux établissements Daniel Teyssier (fournitures automobile), entreprise qui a depuis fermé. |
Dans les années 1970, l’entreprise Dujardin, dont la gamme comprenait notamment Twixt (conçu par l’Américain Alex Randolph), était l’un des poids lourds du secteur et chaque année produisait 700 000 exemplaires de son jeu vedette, 1000 Bornes. Mais en 1975, M. Dujardin décéda en pleine période de gloire. L’entreprise fut reprise par son épouse, qui disparut brutalement, puis par leur fils Patrick, qui déménagea les 110 collaborateurs vers un site tout neuf dans la zone industrielle de La Teste-de-Buch, commune voisine d’Arcachon.
Le site de La Teste lors d'un récent passage. La zone principale était inoccupée mais le nom Dujardin restait visible, tout comme la borne symbolique près du portail ! |
En 1981, la société fut reprise par le fabricant et exportateur de jeux Regain Galore, qui conserva la marque Dujardin. Celle-ci résista à l’ouragan de la révolution numérique et fut reprise en 2007 par TF1 Games, surtout connue pour la production à l’étranger de jeux de société basés sur des formats de jeux télévisés. Bon nombre de ces jeux affichent aujourd’hui encore la marque et le logo Dujardin.
Suite à cette reprise par TF1 Games, le site de La Teste ferma ses portes et les équipes de direction et de distribution Dujardin intégrèrent de nouveaux locaux à Cestas, à l’ouest de Bordeaux. On y repère facilement le logo en forme de borne sur la façade du site. Parallèlement, la fabrication du jeu 1000 Bornes fut transféré 200 kilomètres à l’est vers un modeste site à Saint-Pantaléon-de-Larche, près de Brive-la-Gaillarde. Douze personnes y travaillent à l’année et les effectifs sont doublés pendant la période estivale en préparation du « rush » de Noël. La marque continua à se développer, notamment par le rachat de son concurrent Michel, fabricant du jeu Le Cochon qui rit.
Le site de Cestas et l'édition actuelle du jeu. |
Le jeu 1000 Bornes se porte toujours aussi bien et demeure parmi les jeux préférés des Français. Les règles ont peu évolué depuis 1954 mais le concept du jeu de cartes s’est élargi avec une version avec plateau. De nombreuses éditions spéciales ont également été réalisées, telles que des déclinaisons Astérix, Cars ou encore une très luxueuse version Tintin. Il existe aussi des variantes autour de l’histoire, des animaux, des inventions et du vocabulaire, ainsi que des versions électroniques ou pour smartphone.
La version avec un plateau et ses petites voitures, feux tricolores et accidents. Cette séance photo était particulièrement amusante à monter. |
1000 Bornes continue son bonhomme de chemin dans d’autres pays. La version américaine est aujourd’hui distribuée par Winning Moves Games dans le cadre d’un accord de licence avec Hasbro. Le jeu a des passionnés en Espagne, en Allemagne, en Grèce ou en Italie. Bien sûr, Stap Op, la version néerlandaise du jeu, est basée sur le vélo et non l’automobile. Que de kilomètres parcourus depuis le sous-sol arcachonnais de Monsieur Dujardin !
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerJe ne savais pas merci pour l'info!
RépondreSupprimerA bientôt!
Isabelle fondatrice http://www.erwigo.com Bordeaux
Merci de ce retour Isabelle !
Supprimerbonjour, un grand merci pour cet article : je suis en train de faire des recherches sur Joseph Le Callennec (le graphiste et illustrateur du 1000 bornes) et j'ai enfin compris la raison qui fait qu'un éditeur d'Arcachon a été chercher un illustrateur Lillois pour son jeu ! Si vous avez d'autres renseignements sur Edmond Dujardin, je suis preneur... Merci !
RépondreSupprimerBonjour, ravi de savoir que tout s'explique désormais. Peu d'infos supplémentaires sur ce monsieur plutôt discret mais si j'en déniche je compléterai l'article. Bonne continuation, impatient de lire les résultats de vos recherches !
SupprimerArthur Sarfati qui était un de mes amis avait la marque Dujardin pour les jouets en bois et Regain pour les trains; Ses bureaux etaient à Saint Cloud mais il m'a souvent parlé de Cornil. Il est malheureusement décédé en Octobre 2009 après avoir vendu à TF1 sa société. Il est malheureux que nulle part son nom ne figure alors qu'il s'est impliqué à fond dans ses deux sociétés. Y compris quant il s'est agi de modifier certains tracés de l'usine, Cornil pour s'assurer que les esturgeons qui avaient l'habitude de frayer dans les parages ne soient pas perturbés.
RépondreSupprimerbonjour, je m appelle Françoise et suis tombée par hasard sur votre message alors que parlais d ARthur SArfati,mon ami de longue date , à une amie et lui narrais l anecdote du barrage détourné pour permettre aux esturgeons de frayer. arthur habitait bougival près de chez moi et avait été mon patron chez grace and co. le hazard m a indirectement remis en mémoire son histoire alors que j habite actuellement
Supprimeren gironde, non loin de cestas.je suis d accord avec vous et déplore que ses repreneurs n aient pas eu la courtoisie de lui rendre hommage, lui qui a tant donné pour cette
société et ses collaborateurs à Cornille en particulier. merci .
Bonjour Tim,
RépondreSupprimerun grand merci pour cet article et les informations sur Arthur (Edmond) Dujardin!
Au cour de mes recherches, j'ai trouvé un paragraph concernant Dujardin dans ce texte sur le cimetière d'Archachon: https://www.shaapb.fr/150-ans-dhistoire-au-cimetiere-darcachon/
L'auteur dit que Dujardin était sourd depuis sa naissance, mais tu nous informe qu'il était musicien. N'est-ce une contradiction?
Voici aussi un lien vers le catalogue de la Bibliothèque Nationale de France. Parmi les résultats de recherche, on trouve aussi les livres imprimés par Dujardin. https://catalogue.bnf.fr/changerPage.do?motRecherche=edmond+dujardin&index=&numNotice=&listeAffinages=&nbResultParPage=10&afficheRegroup=false&pageEnCours=1&trouveDansFiltre=NoticePUB&trouverDansActif=false&triResultParPage=6&critereRecherche=0&typeNotice=&pageRech=rsi
Merci, Michael
Bonjour Michael, quelques années sont passées par là, donc il faudrait que je remette la main sur mes sources d'origine - mais je n'ai pas le souvenir d'avoir lu qu'il était sourd... et en faisant un peu de googling spontané cette info ne figure nulle part ailleurs. On l'aperçoit très brièvement dans la vidéo intégrée à l'article, les images ne sont pas particulièrement parlantes. Donc, une information intéressante si elle est véridique, mais il est étonnant que ce ne soit pas mis en avant par ailleurs. Un grand merci pour ces liens !
Supprimer