Un guide des vins qui sort de l’ordinaire est paru cette année : « La Carte des vins s’il vous plaît ». Ce guide, qui a la particularité...

À la découverte de « La Carte des vins s’il vous plaît »


Un guide des vins qui sort de l’ordinaire est paru cette année : « La Carte des vins s’il vous plaît ». Ce guide, qui a la particularité de tenir sur une page et mêle infographies, anecdotes et astuces, est l’œuvre de Jules Gaubert-Turpin et Adrien Grant Smith Bianchi. J’ai pris rendez-vous avec Jules pour en savoir plus sur cette réalisation (autour d’un verre de vin).

Quelle est ta définition de la Carte des Vins s’il vous plaît ?

C’est une carte dépliante qui regroupe des infographies pour parler d’un vignoble et comprendre visuellement comment il fonctionne : quels sont les cépages qui sont plantés, quelles sont les proportions des différents types de vins, etc. Nous avons cherché à relever le défi de parler du vin - qui est quelque chose d’un peu élitiste - de façon assez simple. Nous pensons que parfois la compréhension passe le mieux par un schéma, des courbes ou une frise chronologique.

Il y a un côté pile et un côté face…

Au cœur du côté pile sont les infographies qui gravitent autour d’une mini carte du bordelais, et au dos figure une grande carte du vignoble avec toutes les appellations, les lieux touristiques ou encore les musées du vin, pour aider le lecteur à visiter la région. 

Détails de la carte, côtés pile et face.
Quelle est l’origine de cette idée ?

C’est parti de notre curiosité pour le monde du vin et de la gastronomie, et on s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup de guides mais rien de très esthétique et d’assez simple pour des gens qui n’ont pas le temps de lire un livre. Nous avons voulu également faire un projet « vitrine » pour notre atelier de graphisme spécialisé dans la promotion des produits du terroir, l’Atelier Plum. Mon collègue Adrien a assuré l’esthétique et les illustrations et j’ai rédigé les textes. Au départ ce n’était qu’un concept mais au vu des réactions de notre entourage on a choisi d’étudier la faisabilité et l’avons réalisé. Nous l’avons lancé en mai 2015 avec une version française et une version anglaise (dont la traduction a été assurée par des amies à Londres et New York), et on en a tiré en tout 6 000 exemplaires en quatre mois. Le but aujourd’hui est d’en faire une vraie marque, d’en faire une collection et d’installer le format pour en faire un genre de « Guide du Routard » des vignobles. À terme on aimerait couvrir bien sûr tous les grands vignobles français mais également l’Italie, l’Autriche, la Hongrie, l’Espagne, le Chili, le Brésil, la Syrie !...

Le ton de la carte est particulier, comment le définis-tu ?

Le ton est familier, impertinent, un peu provoc’ mais gentil !… C’est de l’humour tout en retenue. Le but est que ce ton devienne une constante. On essaie de trouver la bonne dose entre l’information et la petite pointe d’ironie.

Jules Gaubert-Turpin, deux verres de vin, un panier de pain, un carnet Moleskine et des exemplaires de la Carte. Hors-champ : une assiette de charcuterie.
Qu’as-tu appris toi-même en préparant la carte des vins de Bordeaux ?

D’abord qu’il n’est pas simple de simplifier les informations ! Il y a 600 vignerons qui font 600 vins différents à Bordeaux, donc une infographie ne peut pas s’attarder sur les 600. Ensuite on a pu se rendre compte de la puissance des vins de Bordeaux en termes de volumes, avec quelque 900 millions de bouteilles écoulées tous les ans. Enfin, on a découvert le faible niveau de connaissance du vin qu’ont les Bordelais. Posez la question dans la rue Sainte-Catherine, « qu’est-ce qu’un cépage ? » Beaucoup ne sauront pas y répondre. Et on se compte là-dedans, on s’est vite rendu compte qu’on n’y connaissait pas grand-chose !

Quels sont vos plus grands « coups » commerciaux ou médiatiques depuis le lancement ?

Nous gardons un excellent souvenir de la soirée de lancement dans un restaurant tenu par des amis, Belle Campagne. C’était un grand moment avec les gens qui ont suivi le projet depuis le début. Depuis nous avons noué des liens intéressants avec les établissements AccorHotels qui ont beaucoup aimé le produit ; une quinzaine d’hôtels ont offert la carte à leurs clients tout cet été. Quant aux médias, nous avons été couverts par Sud Ouest et le site internet de France 3, bien que l’interview pour Invisible Bordeaux représente un nouveau sommet !

Le mode d'emploi très #vintage.
Qui sont les lecteurs / utilisateurs de la Carte ?

Au départ on ciblait les jeunes ou les personnes qui y connaissaient peu. Or, il s'avère que notre public est plutôt celui des touristes qui visitent le vignoble et cherchent un souvenir utile ou un cadeau pour des amis. Cela rentre facilement dans la valise !

Quelle sera la deuxième édition de cette collection naissante ?

Ce sera sur le vignoble d’Alsace, et on vise une publication avant Noël 2015. Nous revenons d’un voyage là-bas pour préparer les contenus, et j’ai l’intention de m’y installer quelques mois pour faire la promotion, rencontrer des journalistes, des cavistes, des vignerons, les personnes qui pourront nous aider à distribuer la Carte. On aimerait reproduire ce modèle pour d’autres éditions et être sur place avant et après, afin de s’approprier les environs et faire cela de A à Z.

En dehors de la Carte des Vins, quels autres projets sont actuellement en cours ?

Nous faisons tout pour que notre agence devienne une véritable « start-up du terroir et du tourisme » et concevoir des applications et des sites internet, ou contribuer à des lancements, des guides, des calendriers, etc. J’ai récemment réalisé un documentaire de 47 minutes sur les vins brésiliens qui a été diffusé à Rio de Janeiro dans le cadre du Rio Wine & Food Festival. J’ai l’intention de continuer à le présenter dans des caves, des écoles ou autres pour montrer comment cela se passe là-bas. Mon ambition très sérieuse est de devenir un ambassadeur des vins brésiliens en France et le film est un outil de promotion intéressant.

Pour finir, si tu pouvais boire un verre de n’importe quel vin, lequel choisirais-tu ?

De ceux que j’ai déjà goûtés, un vin qui m’a marqué est un Gewurztraminer du vigneron Paul Buecher, une vendange tardive qu’on a goûté un matin en Alsace. Un que j’aimerais goûter est le Pouilly-Fumé de Bourgogne d’Alexandre Bain, qui a perdu son AOC Pouilly-Fumé car il emploie des techniques de production biodynamiques. Ce vin est, paraît-il, extraordinaire. 


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