L'esprit Invisible Bordeaux est à retrouver une fois de plus sur le nouvel E.P. de Slowrush, The Story Starts... ! En effet, comme le...

Du slow tourisme en musique en compagnie de Slowrush !

 


L'esprit Invisible Bordeaux est à retrouver une fois de plus sur le nouvel E.P. de Slowrush, The Story Starts... ! En effet, comme les lecteurs fidèles le savent, ces derniers temps, mon projet musical Slowrush a pris le pas sur le blog Invisible Bordeaux en termes de temps et d'énergie. Mais cela ne veut pas dire que les deux projets ne se nourrissent pas l'un de l'autre. En effet, trois chansons de la cinquième collection publiée par notre trio Britpop sont directement inspirées par des sujets traités sur le blog par le passé... c'est en quelque sorte du slow tourisme en musique !


Sur ce nouvel E.P., le périple musical commence par la découverte des très méconnus jardins des villes jumelles, qui subissent les affres du temps dans la réserve écologique des Barails au nord de Bordeaux. Avec son ambiance très folk-pop acoustique, c’est ainsi le titre « Twin City Gardens » qui invite à ce voyage qui permet d’être instantanément dépaysé sans aucunement avoir à se déplacer, comme le démontre le clip musical à découvrir sur Youtube.



« Degrees of Separation », aux accents Britpop, revient sur le parcours du musicien new-yorkais Mort Shuman, qui repose à Bordeaux-Caudéran, et évoque la fierté de Slowrush de partager l’histoire du chanteur de « Papa Tango Charly » dans le cadre de la conférence musicale que nous présentons occasionnellement, à savoir le projet parallèle Le Shuman Show !

« The Story Starts (With a Bass Guitar) » raconte en quelques couplets l’histoire étonnante de Gilles Bertin, bassiste dans les années 1980 du groupe de punk bordelais Camera Silens avant d’être impliqué dans un braquage et de fuir vers le Portugal puis en Espagne. Après sa cavale de 30 ans, Bertin a cherché à se racheter et à reconstruire de toutes pièces son identité, avant son décès des suites d’une maladie à l’âge de 58 ans. Ce morceau à la ligne basse hypnotique est parmi les plus rock et les plus ambitieux du répertoire de Slowrush.

L’EP se referme sur une chanson nettement plus calme qui n’aborde pas de thème girondin mais dont le titre reste néanmoins un clin d’œil à la France : « Amie Mon Amie ». En grande partie instrumentale, cette ritournelle mélancolique jouit d’une ambiance particulière, grâce notamment à la présence de la voix d’Elise Rols, épouse d’Olivier, qui apporte une dimension inattendue au morceau, dont les paroles sont signées par un ami de longue date, John Parker. Le clip qui accompagne la chanson puise dans un "home movie" américain des années 1940.



Les quatre chansons de The Story Starts... ont pu bénéficier de l’expertise en mixage et mastering de Sylvio Arrondo des studios Klarkson Mixing dans le Sud Gironde. La pochette, non sans rappeler les univers visuels de Belle and Sebastian ou des Smiths, est une curieuse photo datant des années 1950 prise sur la plage de Great Yarmouth dans le sud-est de l’Angleterre. Au micro et en costard-cravate, le pasteur évangélique Robert Fairnie prêche la bonne parole à ses auditeurs en culottes courtes !
L'E.P. est à retrouver sur la page Bandcamp du groupe ou sur la plateforme streaming de votre choix en cliquant ici... ou tout simplement via le lecteur ci-dessous. Enjoy et rendez-vous en 2025 pour écouter ces chansons en "live" !

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L'effervescence du centre de Bordeaux peut parfois devenir un peu pesante, n'est-ce pas ? Dans ce cas, il n'y a rien de plus res...

Verdure very verticale : les murs végétaux de Bordeaux


L'effervescence du centre de Bordeaux peut parfois devenir un peu pesante, n'est-ce pas ? Dans ce cas, il n'y a rien de plus ressourçant que de se détendre près du plus grand mur végétal de la ville. Nous voici donc dans le square Vinet... à deux pas à peine des rue Sainte-Catherine et place Camille-Jullian toujours si animées!


Entre la rue du Cancéra et la rue Vinet, cette petite place tranquille bordée de platanes date des années 1970 et sa création suite à la démolition d'une rangée d'immeubles vétustes. Le tournant qui nous intéresse s'est produit en 2005 avec l’ajout de son curieux (et très joli) mur végétal de 100 mètres de long (ou d’une surface de 400 mètres carrés, selon !), dans le cadre d'un réaménagement important qui a coûté 540 000 euros. Les travaux ont été controversés à l'époque, mais (si l'on en croit les archives) principalement parce que les balançoires à l'ancienne ont été remplacées par des jeux plus modernes pour les enfants. « Beau mais trop intello », titrait alors le quotidien Sud Ouest !


Le Square Vinet dans toute sa splendeur.

Bref, revenons à notre mur végétal, c’est-à-dire ?... Du côté de Wikipédia, il est précisé que « les concepts de mur vivant, mur-manteaux végétalisé et mur végétal décrivent des jardins ou écosystèmes verticaux, plus ou moins artificiels. Ces parois verticales végétales ou végétalisées sont conçues tantôt comme éléments esthétiques et de décor intérieur ou extérieur (dans le cadre du jardinage urbain), tantôt comme œuvres d'art utilisant le végétal, ou encore comme éléments d'écologie urbaine. »


Le mur végétal du Square Vinet a vu le jour dans le cadre d'une charte paysagère menée par le paysagiste Michel Desvignes. La conception du mur est, selon le site de la municipalité, « le fruit de la recherche scientifique et du talent artistique du botaniste Patrick Blanc » (à qui l'on doit également le mur végétal du Musée des Arts Premiers Quai Branly à Paris), le tout ayant été « mis en œuvre avec le service des Espaces verts de la Ville ».


Il faut en effet aimer le vert. 

Le mur est composé de « multiples espèces végétales aux textures et aux couleurs adaptées à l’univers ludique des enfants ». Car oui, la place comprend toujours ces équipements (un toboggan et divers objets mystérieux sur ressorts) destinés à occuper les plus jeunes du quartier ! Que demander de plus ?


Mais même pour les visiteurs sans enfants, la petite place constitue une découverte intéressante, et le contraste entre le mur végétal du square Vinet (Elie Vinet, soit dit en passant, était un éminent professeur, historien et écrivain bordelais du XVIe siècle) et la pierre blonde des bâtiments environnants est frappant.


Deux murs, deux ambiances.

À noter que le mur végétal Vinet n'est pas le seul dans la ville, un autre se trouve dans le quartier Mériadeck, le long de la salle du conseil de Bordeaux Métropole. Avec, en prime, le bassin qui l'entoure et la sculpture abstraite en bronze de François Cante-Pacos (et oui, il y a même de jolis poissons rouges !). 


Les murs végétaux de la salle du conseil de Bordeaux Métropole. Et un poisson rouge. 

Il y a également eu des projets de murs végétaux moins réussis, notamment sur le cours de la Martinique, où un immeuble résidentiel arborait des rangées de verdure qui traversaient les balcons de chaque appartement, une fois encore selon les plans de Patrick Blanc. L'entretien et la maintenance se sont avérés difficiles et le système d'évacuation des eaux était inefficace, ce qui entraînait, lors des périodes de froid, des dégâts liés au gel de la structure des balcons et des trottoirs dangereusement verglacés au niveau de la rue. En 2012, cinq ans seulement après leur installation, ces jardins suspendus du cours de la Martinique faisaient donc déjà parler d'eux pour de mauvaises raisons dans le Sud Ouest. Quelques années plus tard, les balcons de l'immeuble sont désormais bien lisses !   


> Localiser sur la carte Invisible Bordeaux : Square Vinet et Bordeaux Métropole building and green wall, Bordeaux.
> This article is also available in English! 
> Un grand merci à Mathias Cisnal (auteur du guide Mériadeck - Parcours en ville) pour ses précieux conseils ! 

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Je ne sais plus trop comment cela s'est produit, mais je suis tombé sur une publication réseaux sociaux datant de 2019 annonçant l'i...

J'ai testé pour vous : les boîtes à livres (ô combien insolites) d'Eysines

Je ne sais plus trop comment cela s'est produit, mais je suis tombé sur une publication réseaux sociaux datant de 2019 annonçant l'installation de nouvelles boîtes à livres très originales à divers endroits de l'agréable commune d'Eysines, toutes répertoriées par ailleurs sur une carte disponible sur le site web de la municipalité. La plupart des boîtes à livres d'Eysines ont ceci de particulier qu'au lieu d'être de simples structures rectilignes en bois, chacune d'entre elles reflète son environnement et a été fabriquée de manière artisanale par les agents techniques de la ville. Inutile de dire que cela nécessitait bien un périple dominical ! 


Bien sûr, le principe de base de ces micro-bibliothèques publiques est simple : venez, feuilletez un peu, déposez idéalement un livre et, en retour, emportez-en un chez vous. Pour les besoins de ce projet, j'ai adapté cette règle au format de mon roadtrip, en apportant d'abord un livre au vivier, puis en sélectionnant à chaque bibliothèque un livre que je laisserais à mon prochain arrêt, formant ainsi une sorte de chaîne continue reliant les différentes boîtes à livre. Pour commencer, le livre que j'ai déposé dans la première boîte à livres était le très Invisible Bordeaux-friendly « Grandir à Bordeaux dans les années 1940 et 1950 » de Véronique Cardinal. Quelle œuvre allais-je rapporter chez moi dix arrêts plus tard ?



Ma première boîte à livres avait la forme d'un tramway d'époque de la ligne "Eysines Bourg", installé ici un peu avant la mise en service de l'arrêt actuel "Eysines Centre" de la ligne D du tramway. La bibliothèque était en bon état et proposait un bon choix de livres. C'était aussi ma première expérience du travail accompli par les équipes techniques d'Eysines : je me suis rendu compte que les charnières des portes contiennent un solide mécanisme à ressort, de sorte qu'une fois relâchées, les portes se referment automatiquement sur elles-mêmes. C'est très astucieux. J'ai échangé mon livre de Véronique Cardinal contre un classique de la littérature qui me ramènerait à mes années d'université : « Le Père Goriot » de Balzac. 



La deuxième étape s'est déroulée dans le verdoyant Bois du Derby, dont le nom pourrait éventuellement faire référence à l'hippodrome voisin. En forme d'arbre coloré, la bibliothèque se compose de deux petites maisons pour ranger les livres, l'une à hauteur d'adulte et l'autre à hauteur d'enfant.



Cette dernière était sinistrement vide... et les portes à ressorts étaient absentes. Pour une raison ou une autre, cela a réveillé le politique qui sommeille en moi et « Le Père Goriot » a ainsi été remplacé par « Un fantasme nommé Juppé » d'Anna Cabana.

La troisième boîte à livres était un peu plus difficile à trouver, située dans un ensemble résidentiel (les Cottages), à côté d'une aire de jeux pour enfants et d'un petit terrain de football. 


En dépit d'un avis manuscrit appelant à la bienveillance collective, cette bibliothèque avait manifestement connu des jours meilleurs... et était complètement vide, à l'exception d'un livre d'images pour enfants abîmé par les intempéries. J'ai préféré laisser les choses en l'état. 

Ensuite, direction la place Florale qui, un dimanche matin, est très animée car... c'est jour de marché ! Hourra ! J'ai donc été accueilli par une foule de personnes faisant le plein de denrées alimentaires à ce marché de Migron, le tout accompagné par une odeur de poulet rôti dans l'air et rythmé par un chanteur-guitariste interprétant de vieux airs de Bob Dylan dans un anglais approximatif. La boîte à livres de la place Florale est assez fabuleuse (bien qu'elle n'ait pas non plus sa porte de protection), en forme de vieille fourgonnette Citroën. S'agit-il d'une référence à une fourgonnette Citroën en particulier ou simplement d'une allusion aux camelots qui s'installent ici tous les week-ends ? 



En tout cas, le jour où j'y étais, il y avait des parallèles évidents avec le camping-car garé à côté qui vendait des plants de tomates ! Cette halte m'a également permis de voir pour la première fois une nouvelle œuvre d'art public remarquable, une sculpture en bronze signée Ibai Hernandorena représentant trois jeunes locaux qui sont en situation de handicap. L'œuvre intitulée « Jéremy, Germain et Olivier », que vous pouvez découvrir en cliquant ici, mériterait peut-être un article à part entière dans Invisible Bordeaux ! Je suis parti, désormais avec « Mars et Vénus sous la couette » de John Gray bien rangé dans mon sac. 



Je me dirigeais à présent vers le Bois Gramond, un agréable espace de verdure niché au milieu de rues résidentielles et bordé au nord-ouest par la Rocade. D'après ce que j'ai pu constater pendant mon court séjour, le parc est un peu le paradis des joggeurs et des promeneurs de chiens. Il abrite également la plus spectaculaire des boîtes à livres d'Eysines : une cabane avec des étagères bien garnies sur tous les côtés et une invitation à profiter du cadre à tout moment de l'année, chaque côté de la cabane évoquant l'une des quatre saisons.


Des hublots donnant sur le monde extérieur complètent le tableau. C'est vraiment très sympathique. J'ai échangé mon livre de thérapie sexuelle contre « Le théorème du perroquet » de Denis Guedj, simplement parce que j'aimais le titre et la couverture.

J'ai ensuite découvert une boîte à livres sur le thème du zèbre qui, comme son homologue des Cottages, était un peu plus difficile à trouver, cachée au milieu des parkings bondés du complexe résidentiel du Grand Louis. Une fois de plus, j'ai choisi de remonter le temps jusqu'à mes années d'étudiant en optant pour le « Huis Clos » de Sartre.   


Il y avait à peine 400 ou 500 mètres à parcourir avant d'atteindre la prochaine boîte à livres, simplement décrite sur le plan comme étant "à côté des écoles". Elle était en fait assez facile à localiser. Sa conception n'était peut-être pas des plus originales, mais elle offrait un avantage inattendu : une vue imprenable sur l'équipe de baseball locale, les Raiders, en plein match  


Après m'être momentanément laissé emporter par le jeu de balle, je me suis concentré sur ma prochaine lecture : « Sept années perdues » de George Bellairs.

Je me dirigeais à présent vers la "Maison Guy Queyroi", qui semble être une sorte de bâtiment polyvalent comprenant salles de réunion pour les associations locales et autres. Sa boîte à livres, qui se trouve à l'extérieur mais à l'abri des intempéries, est d'une conception très conventionnelle, mais ce qui manque d'originalité est plus que compensé en termes d'offre. Il s'agit manifestement d'un point névralgique pour le prêt et l'emprunt, et elle débordait littéralement de livres ce dimanche matin. J'ai opté pour un récit d'espionnage à la couverture un tantinet coquine : « À Bout de Patience » de Serge Laforest.



J'aurais très bien pu rater l'entrée de ma prochaine destination, le parc du Limancet. En passant devant la première fois, le portail métallique semblait non seulement fermé mais verrouillé. Ce n'est qu'en revenant sur mes pas que j'ai remarqué qu'il y avait heureusement un moyen tout à fait légitime de contourner le portail et d'entrer dans cet agréable espace boisé. Une fois à l'intérieur, je craignais d'avoir du mal à localiser la boîte à livres, mais je l'ai vite repérée, à côté d'une grande grange. Pas besoin d'être un personnage d'un roman d'espionnage de Serge Laforest pour remarquer la similitude entre les deux, la bibliothèque est en fait une version minuscule du bâtiment voisin !


Les livres exposés étant un peu décevants, j'ai finalement opté pour une histoire torride de la collection Harlequin "Série Tentation" : « Vos Désirs Sont des Ordres » de Lee Magner.       

Mon dernier arrêt était maintenant en vue, à l'aire de jeux pour enfants au cœur des grands espaces du domaine du Pinsan... qui a déjà fait son apparition sur le blog dans l'un de mes articles occasionnels sur les catastrophes aériennes. Le design coloré de cette dixième boîte à livres, avec ses grands yeux expressifs (bizarrement couronnés par des cils qui sont en fait placés au-dessus des sourcils du personnage) et ses deux rangées de dents pointues encadrant les deux étagères de livres, est tout à fait adapté aux enfants. La bibliothèque semble en colère, ou affamée, ou peut-être les deux.  


Une fois de plus, le choix de livres disponibles n'était pas extraordinaire, mais j'ai finalement opté pour « Un Taxi Mauve » de Michel Déon, un roman de 1973 qui se déroule en Irlande et qui a ensuite fait l'objet d'un film mis en scène par Yves Boisset. C'est donc le livre que j'allais ramener à la maison !

Ce voyage à la découverte des boîtes à livres d'Eysines était donc terminé mais, après ô combien de rebondissements en chemin (enfin, des rebondissements certes assez modestes), cette mission était bel et bien accomplie. Le bilan ? Certaines de ces boîtes à livres sont tout simplement exceptionnelles : les bibliothèques en forme de tramway et de camionnette sont des incontournables, et la cabane de lecture quatre saisons du bois Gramond est particulièrement splendide. D'autres, en revanche, mériteraient un petit coup de neuf (du côté de la résidence les Cottages, par exemple). Et, bien sûr, embarquer sur un tel itinéraire est aussi synonyme d'autres choses à voir sur le parcours : un joli marché du dimanche matin, la belle sculpture d'Ibai Hernandorena sur la place Florale, une partie haletante de baseball, puis la découverte du méconnu parc du Limancet... autant de découvertes en chemin tout simplement parce que j'étais à la recherche de quelques bibliothèques faites main !

Avis donc aux habitants d'Eysines (et d'ailleurs), sortez et profitez de ces curiosités, et chapeau aux équipes municipales qui ont conçu et fabriqué ces boîtes à livres on ne peut plus insolites. Bravo à eux ! 
 

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Dans les quartiers nord de Bordeaux, près de l'endroit où la cité des Aubiers a été construite dans les années 1970, trois éléments du p...

Le pont, le terrain vague et le toboggan : le visage évolutif des quartiers nord de Bordeaux


Dans les quartiers nord de Bordeaux, près de l'endroit où la cité des Aubiers a été construite dans les années 1970, trois éléments du paysage montrent à quel point la ville a évolué et continue d'évoluer, mais démontrent également que certaines solutions temporaires s'avèrent bien plus durables que prévu. C'est l'histoire d'un pont, d'un terrain vague et d'un toboggan (ou autopont), correspondant aux trois zones identifiées dans la photo aérienne ci-dessus, datant de 1984.
 

Le pont

Le pont en question est le pont de Cracovie. Ce pont a été ouvert en 1967 pour faire face à un afflux de trafic entrant dans Bordeaux par le nord, suite à la mise en place du tout nouveau Pont d'Aquitaine permettant de traverser la Garonne depuis Lormont, connectant ainsi le trafic routier arrivant de l'autoroute A10 aux premiers tronçons de la Rocade.

S'il était fort logique de créer cette voie d'accès à Bordeaux, il y avait un obstacle à franchir : une ligne ferroviaire de fret qui permettait de relier le quartier portuaire des bassins à flot à la gare Saint-Jean, au sud de la ville. Pour passer d'un côté à l'autre, un pont routier sans prétention a donc été livré : voici donc venir le pont de Cracovie..

L'arrêt de tram Cracovie se trouve là où se situait jadis le pont.

Enfin, un pont, c'est bien, mais s'il était synonyme d'accessibilité pour les uns, il est devenu une barrière physique pour les autres. Pour les premiers habitants de la cité des Aubiers, le pont a ajouté au sentiment d'isolement avant que d'autres projets immobiliers ne prennent forme aux alentours. Ils étaient physiquement coupés du reste de la ville, desservis par une seule ligne de bus. Si on avait le malheur de rater le dernier bus pour rentrer chez soi, il n'y avait pas d'autre alternative que de passer sous le pont à pied, en traversant la voie ferrée, et de s'aventurer dans un environnement dangereux et inhospitalier. 

 

Le pont a finalement été démoli en 2006 pour faire place aux rails du nouveau réseau de tramway, qui a été installé au niveau du sol, l'utilisation de la ligne ferroviaire de fret ayant cessé dans l'intervalle. L'arrêt de tramway qui en résulte a été baptisé « Cracovie ». La chute du pont a été une révélation pour certains. Dans une vidéo qui retrace l'histoire du domaine des Aubiers, un témoin définit le pont comme « une frontière… Dès qu’on a cassé le pont, comme par hasard il y avait Bruges comme si c’était chez nous, à côté, ou le Grand Parc, alors que le pont, c’était bizarre, le pont posait des problèmes. « Laisse tomber, c’est loin Bruges », alors que c’est à côté ! Le pont nous a marqués. »


La démolition du pont en 2006. Cette photo ainsi que la première du pont tirée d'une vidéo Bordeaux Ma Ville sur Dailymotion.

Ces clichés aériens (à retrouver sur le site IGN Remonter Le Temps) datent de 1961, 1965, 1976 et 2012. Le pont de Cracovie est visible sur la photo de 1965, mais n'était pas encore en service. La cité des Aubiers est visible sur la photo des années 1970. Sur la photo de 2012, le pont a fait place au réseau de tramway. Voir aussi la compilation vidéo de ces photos et d'autres à la fin de l'article !

Le terrain vague


Les habitants des Aubiers étaient également enfermés par les vastes voies de garage qui s'étendaient le long de leurs bâtiments. Des photos aériennes montrent que ces rails ont été définitivement retirés vers 2010, mais rien n'a immédiatement pris leur place sur ce terrain qui comprend officiellement deux parcelles, l'une appartenant à Bordeaux Métropole, l'autre au Port de Bordeaux.
 

Ces dernières années, le terrain s'est progressivement transformé en un bidonville de migrants composé de logements de fortune construits par des Roms roumains et bulgares. Au début de l'année 2021, on estimait à jusqu'à 400 le nombre de personnes qui logeaient sur le site, et au fil du temps, la tension est montée entre les habitants du bidonville et leurs voisins des Aubiers. Selon divers récits cela serait principalement dû à la musique et aux nuisances sonores à toute heure, mais aussi à la fumée et aux odeurs causées par la combustion du revêtement plastique des fils électriques pour récupérer le cuivre..


À la fin de l'année 2021, le bidonville a été définitivement évacué suite à une série d'incendies résultant des tensions entre migrants et riverains. À l'heure où nous écrivons ces lignes, la quantité de débris qui subsiste sur le site demeure impressionnante : voitures et camions éventrées, caddies de supermarché, restes de caravanes, de meubles en plastique, etc. Mais il y a aussi un permis de construire annonçant ce qui va suivre, à savoir deux immeubles de bureaux et un parking. Ces nouveaux locaux devraient accueillir les bureaux de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie de la Gironde et une école du cirque. 


Le toboggan


À l'extrémité est de la future ancienne friche, l’on peut découvrir une structure qui ne figurera jamais sur une liste des incontournables touristiques à Bordeaux, et pourtant sa survie au fil des décennies mérite bien qu'on lui consacre quelques paragraphes sur le blog Invisible Bordeaux. Nous vous présentons l'autopont de Latule ! (Ou encore le VMD Latule, pour viaduc métallique démontable, pour les puristes !)
 

Il s'agit là encore d'un pur produit de l’expansion de Bordeaux vers le nord, et de la nécessité, au début des années 1970, de faciliter et fluidifier la circulation automobile depuis le centre de Bordeaux et ses boulevards vers la Rocade, ou encore les nouveaux complexes commerciaux, hôteliers et d'exposition du quartier Bordeaux-Lac. En ce point stratégique où  plusieurs grands axes se rejoignent, ce viaduc alors futuriste a ainsi été installé en 1973 (ouverture à la circulation le samedi 10 novembre 1973 selon Frederick Llorens dans son excellent ouvrage 'L'automobile à Bordeaux')... il aura donc bientôt 50 ans !
 

La structure métallique à voie unique mesure 254 mètres de long, 3,5 mètres de large et se compose de 13 travées dont les longueurs varient entre 12 et 30 mètres. Conçu à l'origine pour une utilisation de courte durée, il doit faire l'objet de travaux d'entretien réguliers, ce qui lui vaut une bonne visibilité dans les infos trafic, car les fermetures entraînent d'importants ralentissements (et affectent par ricochet les plans de voyage des passagers des 13 000 voitures qui l'empruntent chaque jour). L'autopont a en outre été entièrement restauré à deux reprises, en 1984 et 1996.

Mais le plus remarquable est sans doute que le viaduc soit toujours en place et reste fidèle au poste. Il a été question de transformer le carrefour en un gigantesque giratoire, ou encore de détourner entièrement le trafic automobile pour libérer l'espace, qui serait alors dévolu aux piétons et aux cyclistes. Mais il est toujours là, un ovni rouge bordeaux dans le paysage bordelais, comme s'il devait se trouver dans une grande métropole américaine, vestige d'une époque révolue mais pas si lointaine où les choix d'infrastructures urbaines étaient entièrement centrés sur la voiture. Compte tenu du climat actuel et de la montée en puissance de moyens de transport urbains alternatifs, parlera-t-on encore de l’autopont de Latule dans 50 ans ?  

Et maintenant, place à une vidéo "timelapse" qui démontre combien le secteur a évolué depuis 1924 !

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> Localiser sur la carte Invisible Bordeaux map : site of former Pont de Cracovie, Cracovie wasteland, Latule flyover.

> This article is also available in English!

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Le podcast Invisible Bordeaux change de cap en devenant... Invisible Bordeaux Music ! Le podcast se focalisera donc dès à présent sur la sc...

Podcast Invisible Bordeaux Music : Musical Écran / Richard Berthou


Le podcast Invisible Bordeaux change de cap en devenant... Invisible Bordeaux Music ! Le podcast se focalisera donc dès à présent sur la scène musicale bordelaise. Artistes confirmés, vedettes en devenir, groupes underground, labels, associations, salles de concert, magasins de disques, tous auront leur place au fil des mois ! 

Le premier épisode du podcast nouvelle génération met à l'honneur Richard Berthou, figure incontournable de l’association Bordeaux Rock et programmateur du festival de documentaires musicaux ⁠Musical Écran⁠, dont la 10e édition se tient du 5 au 15 novembre 2024 à Bordeaux au Théâtre Molière, au Cinéma Mégarama, aux Avants-Postes et à la Cour Mably, ainsi que du côté de Bègles, au cinéma La Lanterne.

Ensemble nous évoquons le format du festival ainsi que la programmation 2024, en s'attardant notamment sur la venue du réalisateur Mark Kidel, et ce à quoi s'attendre des documentaires sur ⁠Blur⁠, ⁠Tricky⁠, et ⁠Robert Wyatt⁠, sans oublier ⁠Googoosh⁠, ⁠les Hard-Ons⁠ ou ⁠Ravi Shankar⁠... et le bouquet final du mythique Stop Making Sense des ⁠⁠Talking Heads⁠.

Nous revenons également sur les temps forts des éditions précédentes avant d'évoquer la suite de l'aventure...

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