Les portes des châteaux du Médoc sont difficilement franchissables, mais un établissement qui cherche à inverser cette tendance est le c...

Château d'Agassac : histoire, vin, gastronomie et cases à pigeon


Les portes des châteaux du Médoc sont difficilement franchissables, mais un établissement qui cherche à inverser cette tendance est le château d'Agassac à Ludon-Médoc. Aujourd'hui Agassac, qui est indéniablement l'un des plus beaux châteaux de la célèbre route des vins, capitalise aussi pleinement sur sa riche histoire pour attirer les visiteurs... et a récemment ouvert un restaurant qui est un excellent argument pour rester un peu plus longtemps sur place !

L'histoire de ce lieu remonte au 13e siècle, époque où un simple fortin en bois a été érigé ici par un certain Gaillard de Gassac afin de protéger la ville de Bordeaux de l'ennemi (à savoir les Français puisque Bordeaux était alors aux mains des Anglais). Cette forteresse aurait été détruite et remplacée par un château en pierre, et les terres offertes à Gaillard de Gassac en guise de remerciement pour ses efforts. Il devint alors Seigneur d'Agassac, dérivé d'agasse, mot gascon signifiant « pie » car les seigneurs médocains adoptaient fréquemment... des noms d'oiseaux !

La descendance du premier Seigneur d'Agassac s'est arrêtée après deux générations ; le château et ses terres ont été rachetés par la famille d'Albret puis, à la fin du 16e siècle, la famille Pommiers (ou Pomies). Cette période allait être capitale dans la vie du château.  Parmi les évolutions datant de cette époque, notons l'ajout d'un niveau supérieur complétant ainsi la transformation du château fortifié en  lieu de résidence, ou encore la construction du pont au-dessus de la douve. Enfin, le terrain marécageux tout autour a été asséché afin d'y planter des vignes.

Le niveau supérieur sert de trait d'union entre les deux tours.
Après trois siècles de stabilité, en 1841 le château a été repris par l'agronome Marcel Richier, qui a déployé des techniques innovantes telles que le palissage de la vigne au fil de fer, pratique qui allait devenir courante dans le monde entier. Sous Richier, le château allait vivre des années prospères et encore aujourd'hui on considère cette ère comme l'âge d'or des vins d'Agassac.

Dans les années 1960, la propriété a été rachetée par la famille Capbern-Gasqueton, qui s'en est servie comme demeure familiale jusqu'en 1996. Les coûts de maintenance s'avérant alors trop élevés, le château et ses terres ont été vendus à l'assureur Groupama. Ce nouveau propriétaire a lancé d'importants travaux de construction et de rénovation. Ces efforts ont été récompensés en 2012 avec l'attribution du statut de Monument Historique.

Ceci nous ramène à nos jours et la découverte d'un château qui ouvre ses portes au grand public sept jours sur sept, ce qui en fait un cas plutôt exceptionnel dans le secteur. Agassac propose des visites guidées classiques mais a également développé une visite « iPad » comprenant activités interactives et vidéos, ainsi qu'une version dédiée aux enfants.

Quelques marques de fabrique de cet ancien château fortifié et (ci-dessous) la rencontre de techniques de construction d'époques différentes.

Et il y a de quoi s'occuper, comme ces nombreux détails sur les murs du château, les quatre tours et leurs créneaux et tourelles, ou encore les jonctions entre techniques de construction d'époques différentes. Le circuit visiteur débute dans le surprenant pigeonnier du 15e siècle, dont l'intérieur est recouvert de quelque 600 cases à pigeon, symbole des 600 hectares que comptait la propriété à l'époque (aujourd'hui ce serait plutôt une centaine d'hectares, dont une moitié de vignobles). Bien sûr, c'est également ici que les visites se terminent afin de goûter aux vins du château !

Le pigeonnier, vues extérieure et intérieure !

Côté vignobles, trois types de terroirs distincts sont à découvrir. Près du château, la terre est un mélange de graves, sable et argile, alors qu'ailleurs le sable ou l'argile priment. Cette variété apporte différentes qualités aux vignes et aux raisins, dont on trouve trois cépages différents : 50 % Merlot, 47 % Cabernet Sauvignon et 3 % de Cabernet Franc.

La terre graveleuse près du château, avec des pieds d'orge pour un apport supplémentaire d'azote.
La visite guidée permet également de voir les moyens de production et de stockage du vin, installés dans une ancienne bergerie. On découvre ainsi les 23 cuves en acier inoxydables ainsi que les nombreuses rangées de tonneaux en bois de chêne où le vin est élevé pendant une quinzaine de mois en moyenne. Clin d’œil, le château a conçu des caissons transparents qui présentent les trois types de terroir, les appellations associées et les arômes à retrouver dans le produit fini.

L'ancienne bergerie où est produit le vin.
 

Le château accueille désormais réunions et séminaires d'entreprise, mais depuis juin dernier le rez-de-chaussée a été transformé en restaurant, La Table d'Agassac, qui attire une clientèle de locaux et de touristes grâce à des formules [alerte publi-reportage] à prix particulièrement abordables le midi (16 ou 25 euros) et un poil plus onéreux le soir.  

Découverte des cuisines !
Le menu évolue de jour en jour selon le marché et l'inspiration des deux jeunes chefs, Jacopo Bracchi et Maria Anedda. Lors de mon passage, j'ai pu apprécier un risotto de fruits de mer suivi par une pintade sur un lit de lentilles et de raisins, le tout accompagné de vins d'Agassac et d'ailleurs. Le tout était très délicieux ma foi.


Le château d'Agassac a trouvé le bon équilibre entre histoire, vin et gastronomie, tout en affichant la volonté d'en faire un lieu accessible et accueillant pour le grand public... et peut aujourd'hui fêter dignement l'attribution du label « approuvé par le Bordeaux Invisible ».

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