Au cours des dernières années, on a beaucoup parlé de l'écoquartier de Ginko au nord de Bordeaux, une zone résidentielle nouvellement construite qui vise à cocher toutes les bonnes cases sociales et écologiques. Il était donc grand temps qu'Invisible Bordeaux s'y rende afin de voir tout cela de près !
Mais, tout d'abord, que sont ces fameux écoquartiers ? Selon
Wikipédia, ce néologisme désigne « un type de planification urbaine qui vise à associer la maîtrise des ressources nécessaires à la population et aux activités de production économiques, à la maîtrise des déchets qu'ils produisent ». D'où Ginko, le premier quartier du genre à Bordeaux-même, construit sur un lot encadré par, côté ouest, le lac artificiel créé à partir des années soixante ; au nord par la zone hôtelière, d'affaires et de congrès du Lac ; à l'est par l'énorme centre commercial Bordeaux Lac ; et au sud par les résidences du quartier des Aubiers.
Le projet Ginko a pris forme à partir de 2006 et les travaux de construction ont démarré en 2010. Les premiers résidents ont emménagé en 2013, sachant que le quartier ne sera achevé qu'en 2022. Les grandes lignes directrices de Ginko ont été conçues par les urbanistes Christian Devillers et Olivier Brochet, et le tout a été mis en œuvre par le groupe Bouygues.
En termes de chiffres bruts, Ginko représentera à terme une surface totale de 32,6 hectares comprenant 2 700 habitations pour environ 7 000 résidents, misant sur une importante variété de types de logements conçus pour attirer un éventail tout aussi large de profils. Des espaces verts occuperont, quant à eux, environ 40 % de la superficie totale. La création de Ginko s'est également accompagnée d'une nouvelle extension de la ligne C du tramway, sans oublier l'intégration de plusieurs magasins et restaurants, d'une école élémentaire et de la première nouvelle église catholique construite à Bordeaux en 40 ans.
Par contre, la réputation de Ginko est malmenée depuis ses premiers jours. Sur les réseaux sociaux et ailleurs différents facteurs sont pointés du doigt : densité du taux d'occupation des sols, ambiance glauque la nuit tombée, ou encore la piètre qualité des constructions et des aménagements intérieurs et extérieurs... tristement symbolisée par l’effondrement très médiatisé du balcon d'un logement situé au quatrième étage d'une résidence en 2015 (heureusement, l'incident n'a fait aucun blessé hors l'image ternie de Ginko et de Bouygues).
Des enquêtes ont pu néanmoins démontrer que les habitants déclarent être globalement heureux à Ginko, bien que la plupart ait en effet constaté des malfaçons dans leur habitation ou encore souligné un problème de propreté des espaces publics ou de nuisances sonores.
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L'effondrement d'un balcon en 2015 (source photo : Sud Ouest) et, à droite, le même bâtiment aujourd'hui. |
Bref, me voilà dans le quartier un dimanche matin ensoleillé. Pour cette découverte j'ai opté pour le trajet aller-retour nord-sud, en démarrant près de la station de tram « 40 Journaux », qui semble être également un mini-parking officieux pour caddies du hypermarché Auchan. De là, le large boulevard qui s'étend du nord au sud, le cours de Québec, coupe le quartier en deux et est lui-même divisé en son milieu par la ligne de tramway. Le caractère anonyme des niveaux rez-de-chaussée des immeubles est parfois rompu par la présence de restaurants (notamment une pizzeria et un HFC, Halal Fried Chicken), d'un tabac-presse et d'une laverie. Un des bâtiments les plus imposants est celui de l’école élémentaire Vaclav Havel, entouré de tous côtés par des grillages, donnant un peu l'impression d'être une cage géante.
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Cours de Québec, l'axe central de Ginko. NB : le ciel n'est pas toujours aussi bleu !
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L'école privée Montessori. |
Ces voies piétonnes parallèles sont reliées entre elles par des allées menant à une aire de jeux pour enfants, le jardin du Clown Chocolat (du
nom du célèbre clown né à Cuba, mort et enterré à Bordeaux) qui, vu de l'extérieur, rappellerait presque l'univers de l'émission Teletubbies ! En se dirigeant plus encore au sud, on tombe sur un parc linéaire et ses drôles de structures en bois, avant d'arriver à un terrain de sport d'un bleu tellement vif qu'il est sans doute facilement repérable depuis l'Espace. Un gymnase tout neuf marque la jonction entre Ginko et le quartier des Aubiers, comme le rappelle d'ailleurs son nom : il s'agit du gymnase Aubiers-Ginko.
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Le jardin du Clown Chocolat. |
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Le terrain de sports bleu. |
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Le gymnase Aubiers-Ginko. Dans la fenêtre on observe le reflet d'une des célèbres résidences du quartier des Aubiers. |
En remontant vers le nord, près d'un grand carrefour on peut observer l'église paroissiale de Notre Dame du Lac mentionnée plus haut. Cet édifice résolument moderne conçu par Émilie Brochet est entièrement entouré de grandes résidences. En face de l’église se trouve toute une zone encore en travaux, zone qui accueillera de nouvelles résidences mais aussi la future zone commerçante « Cœur Ginko », qui servira de trait d'union entre Ginko et le centre commercial Bordeaux Lac. C’est notamment ici qu’ouvrira un grand magasin Cultura. Chose surprenante, sur les grands panneaux qui masquent les travaux en cours, le message mis en avant par Bouygues en guise de teaser est la promesse de 1 530 places de parking souterraines.
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La paroisse Notre Dame du Lac. |
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La zone Cœur Ginko en devenir. |
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Chouette : bientôt 1 530 places de parking ! En sous-sol ! Yeah ! |
Mon périple se termine vers la pointe nord-est du quartier et ce que ma feuille de route m'annonce comme étant la chaufferie biomasse Engie Services. Ce bâtiment a un aspect tout à fait moderne et écologique, mais aussi assez mystérieux. Cependant, à l’extérieur, à part l’inscription indiquant son « énergie éco responsable », aucune information supplémentaire n’est proposée. La façade est plutôt occupée par un grand panneau publicitaire vantant les mérites de Cœur Ginko.
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La chaufferie énigmatique. |
Alors, quelle était mon impression générale suite à cette matinée passée dans l'écoquartier Ginko ? Eh bien, Invisible Bordeaux n'exprime que rarement des avis particulièrement tranchés sur les sites qu'il découvre, et d'ordinaire il s'agit là d'une stratégie volontaire de neutralité. Cependant, cette fois-ci, le sentiment général était bien celui d'une certaine ambivalence - le quartier ne m'a fait ni chaud, ni froid, et la découverte n'était ni spécialement agréable, ni désagréable. Ginko est clairement un quartier où l'on vit et non un quartier qu'on visite ; certes, ce dimanche matin je ne m'attendais pas à beaucoup d'animation, mais en réalité les rues étaient pratiquement désertes (comme vous l'aurez constaté, je n'ai eu aucun mal à prendre des photos où absolument personne ne figure).
Mais n'est-ce pas là le plus gros enjeu pour Ginko ? Cet écoquartier réussira-t-il à faire sortir ses habitants de leurs maisons et leurs appartements afin de construire cette nouvelle communauté voulue, axée sur la mixité et la diversité ? Les écoles, les lieux de détente et les espaces en commun deviendront-ils des points d'échange et de rencontre ? Pour l'instant, ce processus est en phase de démarrage lent et seul l'avenir nous dira si Ginko vieillira bien et développera bien sa propre identité, créant une ambiance qui lui est propre. Invisible Bordeaux devra donc y retourner afin de faire de nouveaux points d'étape !
> Localiser dur la carte Invisible Bordeaux map : Ginko eco-district, Bordeaux
> Site officiel afin que vous puissiez, vous aussi, accéder au rêve Ginko : www.ecoquartier-ginko.fr
> La carte que j'ai utilisée pour me repérer dans le quartier est disponible ici.
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