Sur presque toutes les rues de Bordeaux on peut observer de fausses fenêtres ou des fenêtres condamnées qui ajoutent un côté mystérieux a...

Les fenêtres condamnées de Bordeaux

Sur presque toutes les rues de Bordeaux on peut observer de fausses fenêtres ou des fenêtres condamnées qui ajoutent un côté mystérieux aux immeubles. Quelle en est l'explication ?  

Le sujet a été brièvement évoqué lors d'un récent dossier sur le blog : dans la plupart des cas ces fenêtres ont été condamnées au cours du 19e siècle afin de payer moins d'impôt sur les fenêtres, forme de taxation qui remonte jusqu'à l'époque de l'empire romain et appliquée en France entre 1798
Rue Croix-de-Seguey.
et 1926. Ce système servait ainsi de moyen de calcul plus simple que d'avoir à mesurer la surface des biens immobiliers.

Bien que ce soit la principale raison pour laquelle tant de fenêtres ont disparu, il peut y en avoir d'autres : dans certains cas, les propriétaires peuvent avoir ajouté des motifs en forme de trompe l'œil pour donner de la cohérence et / ou de la symétrie à une façade, ou pour rythmer visuellement un espace vide et monotone. Enfin, certains ont peut-être simplement choisi de bloquer leurs fenêtres pour des raisons structurelles ou parce qu'il y avait trop de lumière du jour dans leurs pièces !

Dans de nombreux cas, des fenêtres fantômes de ce type peuvent être repérées sur des bâtiments situés à des angles de rues ; évidemment, l'exercice est plus simple et logique lorsqu'on possède deux façades. C'est le cas des immeubles en photo ci-dessous sur la rue Commandant-Arnould (également en vedette dans la photo principale de cet article) et la rue Barennes. Dans les deux cas, l'alignement des briques et l'aspect lisse laissent à supposer qu'il s'agit de fenêtres en trompe l'œil.


Les grands bâtiments en photo ci-dessous, sur les rues du Serpolet, du Chai-des-Farines et Ducau, comptent de nombreuses fenêtres fantômes. La résidence de la rue Ducau à droite se présente presque comme un jeu de Tetris en cours, les fenêtres condamnées remplaçant progressivement les vraies de bas en haut !
 

Ce charmant bâtiment, à l'angle de la rue du Hâ et de la rue des Étuves, comprend même des publicités peintes à la main (dont le nom en anglais est "ghostsigns", un sujet récurrent sur le blog Invisible Bordeaux !). À l'étage inférieur, la présence d'une fenêtre d'angle laisse supposer qu'il y a peut-être aussi eu des fenêtres similaires sur les niveaux supérieurs dans une vie antérieure.


Le scénario ci-dessous est un grand classique, en particulier lorsque les bâtiments concernés ne se situent pas en angle de rue : des rangées complètes de fenêtres manquent tout simplement à l'appel ! Ces photos ont été prises sur le cours Pasteur et la rue des Bahutiers.


Le phénomène n'est en aucun cas limité aux grands immeubles du centre-ville. Les maisons bourgeoises dans les quartiers résidentiels sont également à court de quelques fenêtres, comme on peut le voir ici rue Rochambeau, rue des Deux-Ormeaux et cours Marc-Nouaux. Dans chaque cas,  de nombreuses fenêtres (et même une grande porte en forme d'arche) ont soit disparu, soit n'ont jamais existé !


Des maisons particulières plus modestes ne sont pas en reste, comme ici sur la rue Henri-Matisse (où pas moins de trois des six fenêtres du premier étage ont été a priori condamnées) et la rue de l'Arsenal.


Pendant ce temps, à l'autre bout de l'échelle du petit monde bordelais, le château Pape-Clément, à Pessac, possède également ses propres fenêtres condamnées !


Dans certains cas, ces mystérieuses fenêtres ont été modifiées pour devenir de véritables trompe-l'œil. C'est le cas par exemple sur la rue Mandron, où les fenêtres de la rangée à gauche de l'image ci-dessous sont d'authentiques illusions d'optique, les fausses fenêtres ayant été peintes de manière convaincante pour ressembler à des vraies !
 

Ailleurs, comme ici rue Ravez, d'importants efforts ont été faits par le passé pour dissimuler et embellir les fausses fenêtres en y ajoutant des stores extérieurs. Par contre, ces stores ont connu des jours meilleurs...


Mais voici, ci-dessous, une des utilisations les plus originales d'une fenêtre fantôme, à voir sur la rue d'Arcachon. Un panneau apposé sur la fenêtre présente, de manière tout à fait appropriée, une interprétation de la "Figura en una finestra" de Salvador Dalí. La copie est signée "B. Bodin d'après Dalí".
 

À vous désormais de partir à la recherche de vos propres fenêtres fantômes et de décider pourquoi elles sont là. Et vous verrez qu'une fois que l'on commence à les repérer, on en voit dans tous les quartiers et de tous les côtés!


1 commentaire:

  1. Bonjour, effectivement, il y en a partout, par exemple en mangeant a un restaurant en terrasse, je me suis aperçu que l'immeuble en face à l'angle de la place Gambetta, devant la Porte Dijeaux, pur XVIIIéme comme tous ceux autour, est également pourvu de fausse fenêtres au dessus de la bijouterie.

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